L’affaire « Air-Cocaïne » embarrasse les relations entre la France et la Républicaine dominicaine
La France dément toute implication dans l’évasion des deux pilotes condamnés pour trafic de drogue mais rappelle qu’elle n’extrade pas ses concitoyens.
La République dominicaine a annoncé mardi 27 octobre qu’elle allait lancer un mandat d’arrêt international contre les deux pilotes français, lourdement condamnés sur l’île pour trafic de drogue et tout juste rentrés dans leur pays.
20 ANS DE PRISON
Pascal Fauret et Bruno Odos, ont été condamnés à 20 ans de prison mi-août pour trafic de cocaïne mais avaient fait appel avaient interdiction de quitter le territoire dominicain. C’est par bateau puis par avion, via les îles de Saint-Martin et de la Martinique, que Pascal Fauret, 55 ans, et son copilote, 56 ans, ont fui pour regagner la France durant le week-end dans des circonstances encore mal connues.
« Nous sommes en contact avec les autorités françaises, pas seulement pour déterminer de quelle manière ils ont fui le pays et les complicités dont ils ont bénéficié, mais aussi pour qu’ils assument leur responsabilité dans le pays », a affirmé le procureur général Francisco Dominguez Brito.
Peu avant cette déclaration, Paris avait catégoriquement nié le moindre rôle, le ministère français des affaires étrangères assurant que « leur décision est un acte individuel dans lequel l’État n’est nullement impliqué(…) S’agissant de nos deux ressortissants qui demeurent en République dominicaine, nos services consulaires sur place continuent à les assister dans l’attente de leur procès en appel », a précisé le porte-parole du Quai d’Orsay.
Mais la France rappelle aussi un principe selon lequel elle n’extrade pas « des citoyens français ». Mercredi 28 octobre, Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement a ainsi affirmé sur RTL : « La France appliquera les règles de droit. Nous n’extradons pas des citoyens français lorsqu’ils sont sur notre sol. »
ILS N’ONT CESSÉ DE CLAMER LEUR INNOCENCE
L’affaire remonte à la nuit du 19 au 20 mars 2013, quand la police dominicaine intercepte sur le tarmac de l’aéroport de Punta Cana un Falcon 50 avec 26 valises contenant 680 kg de cocaïne à son bord.
Le 14 août, les pilotes ont été condamnés, avec deux autres Français, le passager Nicolas Pisapia et l’apporteur d’affaires Alain Castany, restés en République dominicaine.
Les quatre Français, qui ont effectué 15 mois de détention provisoire, n’ont cessé de clamer leur innocence, plaidant qu’ils ne savaient pas que de la drogue se trouvait à bord de l’avion. Les pilotes expliquent n’avoir « jamais été auditionnés par les Dominicains » et dénoncent une parodie de justice.
L’ENQUÊTE FRANÇAISE
Mardi, s’exprimant pour la première fois en public depuis sa fuite, Pascal Fauret a pour sa part expliqué avoir voulu « retourner dans (son) pays » pour s’« exprimer devant la justice », car il estime avoir été condamné à Saint-Domingue « pour la seule raison » qu’il est Français. « Il y a des épreuves à venir », « je sais que ça va être long », a-t-il reconnu lors d’une conférence de presse à Paris.
Un de leurs avocats, Jean Reinhart, a demandé que ses clients, tous deux anciens de l’Aéronavale, « puissent être entendus rapidement » par la juge d’instruction chargée à Marseille de l’enquête française, ouverte après l’interception de l’avion. En France, une dizaine de personnes sont mises en examen, notamment pour importation de stupéfiants en bande organisée, dont les deux pilotes.
Le sort des deux Français restés sur place en liberté surveillée préoccupe, notamment celui d’Alain Castany qui risque une amputation après avoir été « fauché par une moto », selon son avocat qui a demandé son rapatriement. « Le départ de Bruno Odos et Pascal Fauret ne peut que polluer toute démarche auprès des autorités dominicaines pour obtenir son rapatriement en France », a expliqué sur Europe 1 son avocat, Karim Beylouni.
Tout comme lui, Nicolas Pisapia n’aurait pas non été tenu au courant du plan des deux pilotes. « Il est à craindre que les autorités dominicaines décident de m’incarcérer à nouveau », a témoigné Nicolas Pisapia sur iTÉLÉ.
LA CROIX (avec AFP)
http://www.la-croix.com/Actualite/France/L-affaire-Air-Cocaine-embarrasse-les-relations-entre-la-France-et-la-Republicaine-dominicaine-2015-10-28-1373696