Le mardi de la 9e semaine du Temps Ordinaire
Livre de Tobie 2,10-23.
Un jour, Tobie, fatigué après avoir enterré les morts, rentra chez lui, s'étendit contre le mur et s'endormit.
Pendant son sommeil, des hirondelles firent tomber de leur nid de la fiente chaude sur ses yeux, et il devint aveugle.
Dieu permit cette épreuve pour que Tobie donne à la postérité un exemple de patience, comme le saint homme Job.
Comme Tobie, depuis son enfance, avait toujours eu la crainte de Dieu et observé ses commandements, il n'en voulut pas à Dieu pour le malheur qui le frappait,
mais il resta inébranlable dans la crainte de Dieu, lui rendant grâce tous les jours de sa vie.
De même que des rois injuriaient le bienheureux Job, les parents et les proches de Tobie se moquaient de sa conduite en disant :
« Où est-elle donc, cette espérance, pour laquelle tu faisais l'aumône et enterrais les morts ? »
Mais lui les reprenait : « Ne parlez pas ainsi,
car nous sommes les descendants des saints, et nous attendons cette vie que Dieu donnera à ceux qui ne perdent jamais leur confiance en lui. »
Anne, sa femme, s'en allait tous les jours pour faire du tissage, et elle rapportait ce qu'elle avait pu gagner par le travail de ses mains.
C'est ainsi qu'un jour elle reçut un chevreau qu'elle rapporta à la maison.
Tobie entendit l'animal qui bêlait, et dit : « Prenez garde que ce ne soit le produit d'un vol ; rendez-le à ses maîtres ; car nous n'avons pas le droit de manger ce qui a été volé, ni même d'y toucher. »
Furieuse, sa femme répondit : « On voit bien que ton espérance n'a servi à rien, et tes aumônes ont montré ce qu'elles valaient ! »
Elle lui faisait ces reproches, et d'autres du même genre.
Psaume 112(111),1-2.7-8.5.9.
Alléluia ! Heureux qui craint le Seigneur, qui aime entièrement sa volonté !
Sa lignée sera puissante sur la terre ; la race des justes est bénie.
Il ne craint pas l'annonce d'un malheur : le coeur ferme, il s'appuie sur le Seigneur.
Son coeur est confiant, il ne craint pas : il verra ce que valaient ses oppresseurs.
L'homme de bien a pitié, il partage ; il mène ses affaires avec droiture.
A pleines mains, il donne au pauvre ; à jamais se maintiendra sa justice, sa puissance grandira, et sa gloire !
Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc 12,13-17.
On envoya à Jésus des pharisiens et des hérodiens pour le prendre au piège en le faisant parler,
et ceux-ci viennent lui dire : « Maître, nous le savons : tu es toujours vrai ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens, mais tu enseignes le vrai chemin de Dieu. Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à l'empereur ? Devons-nous payer, oui ou non ? »
Mais lui, sachant leur hypocrisie, leur dit : « Pourquoi voulez-vous me mettre à l'épreuve ? Faites-moi voir une pièce d'argent. »
Ils le firent, et Jésus leur dit : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? ¦ De l'empereur César », répondent-ils.
Jésus leur dit : « A César, rendez ce qui est à César, et à Dieu, ce qui est à Dieu. » Et ils étaient remplis d'étonnement à son sujet.
Commentaire du jour
Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne, docteur de l'Église
Sermon 148, Sur le mystère de l'Incarnation (trad. bréviaire rev. ; cf Orval)
En Christ Dieu nous fait passer de son image à sa ressemblance (Gn 1,27)
Pourquoi, homme, te méprises-tu tellement, alors que tu es si précieux pour Dieu ? Pourquoi, lorsque Dieu t'honore par la naissance du Christ en notre chair, te déshonores-tu à ce point ? Pourquoi cherches-tu comment tu as été fait et ne recherches-tu pas en vue de quoi tu es fait ? Est-ce que toute cette demeure du monde que tu vois n'a pas été faite pour toi ? C'est pour toi que la lumière se répand et dissipe les ténèbres, c'est pour toi que la nuit est réglée, pour toi que le jour est mesuré ; pour toi que le ciel rayonne des splendeurs diverses du soleil, de la lune et des étoiles ; pour toi que la terre est émaillée de fleurs, d'arbres et de fruits ; pour toi que cette foule étonnante d'animaux a été créée, dans l'air, dans les champs, dans l'eau si belle, pour qu'une lugubre solitude ne gâte pas la joie du monde nouveau...
En outre, le Créateur cherche ce qu'il peut bien ajouter à ta dignité : il dépose en toi son image (Gn 1,27), afin que cette image visible rende présent sur terre le Créateur invisible, et il te confie la gérance des biens terrestres, afin qu'un aussi vaste domaine n'échappe pas au représentant du Seigneur... Et ce que Dieu a fait en toi par sa puissance, il a eu la bonté de l'assumer en lui-même ; il a voulu se manifester vraiment dans l'homme en qui, jusqu'alors, il n'était apparu qu'en image. Il a donné à l'homme d'être en réalité ce qu'il n'était auparavant que par une simple ressemblance... Le Christ naît donc pour rendre toute son intégrité à la nature déchue.