Tchad: au moins 37 morts dans une nouvelle attaque de Boko Haram
Un triple attentat mené par Boko Haram a fait samedi au moins 37 morts dans une ville tchadienne du lac Tchad, démontrant une nouvelle fois la capacité de nuisance des islamistes nigérians, même affaiblis par les offensives des armées de la région.
De "puissantes explosions", rapidement attribuées au groupe islamiste Boko Haram, ont eu lieu vers 16H00 locales (15H00 GMT) dans la sous-préfecture tchadienne de Baga Sola, située près de la frontière avec le Nigeria, sur les rives du lac Tchad.
Des sources sécuritaires concordantes font état de "37 morts et 52 blessés", selon un bilan encore provisoire. La première explosion a eu lieu sur le marché aux poissons de Baga Sola - qui se tient le samedi, jour d'affluence - et les deux autres à Kousseri, un quartier périphérique de la ville qui accueille de nombreux réfugiés.
Baga Sola n'avait encore jamais été frappée par les islamistes. Plusieurs dizaines de milliers de réfugiés nigérians et de déplacés tchadiens ont trouvé refuge dans cette ville, fuyant ces derniers mois les exactions de Boko Haram sur les îles du lac ou au Nigeria.
Les circonstances de ces attentats restaient floues samedi en début de soirée. Selon une source humanitaire jointe au téléphone, un adolescent kamikaze s'est fait exploser au marché tandis que les explosions de Kousseri sont l'oeuvre de "femmes voilées". Ces informations n'ont pu être confirmées officiellement.
"En ce moment il y a des corps éparpillés partout, une tête par-ci, une jambe par là, c'est la panique générale", a expliqué à l'AFP un habitant sous couvert d'anonymat, précisant que "les gens tentent actuellement de reconstituer les corps".
D'après une source sécuritaire, les secours ont évacué les blessés - dont "10 cas très graves" - vers le petit hôpital de la ville, débordé face à un tel afflux.
Le lac Tchad est partagé entre Nigeria, Niger, Cameroun et Tchad. Même si sa superficie se réduit d'année en année en raison du réchauffement climatique, il abrite une multitude d'îles et îlots peuplés de pêcheurs, et ses abords sont rendus difficiles par une végétation dense, ce qui facilite les infiltrations des islamistes de Boko Haram en territoire tchadien pour y mener des attaques.
- Attaques incessantes -
Depuis le début de l'année, l'armée tchadienne est engagée dans une opération militaire régionale contre Boko Haram dont les raids et attentats se sont étendus au-delà du nord-est du Nigeria, son fief historique, vers les pays limitrophes: Tchad, Niger et Cameroun.
Cette offensive a infligé de sérieux revers au groupe affilié à l'organisation Etat islamique (EI), mais les insurgés mènent toujours des attaques dans la région et se servent du lac comme lieu de repli.
Mardi, une attaque lancée contre une position de l'armée tchadienne sur une île du lac avait déjà fait 11 morts et 13 blessés parmi les soldats avant que les insurgés puissent être "mis en déroute", selon l'état-major tchadien.
Le Cameroun est lui aussi régulièrement visé par des attentats-suicides. Au Nigeria, Boko Haram poursuit ses attaques à un rythme soutenu. Mercredi encore, trois attentats-suicides ont fait au moins 14 morts à Damaturu, capitale de l'Etat de Yobe, dans le nord-est du Nigeria.
Pour combattre Boko Haram, les quatre pays riverains du lac Tchad et le Bénin ont mis sur pied une Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF) dotée de 8.700 militaires, policiers et civils, avec un quartier général à N'Djamena au Tchad.
Mais cette force n'est pas encore pleinement opérationnelle.
La coalition "a sans conteste affaibli la nébuleuse" islamiste mais "pour autant elle ne s'avoue pas vaincue", a récemment reconnu le président du Tchad Idriss Déby Itno.
Boko Haram a affirmé mercredi que son dirigeant, Abubakar Shekau, était en vie et qu'il dirigeait toujours l'organisation islamiste, alors que son absence sur les vidéos de propagande depuis février a alimenté des rumeurs sur son éventuelle disparition ou remplacement à la tête du groupe.
L'insurrection de Boko Haram a fait au moins 17.000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés depuis 2009.
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