A la mi-journée, vendredi, le président et le Premier ministre centrafricains, Michel Djotodia et Nicolas Tiengaye, ont annoncé leur démission. Ils ont été poussés vers la sortie par les dirigeants d'Afrique centrale, réunis en sommet à N'Djamena pour trouver une sortie de crise.
L’avenir de la Centrafrique se joue-t-il enfin à N’Djamena ? En effet, convoqué par le Tchad, le sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale CEEAC consacré à la tragédie centrafricaine, entend aboutir à des initiatives et décisions "musclées" en vue d’une sortie de crise en RCA.
Le temps est venu d’aider le pays de Boganda à faire l’économie de cette montée irrésistible de l’inhumanité. La RCA est un pays moralement et spirituellement atteint, livrée aux forces de la déshumanisation et de la mort. Le régime Djotodia n’a pas réussi à se doter de solides fondations politiques.
A l’heure actuelle, à Bangui, la sécurité, la stabilité et la paix restent introuvables, tellement la graine du soupçon a été semée entre Centrafricains. Et, l’on ne le dira jamais assez, le pouvoir de Djotodia s’est révélé incapable de remplir la moindre fonction unificatrice. Avec un manque étonnant de sens politique, l’incompétence de l’équipe Djotodia a fini par troubler toute vision exacte de la situation centrafricaine.
"Un fardeau trop lourd"
Certes, un régime nouveau est toujours impatient d’affirmer son autorité en détruisant les fondements du régime ancien. Malheureusement, le régime Djotodia n’a pas réussi à se doter de solides fondations politiques. Très vite, le pouvoir est apparu à Djotodia comme un fardeau trop lourd à porter, et dont il ne sait plus comment s’en débarrasser.
Et comme si cela ne suffisait pas, il opte pour la politique de la fuite en avant, en faisant porter la responsabilité des malheurs de la Centrafrique, à la France. Quelle honte ! Quel refus de s’assumer ! Rappelons que c’est la confusion entre pouvoir civil et pouvoir militaire, entretenue par Djotodia, qui a plongé le pays dans une guerre fratricide, réveillant les instincts primaires enfouis dans les Centrafricains.
Le sommet de N’Djamena doit permettre à la RCA de renouer avec une parole politique pleine et entière. Mais si la RCA veut sortir de sa triste situation et sentir de nouveau la terre sous ses pieds, il faut que le pays se dote rapidement d’un nouvel exécutif, à l’issue "d’une conférence nationale".
Ouvrir une nouvelle page
Ainsi, un duo de personnalités éminentes, islamo-chrétiennes, pourrait bel et bien piloter cette conférence, et ouvrir une nouvelle page de la transition centrafricaine. Il s’agit avant tout, à l’heure actuelle, de rétablir l’unité vivante du peuple centrafricain. Evidemment, le vrai problème reste, à long terme, l’organisation démocratique de la vie politique en RCA.
En attendant, le sommet extraordinaire de N’Djamena, au-delà de la question du départ ou non des autorités de la transition, doit permettre à la RCA de renouer avec une parole politique pleine et entière. Dans cette perspective, il aurait fallu que ce sommet se tînt à Bangui et non à N’Djamena.
En effet, il faut craindre que certains pyromanes n’excitent encore davantage l’animosité des Centrafricains contre les Tchadiens vivant en RCA. Quoiqu’il en soit, pour la RCA, l’heure n’est plus du tout à la politique de dupes.