A Kaboul, funérailles d'une femme accusée d'avoir brûlé un exemplaire du Coran et lynchéeLe Monde.fr | 22.03.2015 à 16h53 • Mis à jour le 22.03.2015 à 18h48
Dimanche 22 mars à Kaboul, plusieurs centaines de personnes ont assisté aux funérailles d'une femme lynchée jeudi par une foule dans la capitale afghane après avoir été accusée d'avoir brûlé un exemplaire du Coran. Exceptionnellement, ce sont des femmes, militantes et membres de la société civile, qui ont porté au cimetière le cercueil de Farkhunda, 27 ans.
Plusieurs membres du Parlement afghan ont assisté à la cérémonie, ainsi que des responsables gouvernementaux. La foule a crié « Dieu est grand » en demandant au gouvernement de mener les coupables devant la justice.
« C'est un crime contre cette famille, un crime contre une sœur et un crime contre l'humanité », a lancé au micro Bari Salam, un militant des droits de l'homme. Najeebullah, le frère de la victime, a dit à l'AFP lors des funérailles que sa sœur était « profondément religieuse, [et qu'elle] récitait le Coran et priait cinq fois par jour ». La police avait affirmé que la femme était traitée depuis quatre ans pour des troubles psychiatriques. Ce qui a été contredit depuis par plusieurs proches de la victime.
Jeudi, une foule dense avait battu à mort Farkhunda près de la mosquée du quartier de ShahDo Shamshera, dans le centre de Kaboul. Son corps avait ensuite été jeté dans le lit du fleuve Kaboul avant d'être enflammé.
La police critiquée
Un officiel du ministre de l'intérieur chargé de l'enquête a déclaré n'avoir aucune preuve que la femme avait brûlé un exemplaire du Coran. « Farkhunda était totalement innocente », a affirmé le général Mohammed Zahir, précisant que 13 personnes, dont 8 policiers, avaient été arrêtées. Beaucoup de témoins ont affirmé que la police n'était pas intervenue pendant le lynchage.
Le président, Ashraf Ghani, avait fermement condamné cet acte vendredi, ajoutant qu'il entrait « clairement en contradiction avec la charia (loi islamique) et le système de justice islamique ». Il avait alors ordonné une enquête sur l'affaire. La mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) a également condamné cet acte vendredi.
Les images choquantes de la victime, photo et vidéo réalisées sur téléphones portables, ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux. On y voit le lynchage et le corps enflammé.
En 2012, la révélation de l'incinération d'exemplaires du Coran sur la base américaine de Bagram avait provoqué cinq jours de violentes émeutes antiaméricaines et d'attentats. Une trentaine de personnes avaient été tuées.
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