A Paris, un lycée privé accusé de dérives sectaires sera inspectéLe Monde.fr avec AFP | 16.04.2014 à 18h58 • Mis à jour le 16.04.2014 à 21h03
Le groupe scolaire Gerson, un établissement catholique privé du 16e arrondissement de la capitale, accusé de dérives intégristes, sera soumis à une inspection, a fait savoir le ministère de l'éducation mardi 15 avril. La Mairie de Paris a réclamé l'ouverture d'une enquête administrative, dénonçant « une guerre idéologique d'un autre temps » imposée aux élèves de ce groupe scolaire.
Des représentants de l'association Alliance Vita, proche de la Manif pour tous, auraient qualifié de « semi-meurtrières » les jeunes filles ayant recours à la pilule du lendemain et assimilé l'avortement à un « homicide volontaire » pendant une intervention en classe sur la contraception, selon des élèves.
Alliance Vita, créée par Christine Boutin, a démenti avoir tenu ces propos, dénonçant « le mensonge, la calomnie et le procédé lâche visant à salir son image et à jeter le discrédit sur son travail ».
Dans un communiqué, l'association se justifie et annonce qu'elle va porter plainte pour « diffamation » :
« Alliance Vita est régulièrement invitée à intervenir, officiellement et au su de tous, dans les écoles, sur les sujets concernant la bioéthique, grossesse et la naissance. »
« LE HARCÈLEMENT (...) PREND TOUTES LES FORMES »
Selon un parent d'élève interrogé par l'Agence France-presse, plusieurs associations « proches de l'Opus Dei » ont été invitées à intervenir dans cet établissement, sans que les parents en soient informés. « Clairement, on veut faire de cette école un établissement Opus Dei et faire partir ceux qui s'y opposeraient », selon le syndicat de l'enseignement catholique FEP-CFDT. « On ne veut pas d'enfants non baptisés, ni d'enfants issus de familles recomposées, de parents séparés ou de familles monoparentales, ni de juifs », a ajouté Valérie Ginet, secrétaire générale du syndicat.
Selon le FEP-CFDT, plusieurs professeurs et personnels de l'administration se sont également plaints de harcèlement, une vingtaine ayant demandé leur mutation. « J'ai préféré quitter mon poste pour ne plus subir les pressions. Le harcèlement dans l'établissement prend toutes les formes : appels toutes les deux heures pour savoir où on est, insultes, chantage », a témoigné à l'AFP une ancienne employée de l'établissement.
L'Opus Dei affirme pour sa part ne s'être « jamais occupé de ce que fait cet établissement » :
« Deux membres de ce lycée sont effectivement membres de l'Opus Dei et ne s'en sont jamais cachés. Nous n'y mettons pas les pieds en tant qu'institution d'Eglise. Nous démentons donc formellement vouloir ' en faire un établissement Opus Dei' et nous n'y avons aucune influence ».
« Ce type d'engagement privé n'interfère pas en quoi que ce soit dans le projet éducatif et dans l'enseignement dispensé dans notre établissement », a confirmé dans un communiqué le chef d'établissement, M. Philippe Person.