Il est 18 h 30 place de la République à Paris. Malgré l’interdiction des rassemblements, plusieurs milliers de personnes se recueillent près de la statue de Marianne, au pied de laquelle, en silence, on dépose des fleurs et allume des bougies, en mémoire des victimes des attentats du 13 novembre. Des policiers armés observent la foule. Plus loin, un groupe entonne des slogans, comme dans une manifestation : « Allez la France ! Même pas peur ! »
Et pourtant, soudain, la foule panique. Des milliers de personnes se ruent hors de la place, vers le canal Saint-Martin, hurlent
« Courez ! », « Baissez-vous ! ». Des personnes tombent. Premier réflexe : s’engouffrer dans la première porte ouverte, le premier café. Celui-là est déjà plein, des gens tentent malgré tout d’y pénétrer, poussant désespérément ceux qui sont déjà à l’intérieur.
Des pétards jetés par des « petits malins »
On apprendra que plusieurs minutes plus tard que cette peur était sans fondement : selon un policier contacté par
Le Monde, la panique aurait été créée par des
« petits malins » qui auraient jeté des pétards vers la rue de la Fontaine-au-Roi.
Mais à ce moment-là, dans les rues, on ne sait toujours pas si le danger est réel. Il faut aller plus loin, trouver la première porte cochère derrière laquelle se mettre à l’abri. Dans celle-ci, des dizaines de personnes s’entassent, montent quatre à quatre les étages du bâtiment, le plus loin possible du potentiel danger.
Au dernier étage, une salle de réception. Les gens cessent enfin leur course, hébétés, choqués. Les premières larmes commencent à couler. Les portables sortent, on rassure ses proches. Une femme craque.
« Chuuuuut ! » : on vient d’allumer la télévision, tout le monde se rassemble autour de l’écran en silence. La pression retombe peu à peu.
« Fausse alerte » : des informations rassurantes parviennent. Quelques minutes plus tard, certains décident enfin de sortir. D’autres préfèrent attendre.
« Pour être sûr. »Dehors, les pas se pressent. Les amis séparés se retrouvent, s’étreignent, mais les regards restent inquiets et chacun se hâte de quitter les lieux en racontant ce qu’il a vécu.
Là, des parents ont perdu – puis retrouvé – un enfant dans le mouvement de foule. Dans un bar d’une petite rue à quelques centaines de mètres de la place de la République, où l’on joue de la musique le dimanche soir, le patron a vu ces personnes paniquées entrer dans son bar, avant de fermer le rideau de fer une fois l’espace rempli. Une fois les personnes reparties, il reste pour seule trace de cet instant de panique un sol collant, maculé de bières renversées. Une heure plus tard, la guitare a repris, et les clients chantent.
« Je rêvais d’un autre monde. »En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/15/mouvements-de-panique-place-de-la-republique-apres-une-alerte-a-la-fusillade_4810479_4809495.html#zzIR19e29LmEu73L.99