Bangladesh : un professeur tué pour s'être opposé à la burqa Le Mercredi 19 novembre 2014 à 17:18 par Rose Marie Gérard dans International Radio Notre Dame
Le 15 novembre, un professeur de sociologie à l'université a été sauvagement assassiné par des islamistes après s'être prononcé contre le port de la burqa à la fac.
C'est en rentrant chez lui après une journée de cours que le professeur Shafiul Islam, 51 ans, a été tué par plusieurs jeunes. Les premiers éléments de l'enquête révèlent qu'on lui a tranché la tête et le cou à l'aide de lames, probablement de machettes.
Opposé à la burqa pour des raisons pratiques
"Shafiul pensait que le voile intégral rendait impossible l'identification des élèves et que, dans les salles de classe et d'examen, le port du voile pouvait permettre de tricher, comme cela est déjà arrivé", explique un collègue universitaire de la victime. Le professeur de sociologie s'était, quelques jours avant d'être assassiné, prononcé contre la burqa mais pour des raisons pratiques ; c'est en tant que professeur qu'il désirait interdire le voile intégrale, et non en tant que sociologue. Mais selon son collègue, la burqa n'a été qu'un prétexte pour commettre ce meurtre ; Shafiul Islam était l'objet "depuis longtemps de menaces de mort pour sa critique ouverte du mouvement Jamaat-Shibir sur le campus". Ce mouvement très violent découle du principale parti islamique du pays, le Jamaat-e-Islam. Le fils de la victime raconte que son père "ne faisait pas de politique, mais prêchait l'humanisme ; c'est pourquoi des islamistes ne l'aimaient pas et l'ont tué".
Le corps professoral inquiet
Au delà du choc provoqué par la perte de l'un de leurs collègues, l'équipe professorale de l'Université de Rajashahi s'inquiète sérieusement. Shafiul n'est en effet pas le premier professeur à être assassiné par les islamistes. Le 24 décembre 2004, un professeur d'économie a été tué près du campus alors qu'il faisait son jogging. Ses assassins ont été condamnés à mort en 2010. En 2006, un professeur de géologie a été enlevé et son corps sans vie a été retrouvé deux jours plus tard. Quatre personnes ont été condamnées à mort pour ce meurtre, dont un professeur de l'université qui était affilié au groupe islamiste. Le mouvement étudiant islamiste revendique ces meurtres, et encore bien d'autres, mais plus grave, il en annonce.
Un groupe facebook macabre
Les étudiants islamistes se servent d'un groupe Facebook pour annoncer leurs "victoires" en cas de meurtre, ou leurs futurs victimes.
facebook islam Ils viennent par exemple de publier la photo ci-contre. On y voit les photographies barrées de rouge de Shafiul Islam ainsi que deux autres victimes, un blogueur et un étudiant, dont les assassins n'ont pas été identifiés. Sous leurs photos, figure la mention victorieuse "exécuté". Toutes ces victimes sont revendiquées par le groupe islamiste sur Facebook et sont d'ailleurs exécutées de la même manière : le coup tranché à coups de machette. Le groupe Facebook publie aussi des photos des prochaines victimes accompagnées de la mention "A venir".
Cette photo montre une victime qui a été laissée pour morte en janvier 2013 par le groupe islamiste mais qui a miraculeusement survécu. La légende est : "Première tentative : échec. Deuxième tentative : à venir".
Cours boycottés et manifestations
Depuis le 16 novembre, les étudiants et les enseignants de l'université manifestent et boycottent les cours. Ils réclament l'arrestation immédiate des meurtriers de leur professeur de sociologie qui était très apprécié. De nombreuses organisations ont rejoins les rangs des manifestants ; ils étaient plus d'un millier à former une chaîne humaine le long des routes mais aussi à manifester dans la capitale du Bangladesh, Dacca. Ils ne cesseront leur mouvement qui est appelé à s'amplifier de jour en jour seulement lorsque si les responsables de ce crime sont traduits en justice sous les quinze prochains jours.
Source : Eglises d'Asie