Tout ce qu’il faut savoir sur Kepler-452b, l’exoplanète découverte par la NASALe Monde.fr | 24.07.2015 à 19h37 • Mis à jour le 24.07.2015 à 19h59
Qu’est-ce qu’une exoplanète ?Une exoplanète est une planète qui se trouve en orbite autour d’une autre étoile que notre Soleil. On l’appelle aussi planète extrasolaire. La première exoplanète a été découverte en 1995. Il s’agit de 51 Pégasi b. Aujourd’hui, on en comptabilise 1 030 « officielles », mais le satellite américain Kepler a engrangé une moisson de presque 5 000 « candidates » dont il va falloir affiner les caractéristiques. L’astronome Jean Schneider (Observatoire de Meudon) tient à jour un catalogue très complet de ces planètes.
Quelle est la taille de Kepler-452b ?Kepler-452b a un rayon 1,6 fois plus grand que celui de la Terre, soit 10 194 kilomètres. Cette exoplanète est donc quatre fois plus volumineuse que la Terre. Elle fait le tour de son étoile en 385 jours, soit vingt jours de plus que la révolution de notre planète autour du Soleil.
De quoi est-elle composée ?On n’en sait encore rien. Selon la NASA, il y aurait 50 % de chances qu’elle soit rocheuse, comme la Terre. Mais Kepler n’est pas en mesure de déterminer la masse de l’exoplanète. Les scientifiques pensent toutefois qu’elle pourrait être de cinq fois celle de la Terre. Si elle s’avérait rocheuse, une planète de cette taille et de cette masse présenterait très certainement une activité volcanique à sa surface. Enfin, l’identification de la masse donnerait aussi des indications sur la présence ou non d’une atmosphère.
Comment a-t-on « vu » cette planète ?Le télescope spatial Kepler a une façon bien à lui de détecter les exoplanètes, mission pour laquelle il a été lancé en 2009. On appelle cette méthode « transit planétaire ». Kepler saisit en fait les variations de la luminosité de l’étoile observée lorsqu’une planète passe devant elle. Cette étude des éclipses permet de déduire la taille de la planète et sa distance avec l’étoile autour de laquelle elle tourne. On peut ainsi savoir si elle se situe dans la « zone d’habitabilité ». Mais cette méthode ne permet pas de déduire la masse de l’exoplanète.
Qu’est-ce que la « zone d’habitabilité » ou « zone habitable » ?On parle de « zone d’habitabilité » pour désigner la région autour d’une étoile où des planètes peuvent abriter de l’eau liquide, élément indispensable au développement de la vie. Ce qui est donc le cas sur la Terre. Mercure est par exemple située bien trop près du Soleil pour que l’eau y existe sous quelque forme que ce soit ; au-delà de Mars, on est en revanche trop éloigné du Soleil et l’eau ne peut exister que sous forme de glace. La taille de la zone d’habitabilité dépend évidemment de la taille et de la puissance de l’étoile qui émet l’énergie. La définition de la zone d’habitabilité fait aussi débat : il peut y avoir de l’eau liquide dans une région qui est par ailleurs trop soumise aux rayonnements de l’étoile pour que la vie ait une chance de se développer.
Kepler-452b n’est par ailleurs pas la seule exoplanète à se trouver dans une zone habitable, comme le montre le schéma ci-dessous. Mais elle est la seule pour l’instant à avoir une taille proche de la Terre et à tourner autour d’une étoile ressemblant au Soleil.
La « zone d’habitabilité » est-elle le seul facteur pour que la vie apparaisse ?Non. L’apparition de la vie est due à un ensemble de facteurs. Il suffit pour cela d’observer notre bonne vieille Terre. En plus de se trouver dans la « zone d’habitabilité » du Soleil, elle est dotée d’une atmosphère protectrice qui absorbe une partie du rayonnement solaire, comme les ultraviolets, et réchauffe la surface par effet de serre. La Terre possède aussi un champ magnétique, ou bouclier terrestre, déviant les particules mortelles du vent solaire, ce qui provoque les aurores boréales et australes aux pôles Nord et Sud.
Comment cette photo a été prise ?Ce n’est pas une photo, mais une vue d’artiste. Kepler-452b est beaucoup trop loin de la Terre pour être photographiée : les scientifiques ne possèdent pas d’outils assez puissants pour y parvenir pour le moment. Tout au plus parvenons-nous aujourd’hui à photographier un point lumineux, comme ce fut le cas pour Beta Pictoris b, située à 63,5 années-lumière de la Terre.
La vue d’artiste est donc un dessin réalisé à partir des caractéristiques relevées par Kepler et des déductions et suppositions faites par les chercheurs.
Donne-t-elle des indications sur ce que peut devenir la Terre dans un lointain futur ?Etant donné qu’elle est plus âgée d’environ 1,5 milliard d’années, et s’il est confirmé qu’elle a de nombreux points communs avec la Terre, Kepler-452b pourrait nous indiquer ce qui attend notre planète dans plus d’un milliard d’années quand le Soleil deviendra plus brillant. A savoir une période de fort réchauffement qui, à terme, pourrait provoquer l’évaporation de toute eau sur la planète.
Kepler-452b, c’est loin ?Kepler-452b est située à 1 400 années-lumière de la Terre, dans la constellation du Cygne. Une année-lumière équivaut à la distance parcourue par la lumière en une année, soit environ 9 461 milliards de kilomètres (sachant que la lumière se déplace à environ 300 000 kilomètres par seconde). Kepler-452b est donc à plus de 13 millions de milliards de kilomètres de la Terre.
Combien de temps faudrait-il pour s’y rendre ?La sonde New Horizons – celle qui vient de photographier Pluton, la plus lointaine des planètes du système solaire – détient le record de vitesse au lancement à près de 60 000 km/h. En imaginant qu’un vaisseau spatial transportant des humains voyage aussi rapidement, il faudrait qu’ils passent un temps de l’ordre de 25 millions d’années pour atteindre Kepler-452b. Un très long voyage.
Peut-on envoyer des messages aux hypothétiques habitants de Kepler ?A supposer qu’il y ait de la vie sur cette planète, que cette vie ait une forme d’intelligence, et qu’elle utilise des technologies comparables aux nôtres, il faudrait mille quatre cents ans à un message lumineux pour atteindre la planète. Et autant pour recevoir la réponse. Armons-nous donc de deux mille huit cents ans de patience.
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