Dix morts dans le déraillement en Alsace d'une rame TGV d'essai
Un TGV a déraillé samedi près de Strasbourg et a terminé sa course dans l'eau d'un canal, faisant au moins 10 morts, le premier déraillement mortel dans l'histoire du TGV depuis sa mise en service en 1981.
Les dix tués faisaient partie d'une équipe de 49 techniciens et cheminots, seuls à bord de la rame. Le train circulait à quelque 350 km/h au moment de l'accident survenu vers 15H00 à Eckwersheim, à une vingtaine de km au nord de Strasbourg, sur la ligne à grande vitesse devant être mise en service au printemps prochain, a-t-on appris d'une source proche de l'enquête.
Outre les dix personnes tuées, 25 blessés étaient en "urgence relative" et 12 autres en "urgence absolue", a précisé la préfecture du Bas-Rhin.
Arrivés en fin de journée sur les lieux de l'accident, le secrétaire d'État chargé des Transports Alain Vidalies et sa ministre de tutelle Ségolène Royal ont également fait état de cinq disparus, "des personnes encore coincées sous les wagons".
Alors que des hélicoptères évacuaient les blessés, les secouristes s'affairaient à dégager le corps a priori d'un enfant coincé sous la rame, selon le chef des opérations de gendarmerie Jérôme Sotty.
Les recherches devaient se poursuivre toute la nuit avec des chiens spécialement mobilisés.
Le train aurait "déraillé en raison d'une vitesse excessive", a indiqué Dominique-Nicolas Jane, directeur de cabinet du préfet d'Alsace.
Interrogée par l'AFP, la direction de la SNCF a souligné que "rien ne permet de faire un lien" avec les attentats de vendredi soir à Paris, rappelant qu'aucun voyageur ne se trouvait à bord de ce train en phase d'essai. "Une enquête interne a été ouverte", a précisé la SNCF.
Accompagnée du préfet Stéphane Fratacci et du président de la région Philippe Richert (LR), Mme Royal a passé en revue dans la nuit noire les pompiers et secouristes du Samu, ainsi que les plongeurs de la gendarmerie. "C'est un drame apocalyptique", a-t-elle dit, en manifestant sa "solidarité avec les familles des victimes et des cheminots".
La ministre a exclu "a priori" un sabotage de la rame. "A l'heure où je vous parle, les enquêtes ne sont pas terminées, elles sont même à peine commencées".
Le train comportait du matériel technique d'enregistrement de bord. Les recherches se poursuivaient pour retrouver les "boîtes noires", a dit Stéphane Ottavi, commandant de la gendarmerie de la région Alsace.
Une douzaine de déraillements de TGV, parfois dus à des objets sur les voies, ont été recensés depuis 1981. Mais aucun n'a eu de conséquences aussi graves, et aucun ne concernait une rame d'essai.
- La rame couchée au pied du pont -
La rame argentée du train, composée de cinq voitures, était visible à plusieurs centaines de mètres, au pied d'un pont métallique rouge enjambant le canal de la Marne au Rhin, large d'une quarantaine de mètres, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Le centre de la rame et sa locomotive était couchés sur les berges, l'arrière dans l'eau. Plus d'une centaine de secouristes, une équipe de plongeurs de la gendarmerie, des hélicoptères de la sécurité civile, et plusieurs dizaines de véhicules de secours ont été dépêchés sur les lieux.
Au moment de l'accident, un grand panache de fumée noire a été vu à plusieurs kilomètres à la ronde par des témoins, notamment à Vendenheim, commune proche de Bischheim où se trouve un technicentre de la SNCF.
Dans l'impact, le train s'est disloqué en faisant un "bruit métallique extrêmement fort", qui a pu être assimilé dans un premier temps à une explosion, a précisé Mme Royal.
Aurelia, 21 ans, assistante commerciale, a vu une fumée s'élever et s'est rendu près du lieu de l'accident: "Je faisais les boutiques, et en sortant j'ai vu une grande fumée noire. C'est là que je me suis dit que quelque chose de grave s'était passé".
Des adolescents qui se trouvaient dans un skate-park ont raconté avoir senti une odeur âcre de brûlé quand ils ont aperçu le panache qui formait une sorte de "boule".
L'accident s'est produit près d'un pré dans une zone agricole dépourvue d'habitations, où seuls vivent des plaisanciers occupant à l'année des péniches installées le long du canal.
Des essais sur la ligne LGV sont actuellement en cours afin de permettre de relier Paris à Strasbourg en 1H48 à partir d'avril 2016.
La mise en service commercial de la LGV Est, d'une longueur totale de 406 km, est prévue le 3 avril 2016. Outre le gain de temps entre Paris et l'Est de la France, la seconde phase de la LGV permettra aussi d'assurer une liaison plus rapide entre Luxembourg et Strasbourg (1H36 contre 2H10 actuellement).
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