AFP 31-08-2014 - 20:24
Un recruteur pour le jihad en Syrie arrêté samedi à Nice
Un homme de 22 ans d'origine tchétchène, soupçonné de recruter pour le jihad en Syrie et d'avoir notamment payé en liquide le billet d'avion d'une jeune fille de 16 ans à destination de la Turquie, a été arrêté samedi à l'aéroport de Nice.
L'individu, déjà connu des services de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a été placé en garde à vue, a annoncé dimanche le ministère de l'Intérieur.
L'adolescente s'apprêtait à prendre un vol pour la Turquie avec le projet de se rendre en Syrie, selon un communiqué de Bernard Cazeneuve. Elle a été placée dimanche en début d'après-midi en garde à vue, a précisé une source judiciaire.
Les effectifs de la Police aux frontières (PAF) avaient été alertés par la compagnie aérienne Turkish Airlines de l'achat d'un billet d'avion samedi à Nice par la jeune fille, escortée par une femme voilée.
Peu convaincus par les déclarations de l'adolescente, qui disait vouloir rendre visite à Istanbul à sa grand-mère, les policiers de la PAF ont avisé la DGSI.
Contacté par les enquêteurs, le père de la jeune fille a dit ignorer les intentions de sa fille et précisé ne pas avoir de famille en Turquie. "Les parents de la jeune fille, qui habite Nice, ont fait part de leur totale surprise", a affirmé à l'AFP une source proche du dossier.
Comme le prévoit le plan gouvernemental anti-jihad, "le père a fait opposition à la sortie du territoire français de sa fille", a indiqué à l'AFP une autre source proche du dossier.
- Plan gouvernemental anti-jihad -
Les investigations ont ensuite permis à la brigade anti-criminalité de la Direction départementale de la sécurité publique des Alpes-Maritimes d'interpeller samedi soir l'homme soupçonné d'avoir payé le billet d'avion de la jeune fille. Il réside en France, selon une source proche du dossier.
Le ministre de l'Intérieur s'est félicité de l'arrestation de ce "présumé recruteur et passeur, dont le rôle reste à préciser mais qui devra s'expliquer devant ses juges".
L'enquête est conduite par le parquet antiterroriste de Paris.
Les autorités françaises s'inquiètent du phénomène des départs vers la Syrie et, lors du retour en Europe, de risques d'attentats de la part des candidats au jihad les plus radicalisés.
Plus de 900 personnes seraient concernées, un chiffre englobant ceux qui sont déjà partis sur le théâtre des opérations, ceux en transit et ceux dont les services de renseignement ont la conviction qu'ils projettent d'y aller.
Vendredi, c'est une adolescente de 14 ans -interpellée à Quimper (Finistère)- qui a été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire, soupçonnée elle aussi d'avoir voulu se rendre en Syrie, dans le cadre d'une enquête impliquant au moins deux autres mineures.
Bernard Cazeneuve a présenté en avril un plan gouvernemental de lutte anti-jihad, avec la mise en place d'un numéro vert mis à la disposition des familles et proches de jeunes radicalisés pour faire part de leurs soupçons aux services de police ou les prévenir d'un départ imminent vers la Syrie.
La plateforme d'écoute a reçu depuis fin avril près de 300 signalements, dont 25% concernaient des mineurs et 45% des femmes ou des jeunes filles.