>Société|Jean-Marc Ducos|19 septembre 2016, 7h00 | MAJ : 19 septembre 2016, 8h14|0
À la rentrée, les quatre-vingt-quinze enfants inscrits à l'école maternelle et élémentaire confessionnelle musulmane Al Badr ont dû trouver un nouvel établissement. L'école située au pied du quartier populaire de Bellefontaine, à Toulouse (Haute-Garonne), a été fermée sur décision de l'inspection académique.
« Elle ne respectait ni le droit de l'enfant à l'instruction, ni l'objet de l'instruction obligatoire », justifie l'administration dans une lettre envoyée aux parents d'élèves le 20 juillet. Ces derniers doivent se conformer à l'injonction sous peine « de six mois de prison et 7 500 € d'amende ».
Le directeur, l'imam Abdelfattah Rahhaoui, dénonce, lui, un « acharnement administratif sans aucun fondement ». « C'est de la pure persécution. Je veux juste qu'on respecte nos droits les plus élémentaires », indique celui qui a créé cette école en 2013 dans la zone sensible du Grand Mirail.
Personnalité controversée, cet imam, ingénieur de formation, a le verbe facile et le ton docte et était déjà à l'origine du lycée musulman de Toulouse. Plusieurs fois mis en cause, notamment pour un supposé défaut de permis de conduire qui lui avait valu une interpellation, il n'a toutefois jamais été condamné.
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«Je suis barbu et j'enseigne ma foi mais ça ne fait pas de moi un radicalisé»
« Oui, je suis religieux, oui je suis musulman, oui je suis barbu et j'enseigne ma foi, mais cela ne fait pas de moi pour autant un radicalisé. On confond tout dans ce pays », assure Abdelfattah Rahhaoui, qui insiste : « Tous ceux qui ont rejoint les rangs de Daech sont passés par l'école publique et jamais par une école religieuse. » « Ce sont ses prises de position qui agacent les autorités », prévient M
e François Benech, son avocat.
« Il ne s'agit en aucun cas d'une école clandestine mais d'une école privée hors contrat comme peuvent l'être des écoles juives, catholiques ou protestantes », précise l'avocat, qui a formé un recours gracieux pour faire lever cette fermeture. En vain. L'inspection académique maintient, elle, que « l'enseignement paraît très déficitaire dans tous les domaines en dehors de l'enseignement de l'arabe ».
Elle reproche aussi « un défaut de planification des apprentissages ». « La critique est mal fondée », rétorque l'avocat. L'école assure suivre les méthodes d'enseignement dites de Singapour, réputées pour leur excellence. Contactée, la préfecture de Haute-Garonne botte en touche, se contentant de répondre que « des investigations sont en cours ».
L'inspection académique a refusé récemment toute rencontre avec le directeur. Le Défenseur des droits devrait être saisi de l'affaire.