Le pain à travers les rites
En célébration, nous accomplissons six gestes avec le pain :
- apporter le pain,
- lever le pain,
- offrir le pain,
- rompre, recevoir et manger le pain.
Considérons successivement chacune de ces six actions.
Apporter le pain :
- Faire présenter le pain et le vin par les fidèles est un usage à recommander (PGMR49.73). En associant l’assemblée à la préparation des dons, on manifeste plus clairement sa participation à l’Eucharistie : c’est elle qui confie au prêtre le pain (et le vin) qu’il offrira en son nom : « Nous t’offrons pour eux ou ils t’offrent pour eux-mêmes et tous les leurs ce sacrifice de louange » dit la 1ère prière eucharistique. Apporter à l’autel le pain pour l’Eucharistie aide certainement l’assemblée à se reconnaître partie prenante de l’action de grâce.
Lever le pain :
- C’est un geste de bénédiction qui est posé alors : il ressemble trait pour trait à celui évoqué en tête de cet article ; il en reprend d’ailleurs les mots puisque les mots puisque les formules liturgiques proposées sont calquées sur leurs antécédents juifs. Il s’agit d’abord de recevoir le pain, d’en peser tout le poids symbolique, toute la densité et l’épaisseur humaine et spirituelle puis de reconnaître là l’œuvre de Dieu et la marque de sa générosité…
Offrir le pain :
- L’action de grâce est cadeau offert à la louange de Dieu pour toutes ses bontés et particulièrement pour le Christ qui offre Sa Vie. Notre don, comme en retour, c’est celui du pain ou plus exactement du pain devenu Corps du Seigneur : « Faisant ici mémoire de la mort et de la résurrection de ton fils, nous t’offrons Seigneur , le pain de la vie… ». Le cœur de l’Eucharistie est bien là dans cet admirable échange, quand Dieu se donne à nous par le pain et que nous nous remettons entre ses mains en offrande, toujours par le pain…
Rompre le pain :
- Le geste de la fraction du pain, qui désignait à lui seul l’Eucharistie à l’âge apostolique, manifestera plus clairement la valeur et l’importance du signe de l’unité de tous en un seul pain et du signe de la charité du fait qu’un seul pain est partagé entre frères (PGMR283,321 et aussi 56c.83). Dans la tradition juive déjà, le geste placé au début du repas à une portée relationnelle : tout repas, s’il relie à Dieu, crée également du lien entre ceux qui le partagent, la fraction du pain l’atteste. A rompre le pain on perçoit mieux que l’eucharistie, si elle nous fait grandir dans la communion de Dieu, nous établit d’un même élan dans la communion fraternelle de la communauté d’Eglise. Autour de la table, le Père réunit ses nombreux fils et les nourrit d’un même pain qui, partagé entre tous, les rend un peu plus frères. On se souviendra ici des mots bien connus de Saint Paul soulignant cette dimension ecclésiale du partage eucharistique : « le pain que nous rompons n’est il pas communion au corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons part à un seul pain » (1 Co, 16-17)
Recevoir le pain :
- L’Eucharistie on l’a rappelé à plusieurs reprises est don de Dieu, un don gratuit, gracieux, que nul ne mérite, que nul ne peut s’approprier ni encore moins escroquer, mais que chacun se doit d’accueillir. C’est donc à une démarche de pauvres que nous sommes invités, nous avançant les mains vides pour recevoir sa pitance… Ne chante t’on pas parfois avec beaucoup d’a propos : « Mendiant d’espoir, je te prends dans mes mains et tu deviens le torrent d’une vie éternelle » … Mendiant de Dieu, je te prends dans mes mains et je deviens l’envoyé aux mendiants de la terre…
Manger le pain :
- Manger c’est toujours un acte d’humilité : c’est chercher hors de soi les énergies que l’on n’a pas en soi et dont on a besoin pour vivre. C’est trouver ailleurs les moyens de sa subsistance. Nous ne faisons rien d’autre en Eucharistie : elle nous ouvre à l’ordre de la grâce, comme don de vie. Et cela commence par un regard lucide sur ses propres et pauvres ressources. Vient alors une prière suppliante et confiante en la générosité du Père : « lequel d’entre vous donnerait une pierre à son fils qui lui demande du pain ? … Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera t’il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! » Mt 7,9.11
« Il comble de biens les affamés » Luc 1.53
Heureux ceux qui ont faim de Dieu, faim d’amour, faim de vie, ils seront rassasiés !
« Celui qui mangera du pain que voici vivra pour toujours » Jn 6.58
Source : Feu Nouveau - bimestriel d’initiation biblique et liturgique.
* PGRM = Présentation Générale du Missel Romain.