Le porte-avions Charles de Gaulle se prépare à lutter contre l'EI
Le Point - Publié le 17/01/2015 à 09:51 - Modifié le 17/01/2015 à 10:59
D'ici un mois, le porte-avions français Charles de Gaulle arrivera dans le golfe Persique pour faire la guerre au groupe État islamique en Irak.
Depuis qu'il a appareillé mardi de Toulon, le porte-avions Charles de Gaulle multiplie les missions d'entraînement. Rafale et Super Étendard décollent l'un derrière l'autre, propulsés par une catapulte. Dans un mois, ces avions français seront dans le golfe, afin de partir en guerre contre Daesh.
"À chaque période de reprise en mer, après plus d'un mois d'interruption, il y a une phase de warm up comme pour un sportif [...]. Cela permet à nos pilotes de desserrer la contrainte", explique le "pacha" du navire, le capitaine de vaisseau Pierre Vandier. Au retour de "mission", après une heure et demie de vol, certains appareils s'y reprennent à deux fois pour réussir un "atterrissage" parfait sur une piste grande comme un terrain de tennis, en attrapant au sol un câble métallique, le "brin", qui va les arrêter net dans leur course. Dans un vrombissement infernal, qui fait vibrer tout le porte-avions, ils réussissent la même prouesse technique au catapultage : s'élancer de 0 à 250 km/h en 2,5 secondes, boostés par un mégapiston, et prendre leur envol sur 75 mètres, là où il leur en faudrait plus de 1 600 à terre.
Il doit atteindre le canal de Suez, fin janvier
Dans quelques jours, la mission montera en puissance, les entraînements deviendront plus poussés. Le Charles de Gaulle, mastodonte des mers sans équivalent en Europe, prendra le large et, au rythme de 1 000 à 1 200 kilomètres par jour, tracera sa voie vers le canal de Suez où il est attendu fin janvier.
Une fois Suez franchi, les mitrailleuses lourdes seront armées, la menace se fera plus précise. Le porte-avions, entouré de sa "cuirasse" protectrice - un sous-marin, une frégate de défense antiaérienne et une frégate anti-sous-marine britannique -, rejoindra le golfe arabo-persique avant une fin de mission prévue dans l'océan Indien.
"On sait pourquoi on part"
Officiellement, il n'est question que de manoeuvres avec des pays partenaires, dont l'Arabie saoudite et l'Inde à laquelle la France espère vendre 126 avions de chasse Rafale dans les prochains mois. Mais chacun a en tête l'Irak, où le Charles de Gaulle pourrait prêter main-forte aux neuf avions de combat Rafale et six Mirage français déjà mobilisés sur zone dans le cadre d'une opération internationale dirigée par les États-Unis. Il arrive lui-même avec douze Rafale et neuf Super Étendard à bord. "On peut monter à 40-50 sorties par jour, ajuster les missions en fonction des besoins, mettre des armements air-sol, air-air ou des pods de reconnaissance. C'est un puzzle, il suffit d'assembler", relève un pilote de Rafale, chef du groupe aérien embarqué.
Comme le reste du commandement, il refusera d'en dire plus sur une éventuelle participation aux attaques menées depuis l'été contre le groupe État islamique, auxquelles la France contribue en Irak, laissant à d'autres les raids en Syrie. "On se prépare à l'ensemble des options possibles", indique le pilote, qui s'exprime sous le couvert de l'anonymat.
S'il intervient, le porte-avions viendra se positionner, telle une base aérienne flottante, au plus près de l'Irak, avec ses flottilles d'avions, ses hangars de réparation embarqués et quelque 1 900 hommes à bord. Il sera alors intégré au groupe aéronaval américain constitué autour du porte-avions USS Carl Vinson. À bord, les écrans des chaînes en continu diffusent en permanence les dernières informations sur les attentats de Paris et la menace djihadiste, qui trouve en partie ses racines en Irak. "Forcément, il y a toujours une appréhension. Après on sait pourquoi on part, et c'est le principal", note sous le couvert de l'anonymat un opérateur âgé de 20 ans et qui s'est engagé pour "voir du pays".