Dans le quartier du Petit-Bart à Montpellier
Pour libérer la parole qui est enfermée dans ce jeune homme de 22 ans rejugé pour trois viols et une tentative commis sur des femmes de 54 à 85 ans en 2011 dans le quartier du Petit-Bart à Montpellier. À croiser non pas l'épée, mais les mots, contre les réquisitions de l'avocat général Me Guglielmi qui a réclamé la confirmation de la peine prononcée en première instance dans l'Hérault. Soit 15 ans de réclusion criminelle, assortis d'un suivi sociojudiciaire pendant 10 ans. "Soit peu ou prou, l'âge qu'il avait quand il a été écroué. Car ce gosse est entré en prison à 18 ans et quelques mois. Il a passé 54 mois en détention qui font sans doute qu'il paraît brisé, éteint. Mais il ne suffit pas de crier pour être innocent et de se taire pour être coupable. Ce garçon-là n'a pas fait ce qu'on lui reproche", a plaidé la défense.
Elles sont venues témoigner avec élégance et dignité
Contrant pied à pied l'argumentation pilonnée par les avocats des victimes Mes Chantal Corbier-d'Hauteville, Sophie Guibert, Nicolas Knispel et Louis Dolez. Pour eux, pour ces femmes aussi bouleversées que courageuses qui sont venues témoigner avec élégance et dignité, dont "la vie est émiettée à chaque fois" et qui attendent justice, les similitudes dans le mode opératoire sont la preuve de la culpabilité de Samir Asiamar, sa signature. "Même jour, même heure, même quartier, l'âge des victimes, les vols de bijoux et d'argent, la capuche, les menaces jusqu'à sa façon de se volatiliser".
"Est-ce que l'on peut condamner sur un regard ?"
À l'extrême opposé de la démonstration fournie par la défense. "Incohérences, différences majeures entre les trois viols et la dernière agression, la seule que l'accusé a d'ailleurs avouée, des victimes qui ne le reconnaissent pas lors du tapissage, qui ne notent aucune odeur particulière sur leur agresseur alors qu'il passait sa vie au quartier à fumer du shit et des cigarettes". "On vous dit que c'est un prédateur mais c'est un apprenti voleur qui se carapate quand il y a quelqu'un. Le doute est abyssal et terrifiant. Est-ce que l'on peut condamner sur une voix reconnue 4 ans après ? Est-ce que l'on peut condamner sur un regard ? Est-ce que ce garçon a pu prononcer cette phrase : Madame, voulez-vous que je vous ligote ?. Vous douterez et vous l'acquitterez".
"Et l'ADN ?"
"Et l'ADN ? Il n'y en a pas une trace nulle part pour ces trois viols. Des éléments objectifs et sérieux montrent qu'il est innocent, renchérit Me Christol avec la verve de ses bientôt 50 ans de barreau. Quand je vois cette dame, d'un autre temps, extraordinaire au phrasé merveilleux face à ce jeune analphabète et inculte, insolent, provocateur, je me demande comment faire de la peine à ces trois femmes sincères et de bonne foi en leur disant : Vous vous êtes trompées ? On peut se tromper. On se trompe tous les jours Mais on se raconte des histoires car la réalité n'a jamais intéressé personne."
Après 5 heures de délibéré, les jurés ont finalement décidé de condamner à nouveau Samir Asiamar à 15 ans de réclusion criminelle et d'y ajouter, par mesure spéciale, une peine de sûreté de 10 ans ainsi qu'un suivi sociojudiciaire pendant 5 ans avec injonction de soins. Le jeune homme sera inscrit au fichier des délinquants sexuels.
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