AFP 14-07-2014 - 18:38
Incidents près d'une synagogue: les préfets appelés à "redoubler de vigilance"
Le ministre de l'Intérieur a demandé lundi aux préfets de "redoubler de vigilance" et d'interdire les manifestations en cas de "risques avérés de troubles à l'ordre public", au lendemain de "débordements intolérables" à Paris près d'une synagogue à l'issue d'un cortège pro-palestinien.
"Des instructions ont déjà été données aux préfets leur demandant de redoubler de vigilance. Chaque fois que des risques avérés de troubles à l'ordre public ou d'affrontements seront signalés (...) je leur ai demandé d'interdire ces manifestations", a déclaré Bernard Cazeneuve à la presse après une rencontre au ministère de l'Intérieur avec les organisations juives de France.
Dimanche en fin d'après-midi, après une marche pro-palestinienne, certains manifestants se sont rendus à proximité de deux synagogues parisiennes. Des CRS ont dû intervenir pour les repousser et mettre fin à un début d'échauffourée avec des membres de la communauté juive devant la synagogue de la Roquette.
Selon la police, deux membres de la communauté juive ont été légèrement blessés, ainsi que six membres des forces de l'ordre.
"Ces débordements intolérables", d'après le ministre, sont le fait d'une "poignée d'individus". "Il n'en est pas moins insupportable que des échauffourées aient lieu aux abords de lieux de culte, ni qu'elles visent des Français en raison de leur confession".
Pour la maire de Paris Anne Hidalgo, également présente à cette réunion, ces événements ne sont "pas anodins" et "pas tolérables dans notre pays, dans notre ville".
"Nous avons franchi un nouveau cap hier avec ces violences", a estimé, à l'issue de la réunion, le président du Consistoire central de France Joël Mergui. "Où vit-on quand on est obligé de maintenir 200 personnes dans une synagogue par crainte de représailles?", a-t-il ajouté, évoquant une "instrumentalisation du conflit" israélo-palestinien.
Pour la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), ces incidents sont "insupportables" et "inacceptables". "Chacun est libre dans notre pays d'avoir la lecture qu'il souhaite des événements qui endeuillent le Proche-Orient. Mais nul n'a le droit de hurler des slogans racistes et antisémites, de mener des expéditions punitives et d'attiser la haine".
Dans un communiqué, l'Union des mosquées de France (UMF) réaffirme que "rien ne saurait justifier une action qui porterait atteinte à nos concitoyens juifs, à leurs institutions ou à leurs lieux de culte". "Une telle action, fermement condamnable et moralement injuste et inacceptable, nuirait également aux intérêts du peuple palestinien et au soutien qu'il pourrait avoir dans l'opinion publique française", ajoute-t-elle.