Pourquoi prier ?
Prier est une dimension essentielle de l’existence chrétienne
1. Suivre l’exemple de Jésus
Durant sa vie publique, Jésus avait deux activités principales : annoncer le Règne et l’Amour de Dieu, et guérir les malades. Pourtant, il s’arrêtait pour cette autre nécessité qui était de rencontrer son Père dont il se savait infiniment aimé. Il prenait des temps de solitude pour prier son Père, seul à seul, et répondre à son amour. Comme pour Jésus, l’oraison est essentielle à toute vie chrétienne.
De nos jours on entend dire : « Agir chrétiennement, c’est prier ; le temps consacré exclusivement à Dieu pour prier n’est donc pas nécessaire ». Il est vrai que plus on est uni à Jésus, plus l’action devient elle même prière, même si l’on ne pense pas explicitement à Dieu. Thérèse d’Avila a exulté le jour où elle a compris qu’on pouvait avoir son cœur profondément tourné vers Dieu, sans penser à Lui. L’action peut être prière, mais cela ne dispense en aucune manière de ce temps d’oraison où l’on débraie de l’activité pour être avec le Seigneur, gratuitement. C’est ce que Jésus faisait avec son Père, c’est ce que nous avons à faire, à sa suite.
Quand on lit l’Évangile, on voit Jésus prier en maintes circonstances : il va à la synagogue le jour du sabbat, il récite le shêma Israël, la prière du matin et du soir. Il monte à Jérusalem en pèlerinage. Il prie aussi dans des circonstances particulières, comme le note tout particulièrement St Luc : au moment de son baptême, pendant la Transfiguration. Il passe aussi la nuit à prier avant de choisir ses douze Apôtres.
Mais Il ne prie pas que dans les grandes circonstances. St Luc cite un verset qui est très éclairant :
« La nouvelle se répandait de plus en plus à son sujet et des foules nombreuses s’assemblaient pour l’entendre et se faire guérir de leurs maladies. Mais lui se tenait retiré dans les lieux déserts et priait. » (Luc chapitre 5 versets 15-16)
C’est ce qu’on appelle un sommaire, un résumé. On y lit les deux activités principales de Jésus durant sa vie publique : annoncer la Bonne Nouvelle et guérir les maladies. Mais le texte note que Jésus se tenait aussi dans les lieux déserts et priait. Il emploie l’imparfait, ce qui indique une habitude : à certains moments et de manière régulière, Jésus choisissait d’arrêter de guérir les malades qu’il pouvait guérir et d’annoncer la Bonne Nouvelle, dont Il savait le prix.
Pourquoi ?
Parce que, à ses yeux, il y avait quelque chose qui valait autant que ces activités et dont Il ne pouvait se passer : se retirer dans les lieux déserts, pour ne rien faire d’autre que de prier son Père. Le disciple, qui n’est pas plus grand que son Maître, est appelé de même à inscrire dans sa vie chrétienne - de manière régulière - un temps où il s’arrête de faire ce qu’il fait, et même le bien qu’il fait, pour cet autre nécessaire qui est « une rencontre d’amitié, seul à seul, avec Celui dont nous savons qu’Il nous aime. » C’est ce que faisait Jésus en se retirant pour prier son Père. Et cela se comprend. Dans une relation d’amour ou d’amitié, il ne s’agit pas d’être toujours à « faire quelque chose pour l’autre » ; lorsqu’un homme et une femme mariés ne prennent jamais le temps d’être l’un avec l’autre, gratuitement, « sans rien faire », l’union du foyer peut être menacée. Il faut des temps de présence gratuite l’un à l’autre pour s’écouter et s’accueillir. Il n’y a pas d’amour sans gratuité.
Nous avons en nous une capacité d’aimer vraiment Dieu et d’avancer sur ce chemin de l’amour vrai ; cela nous est donné ; osons-nous le croire et faire ce qui dépend de nous pour accueillir cette grâce de 1’union d’amour avec Jésus, et en Lui, avec les hommes ?
2. Vivre une relation d’amitié
« L’oraison est une rencontre d’amitié où l’on s’entretient souvent, seul à seul, avec Celui dont nous savons qu’il nous aime. » (Thérèse d’Avila)
Le Christ nous révèle que Dieu nous aime et attend de nous une réciprocité d’amour. L’oraison est une rencontre dans le silence avec celui qui nous a aimés le premier. Faire oraison, c’est choisir de répondre au désir du Christ de faire de nous ses amis comme la Sagesse créatrice le déclarait déjà dans les Proverbes :
« Je trouvais mes délices parmi les enfants des hommes. » (Livre des Proverbes 8,31)
Pour vivre cette rencontre gratuite, nous avons nous aussi à nous arrêter à certains moments de « faire » des choses, même bonnes, afin de prendre le temps de rencontrer Dieu dans la foi.
« Pour toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là dans le secret et ton Père, qui voit dans le secret te le rendra. » (Matthieu 6, 6)
Ce que Dieu veut donner, n’est rien de moins que Lui-même. Pour cela, entre dans ta chambre : invitation à s’arrêter un moment, à prendre le temps de s’avancer dans une foi dépouillée et avec patience, car les grandes choses supposent toujours du temps.
3. Répondre à l’exigence de la foi
Dieu nous dit dans la Bible que nous avons été créés à son image et ressemblance. Nous sommes capables de Dieu et faits pour entrer personnellement en relation avec lui. Espérer une telle vie divine, c’est mettre notre confiance en ce Dieu qui est fidèle à ses promesses :
« Dieu créa l’homme à son image et ressemblance, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » (Gn 1,27)
Nous sommes appelés à aimer Dieu pour lui-même, à venir lui tenir compagnie en lui donnant du temps gratuitement. Au cœur de la foi chrétienne, il y a le sens de la gratuité de l’amour de Dieu auquel nous sommes appelés à répondre.
Humainement parlant c’est impossible, car l’homme n’est pas capable de l’absolue gratuité de l’amour divin, mais le Christ nous est donné.
4. Répondre à notre vocation dans le Christ
« Sans moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5)
La médiation du Christ, Parole unique de Dieu, est fondamentale. Il est l’unique Médiateur et l’oraison permet de faire place dans la foi à cette médiation du Christ dans ma relation à moi-même, aux autres et à Dieu. Le Christ est ce tiers qui permet à toute relation de n’être pas fusionnelle, mais d’être vécue dans le respect de la vérité de Dieu et de l’homme.
A moi-même : je ne me connais moi-même en vérité que dans la contemplation du Christ. Il me révèle qui je suis devant Dieu.
Aux autres : je ne peux aimer comme Jésus aime qu’en reconnaissant dans le prochain ce frère, cette sœur, pour qui le Christ est mort (cf. Rm 14,15).
A Dieu : en Christ, il nous est possible de dire à Dieu « Père » grâce à son Esprit qu’il a répandu dans nos cœurs.