Le suspect de l’attentat en Isère a envoyé un selfie macabre
Le Monde.fr avec AFP | 27.06.2015 à 21h06 • Mis à jour le 28.06.2015 à 10h48
Yassin Salhi, principal suspect de l’attaque contre une usine dans l’Isère et de la décapitation de son employeur, a envoyé un selfie avec la tête de la victime, ont indiqué samedi 27 juin des sources proches du dossier.
Deux photos ont été retrouvées dans son téléphone, selon les informations du Monde : une de la tête de la victime seule, et une seconde de Yassin Salhi posant avec. Ces photos ont été prises avant la mise en scène macabre sur le grillage de l’entreprise.
Le selfie a été envoyé par l’application de messagerie instantanée WhatsApp vers un numéro canadien. La localisation du contact n’est toutefois pas établie, ce numéro pouvant être un simple relais avant un rebond vers une autre destination. Les enquêteurs vont s’employer à retracer le trajet de ce cliché pour identifier son destinataire, en France ou à l’étranger.
Le Canada collabore à l’enquête française pour tenter de retrouver le destinataire du selfie, a indiqué samedi soir Jean-Christophe de Le Rue, porte-parole du ministre canadien de la sécurité publique. Aucune précision n’a été donnée sur le type d’assistance fournie, mais les pouvoirs de la police peuvent permettre de tracer les appels ou localiser un téléphone par son numéro. Après deux attaques mortelles contre des militaires, dont une spectaculaire devant le Parlement à Ottawa, le Canada a adopté une loi antiterroriste controversée, qui donne plus de moyens aux services de renseignements.
Autopsie
En France, les premiers résultats de l’autopsie, qui a eu lieu samedi, n’ont pas permis d’apporter les précisions attendues sur le déroulement des faits. L’autopsie visait notamment à vérifier que le corps avait été décapité après la mort de cet homme de 54 ans, qui était le patron de Yassin Salhi, employé dans son entreprise de transport du Rhône depuis 2015.
Des traces d’asphyxie par étranglement et d’égorgement ont été observées, ce qui laisse imaginer une lutte. Mais « les constatations médico-légales ne permettent pas à ce stade, en l’état des examens pratiqués, d’affirmer quand la victime est décédée : après l’asphyxie, après l’égorgement ou du fait de la décapitation », a expliqué une source proche du dossier à l’AFP, précisant que des examens complémentaires allaient être effectués.
En garde à vue à l’hôtel de police de Lyon depuis vendredi soir, le suspect a commencé à parler aux enquêteurs samedi soir, a indiqué une source proche du dossier. Il avait jusque-là gardé le silence.
Arme factice
Selon la même source, les policiers ont saisi chez ce père de trois enfants, à Saint-Priest, près de Lyon, ordinateur, tablette et téléphone portable. Mais ils n’ont trouvé ni explosifs, ni matériel de propagande radicale, ni armes — en dehors de deux couteaux, dont un retrouvé à l’usine, et d’un pistolet factice, un jouet, qui laisse penser Yassin Sahli a pu enlever le chef d’entreprise sous la menace avant de le tuer.
Ils n’ont pas non plus trouvé d’éléments permettant d’impliquer des complices ou d’établir jusqu’à quel point il avait préparé son acte. « On ne sait pas si c’est un fondamentaliste qui a pété les plombs ou si on est face à un véritable terroriste, confie une source proche de l’enquête. Les enquêteurs se demandent si ce n’est pas juste un processus criminel. » Ils manquent aussi d’éléments montrant que les absences de Yassin Salhi correspondent à des voyages à l’étranger. Le suspect doit être transféré dans la journée de dimanche dans les locaux de la police antiterroriste, près de Paris.
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