Mort de Jean Germain : «Il n'a pas supporté que son honneur soit sali»
L'ancien sénateur socialiste Yves Dauge, qui avait laissé son siège à Jean Germain en 2011, se dit «stupéfait» par la mort de l'ex-maire de Tours (Indre-et-Loire), qui s'est suicidé ce mardi matin alors que s'ouvrait le procès des «mariages chinois» dans lequel il était mis en examen.
Propos recueillis par Pauline Théveniaud | 07 Avril 2015, 12h38 | MAJ : 07 Avril 2015, 13h39
Quand Yves Dauge évoque son «ami de longue date», Jean Germain, ressurgit instantanément le souvenir de Pierre Bérégovoy. L'ancien sénateur socialiste, qui avait laissé son siège à Jean Germain en 2011, se dit «stupéfait» par la mort de l'ancien maire de Tours (Indre-et-Loire), qui s'est suicidé ce mardi matin alors que s'ouvrait au tribunal le procès des «mariages chinois» dans lequel il était mis en examen.
«Cette fin tragique est tellement injuste et inacceptable», souffle Yves Dauge. Au parisien.fr, celui qui chemine avec Jean Germain depuis la fin des années 1970, décrit un homme «très affecté» par sa mise en cause dans l'affaire des «mariages chinois».
«Au moment où l'affaire est sortie, il était terriblement angoissé, se souvient Yves Dauge. Je lui avais dit : Beaucoup de gens sont passés par là, c'est une terrible épreuve, mais il est possible d'en sortir. Il m'avait répondu : Pour l'instant, j'y suis.» Les deux hommes se sont encore vus la semaine dernière. Yves Dauge n'a rien remarqué de particulier dans le comportement de Jean Germain, sauf «peut-être qu'il était un peu absent».
«Il était terriblement angoissé»
Abasourdi, l'ancien élu raconte son ami, ses «origines simples et modestes», son père boulanger dont «il était la fierté», cette «famille avec le sens de l'honneur», ses brillantes études et son ascension jusqu'au Sénat, «son rêve». Il dépeint «un homme d'apaisement et d'une grande capacité à créer de la confiance autour de lui», «très civilisé, discret et très pudique», «un excellent parlementaire» qui «a fait beaucoup de choses à Tours».
«Il n'a pas supporté que son honneur soit sali. Il devait avoir en mémoire la fierté de ses parents», conclut Dauge, qui fait le parallèle avec la tragédie Bérégovoy. Mis en cause dans l'affaire du prêt Pelat, affecté par la sévère défaite de la gauche aux législatives, l'ancien Premier ministre de François Mitterrand avait été retrouvé mort le 1er mai 1993, un mois seulement après avoir quitté Matignon.
Yves Dauge est convaincu de l'innocence de Jean Germain. «Il y a peut-être eu des maladresses, mais c'est un homme parfaitement honnête», le défend-il. Persuadé que Germain «s'est retrouvé embarqué dans cette histoire», qu'au pire il a «peut-être, par naïveté ou excès de confiance, laissé faire des choses», Dauge accuse «son entourage», «sa collaboratrice», Lise Han... «C'est fou de voir ce désastre. Tout ça pour une bêtise, une histoire banale qui le concerne si peu... soupire-t-il. La politique est sauvage.»
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