Syrie. De jeunes Bretons dans l'enfer d'un pays en guerre : que va faire la France ?22 avril 2014 à 11h55/
Un jeune Vannetais qui combattrait en Syrie et considéré comme l'un des plus dangereux jihadistes européens. Une maman rennaise qui n'a pas revu depuis 2011 ses trois enfants emmenés dans le nord du pays à feu et à sang par leur père syrien. Et tant d'autres cas dramatiques où le destin de familles françaises a croisé celui d'une terrible guerre civile qui paraissait si lointaine... Que faire pour empêcher ces départs ? Ce mercredi, le gouvernement va plancher sur des mesures préventives. "La France prendra toutes les mesures pour dissuader, empêcher, punir ceux qui seraient tentés" par le jihad assure François Hollande. Mais déjà, des initiatives sont prises. Comme à Rennes, où des bénévoles proposent leur aide aux parents comme aux ados tentés par la radicalisation.
"Viens nous retrouver et vivre avec nous à Hamah comme avant, ou tu ne les reverras plus" : installée chez sa mère à Rennes, Delphine n'a qu'une idée en tête, trouver le moyen de retourner en Syrie retrouver ses enfants, retenus dans une zone du pays en proie aux combats par son ex-mari.
"Je préfère mourir avec mes enfants en terre musulmane"
La jeune Française raconte au Progrès son combat pour François, 6 ans, Majed, 11 ans, et Hélène, 13 ans. Toute jeune, elle épouse un Syrien. Ils s'installent à Hamah. Pas question de sortir de la maison, d'étudier ou de travailler, port de la burqa... Delphine convainc son mari de venir vivre en Bretagne. "Mais à Rennes, son comportement n'a pas changé", explique la jeune femme au quotidien lyonnais. C'est le divorce. Delphine obtient la garde des enfants, le père un droit de visite. Et puis, l'été 2011, un bref séjour de ses petits en Syrie avec leur père se transforme en voyage sans retour. "Je préfère mourir avec mes enfants en terre musulmane plutôt que de les laisser vivre avec une mécréante comme toi".
"Kidnappés dans un pays en guerre et il n'y a pas de solution"
Delphine part pour Hamah. La justice lui accorde la garde des enfants, mais impossible de les localiser. Ils seraient cachés par son ex-belle famille, se désole la maman qui a dû rentrer, seule, en Bretagne.
"Je suis française, mes enfants sont français. Ils sont kidnappés dans un pays en guerre et il n'y a pas de solution" dénonce Delphine dans Le Progrès.
"Qu'Assia soit considérée comme une otage française"
Un témoignage qui rejoint celui d'une autre jeune femme, la maman d'Assia, une petite Française tout juste âgée de deux ans. Le père, un Tunisien qui se serait radicalisé après un pèlerinage à La Mecque, aurait rejoint un groupe islamiste en Syrien, prêt à y "mourir en martyre avec sa fille". Sur les ondes, sa mère dénonce depuis des semaines ces intégristes qui ont endoctriné son ex-époux mais aussi l'attitude des autorités françaises. Et demande que sa fillette soit considérée comme une otage française au même titre des journalistes ou d'autres adultes kidnappés dans le pays en proie à la guerre civile.
Ces Français partis faire le jihad
De jeunes enfants plongés dans l'enfer d'un pays à feu et à sang qui croiseront peut-être le chemin d'autres jeunes Français. Adolescents ou adultes qui, eux, ont fui l'hexagone pour aller "faire le jihad" en Syrie ou ailleurs. On se souvient de Gilles Le Guen, un jihadiste d'origine nantaise arrêté il y a un an au Mali.
Plus près de nous, les Bretons découvraient il y a quelques semaines que David, 24 ans, serait devenu "l'un des jihadistes européens les plus dangereux et les plus influents". Le jeune homme, après avoir grandi dans le quartier vannetais de Ménirmur, aurait rejoint al Qaïda il y a quatre ans et combattrait aujourd'hui en Syrie.
Que faire pour éviter le départ d'autres Assia, d'autres David ?
Combien d'autres David ? Combien d'autres Assia ? Depuis le début du conflit en Syrie, quelque 700 Français auraient rejoint les rebelles.
Que faire pour empêcher de jeunes adultes, parfois mineurs, de partir "faire le jihad" à l'étranger ? Comment éviter que d'autres enfants soient soustraits à leur mère pour vivre cachés dans des zones en proie aux combats ? "La France prendra toutes les mesures pour dissuader, empêcher, punir ceux qui seraient tentés" par le jihad assure le chef de l'Etat.
"C'est la mort qui les attend de l'autre côté de la frontière syrienne"
Ce mercredi, Bernard Cazeneuve doit présenter en Conseil des ministres une série de mesures pour tenter d'endiguer le phénomène. Le ministre de l'Intérieur pourrait proposer le rétablissement de l'autorisation de sortie du territoire pour les mineurs.
Mais aussi s'attaquer au problème via l'un de ses puissants vecteurs, internet.
Le Parisien cite un membre du renseignement pour qui "la première des préventions consiste à déconstruire l'aspect romantique du message jihadiste tel qu'il est diffusé, pour faire comprendre que c'est la mort qui les attend de l'autre côté de la frontière syrienne".
Des bénévoles mobilisés à Rennes
Déjà, des initiatives ont été prises. L'anthropologue Donia Bouzar a lancé des centres de prévention contre les dérives sectaires liées à à l'islam, explique le quotidien. A Rennes, par exemple, travailleurs sociaux et psychologues aident les parents à détecter les signes précurseurs et proposent un accompagnement aux jeunes tentés par la radicalisation.