Le pape prononce le mot «Rohingya» après une rencontre avec des réfugiés à Dacca
CRISE « Votre tragédie est très dure, très grande, mais a une place dans notre coeur », a souligné publiquement le pape…
20 Minutes avec AFP
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Publié le 01/12/17 à 20h10 — Mis à jour le 01/12/17 à 20h16
Le pape François en Birmanie
Le pape François en Birmanie — MUNIR UZ ZAMAN / AFP
Après sa prudence verbale en Birmanie, le pape François a demandé ce vendredi depuis le Bangladesh « pardon » aux réfugiés « rohingyas », après avoir prononcé le nom de leur communauté pour la première fois depuis le début de son voyage en Asie.
Le souverain pontife a donc attendu d’être à Dacca pour réutiliser le mot « Rohingya », communément utilisé par la communauté internationale et martelé depuis la place Saint-Pierre de Rome, mais taboue en Birmanie.
« La présence de Dieu aujourd’hui s’appelle aussi Rohingya »
« Votre tragédie est très dure, très grande, mais a une place dans notre cœur », a souligné publiquement le pape après avoir écouté avec gravité les récits de seize rohingyas. « Au nom de tous ceux qui vous ont persécutés, qui vous ont fait du mal, en particulier dans l’indifférence du monde, je vous demande pardon ! », a-t-il lancé. « Ces frères et sœurs portent en eux le sel de Dieu », a souligné le pape. « Ne fermons pas nos cœurs, ne regardons pas dans l’autre direction. La présence de Dieu aujourd’hui s’appelle aussi Rohingya », a-t-il enfin dit.
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L’exode de cette minorité musulmane a constitué le fil rouge du voyage du pape François en Asie, entamé lundi en Birmanie et qui s’achève samedi après-midi au Bangladesh. A l’issue d’une rencontre interreligieuse à Dacca, une délégation de réfugiés rohingyas, dont des femmes et des enfants, a formé une petite file pour s’entretenir à tour de rôle avec le souverain pontife. Celui-ci les a écoutés en hochant de la tête, avec tristesse.
Les Rohingyas victimes « d’épuration ethnique »
Mohammad Ayub, 32 ans, a raconté à l’AFP que son fils de trois ans avait été tué au cours des violences dans l’Etat Rakhine en Birmanie. « Le pape est le dirigeant du monde. Il devrait dire le mot Rohingya, car nous sommes le peuple Rohingya » et cela « depuis des générations », avait-il insisté juste avant la rencontre.
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Fillette de 12 ans, Shawkat Ara a pleuré après son face-à-face avec le pape. « Mes parents ont été tués, je n’éprouve plus de joie », a-t-elle confié à l’AFP. Hazera Begum, une femme rohingya a évoqué son viol. Le pape François n’a jamais mâché ses mots depuis le Vatican sur le sort des Rohingyas, y compris en amont de la marée humaine de plus de 620.000 réfugiés qui a afflué au Bangladesh ces trois derniers mois. L’exode forcé a été qualifié « d’épuration ethnique » par l'ONU et par Washington.
Xénophobie et haine des musulmans
En Birmanie pendant quatre jours, il a appelé les bouddhistes birmans « à dépasser toutes les formes d’intolérance, de préjugé et de haine » en évitant toutefois de mentionner directement le sort de la minorité musulmane rohingya.
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Dans ce pays, la xénophobie et la haine des musulmans gagnent du terrain et une grande majorité des habitants considèrent les Rohingyas, qu’ils nomment « Bangladais », comme des immigrés illégaux qui ne font pas partie du pays. Au premier jour de son arrivée à Dacca jeudi, en provenance de Rangoun, le pape avait demandé à la communauté internationale des « mesures décisives » pour régler cette crise humanitaire, dont une aide d’urgence au Bangladesh.