AFP 23-09-2014 - 10:53
Climat: les dirigeants du monde entier en sommet à l'ONU
Les dirigeants du monde entier se réunissent mardi à New York pour un sommet de l'ONU sur le climat visant à donner un nouvel élan aux négociations internationales sur le réchauffement climatique.
Le président Barack Obama, dont la marge de manoeuvre est toutefois limitée en raison d'un Congrès réticent, le président français François Hollande et des dizaines de chefs d'Etat ou de gouvernement représentant plus de 120 pays, doivent s'exprimer à la barre de l'ONU pour tenter de galvaniser les énergies dans la perspective d'un grand accord international en 2015 à Paris.
"Il est maintenant temps d'agir" contre le changement climatique, a exhorté lundi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le secrétaire d'Etat américain John Kerry y voyant "le plus grave défi de notre planète".
Le sommet intervient deux jours après une mobilisation sans précédent dans plusieurs villes à travers le monde dont New York pour une "Marche pour le climat", qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes, célébrités et personnalités politiques.
"Il y a des endroits dans le monde où on s'entretue pour de l'eau à cause de la sécheresse", accentuée par le réchauffement, a souligné John Kerry lors d'une conférence à New York.
Son homologue français Laurent Fabius a salué les efforts entrepris par la Chine et les Etats-Unis, deux des plus gros pollueurs, mais a estimé qu'il fallait aider les pays en développement à réorienter leurs économies.
Le sommet n'est pas censé être une session de négociation, mais les participants devraient annoncer des engagements qui faciliteront un accord contraignant à la conférence internationale de Paris fin 2015.
D'ores et déjà, c'est la plus grande concentration de dirigeants mondiaux jamais réunie sur ce dossier, s'est-on réjoui à l'ONU.
L'objectif des négociations est de limiter à deux degrés Celsius le réchauffement par rapport à l'ère pré-industrielle. Or, selon les scientifiques, si les émissions de gaz à effet de serre se maintiennent à leur niveau actuel, la planète gagnera quatre à cinq degrés à la fin du siècle. L'accord scellé à Paris entrerait en vigueur en 2020.
"New York est une occasion unique de mesurer la volonté des uns et des autres d'agir sur le climat", expliquait avant le sommet la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres. Elle n'a pas dit s'attendre à ce que beaucoup de pays mettent sur la table des engagements chiffrés mais a souligné que tous les acteurs importants sont là : gouvernements, municipalités, entreprises, compagnies pétrolières, financiers, ONG...
- Supprimer le charbon -
L'attention se tournera vers les grands pays émergents, en premier lieu la Chine et l'Inde. Parmi les principaux pollueurs avec les Etats-Unis, Pékin et New Delhi rechignent à réduire leurs émissions pour ne pas ralentir leur croissance et insistent pour que les nations industrialisées paient la majeure partie de la facture.
Toutefois, la Chine n'a envoyé à New York qu'un vice-Premier ministre, Zhang Gaoli, et l'Inde son ministre de l'Environnement.
Mary Robinson, envoyée spéciale de l'ONU pour le changement climatique, a cependant fait valoir que Zhang Gaoli "est le troisième personnage de l'Etat et la plus haute autorité sur le changement climatique et le développement".
Pour Robert Orr, secrétaire général adjoint de l'ONU chargé de préparer le sommet, New York ne répètera pas les erreurs de Copenhague en 2009, où chefs d'Etat et de gouvernement n'avaient été sollicités qu'à la dernière minute.
Il s'est félicité de la présence massive des décideurs économiques qui "ont déjà lancé la course aux investissements" : on attend 250 chefs d'entreprises, dont de nombreuses françaises (Lafarge, Veolia, EDF).
L'ampleur de la participation a obligé l'ONU à prévoir trois sessions plénières parallèles. Le secrétaire général Ban Ki-moon résumera les résultats obtenus en fin d'après-midi, à charge ensuite pour les négociateurs de les intégrer dans leurs prochains rendez-vous, en décembre à Lima puis à Paris.
En marge du sommet, les initiatives se sont multipliées, telle la famille Rockefeller qui a annoncé lundi qu'elle renonçait à certains investissements dans les énergies fossiles.
Le fonds d'investissement des frères Rockefeller, géré par les descendants de John D. Rockefeller, pèse 840 millions de dollars. Il a indiqué qu'il allait se désengager de deux des formes les plus polluantes d'énergie, le charbon et les sables bitumineux.
Parmi les orateurs programmés mardi, l'acteur Leonardo DiCaprio, tout juste intronisé "messager de la paix" de l'ONU pour le climat, ainsi que l'actrice chinoise Li Bingbing et l'ancien vice-président américain Al Gore.
Selon une étude publiée lundi, supprimer d'ici à 2050 le charbon comme source d'énergie électrique contribuerait largement à limiter le réchauffement climatique.