Ça s'est passé il y a de cela quelques années. Un agent de la protection civile raconte à la télé marocaine cette petite anecdote. "L’autre jour, je me suis retrouvé devant un père et son fils, un petit garçon, tous deux tombés dans un trou profond. Par pitié, mon cœur a fendu pour le malheureux garçon. Mais en voulant le sortir du trou, son père s’est interposé entre lui et moi, en me suppliant : ‘Je vous en prie, monsieur, sauvez-moi en premier !’" C’est un peu choquant, mais guère étonnant. Les historiens nous racontent que pendant un certain blocus de Rome, la capitale de l’empire romain, des mères ont dû manger leurs bébés pour espérer rester en vie. Pendant le blocus de Marrakech, par les Almohades, nous dit-on, des centaines de prisonniers ont dû manger les uns les autres. C’est atroce, c’est dégelas, mais on peut tout à fait être réduit à ça. Lorsqu’on est frappé par un malheur on ne pense qu’à soi.
Prenons cet exemple. Un automobiliste fonce sur un motocycliste, le blessant grièvement. L’ambulance arrive tout de suite, la police aussi. La victime est transportée d’urgence à l’hôpital. Des médecins et des infirmiers l’accueillent dans la salle des urgences. Sa famille apprend la triste nouvelle par téléphone et, vite, le rejoint à l’hôpital, des fleurs à la main. Un avocat vient s’enquérir des faits. Il veut savoir si la victime a les bonnes assurances. Pendant ce temps, un mécanicien arrive pour réparer ce qu’il peut. Ensuite, un balayeur vient nettoyer l’endroit de l’accident. Je ne vous apprends rien là. Ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres ? Pourquoi n’y réfléchit-on pas quand on pense à Dieu ? Quand quelqu’un travaille dans une PME qui fabrique des cables, des systèmes informatiques, ou autre, pour avions militaires. Songe-t-il une minute aux victimes potentielles des avions équipés de ses câbles, etc. ? De quoi vivraient les médecins, les infirmiers, les pharmaciens…s’il n’y avait pas des malades ? De quoi vivraient les mécaniciens, les avocats, les assureurs, les ambulanciers, les tribunaux, les vendeurs de fleurs, les opérateurs de télécommunications, les balayeurs…s’il n’y avait pas des problèmes de ce genre ?
Maintenant, prenons cet autre exemple. Qui peut compter combien de gens ‘vivraient’ d’un mariage ? Eh bien, ça fait vivre énormément de gens ! De même pour l’éducation d’un enfant, et j’en passe.
Si l’on dit que nos malheurs et nos bonheurs sont interliés, ce n’est pas pour noyer le poisson. La vie humaine est faite comme ça. On pleure quand on perd son père, on sourit quand on reçoit sa part de l’héritage. C’est parce qu’on sait qu’on aura faim que l’on va chez l’épicier. Le coiffeur est là parce qu’il y a forcément des gens qui auront besoin de se faire couper les cheveux. C’est toujours des humains qui vont vers d’autres humains, soit pour traiter avec eux, soit pour les pourchasser. A Casablanca, la capitale économique du Maroc, beaucoup de gens souffrent pendant la période de l’aïd-el-kébir, parce que bon nombre de commerçants et la quasi-totalité des artisans (plombiers, mécaniciens, électriciens, réparateurs de réfrégirateurs, etc.) disparaissent de la ville. Ils vont passer la fête avec leurs familles dans leurs villes ou villages natales. Ils reviennent dix ou quinze jours après, pour redonner vie à la ville blanche. Ces gens-là sont venus ici pour vivre et faire vivre les leurs. Le barbier (arracheur de dents) a besoin de quelqu’un qui a mal aux dents mais qui n’a pas assez d’argent pour aller chez le dentiste, le coordonnier de quelqu’un qui s’est fait déchirer les chaussures mais qui n’a pas le sou pour en acheter d’autres, le mécanicien de quelqu’un qui a fait un accident de la route, et la liste est longue. Ça va de soi, me direz-vous. Mais quand X ou Y a mal aux dents au point qu’il n’en dort pas, est-ce qu’il pense à tout ça ? Est-ce qu’il se donne à des exercices ‘philosophiques’ ? Apparemment, peu de gens font ça. Alors, faisons-le ensemble, ici !
Figurez-vous qu’on portant un regard philosophique sur la vie à partir de l’Histoire, de ces temps anciens, on peut surmonter beaucoup de difficultés d’ordre psychiques. Aujourd’hui on voit le glamour des autres, on voit comment vivent des gens à qui ‘a souri la chance’, on voit l’écart grandissant entre les pauvres et les riches, …et on n’arrive pas à comprendre tout ça. Et qu’est-ce qu’on voit quand on regarde de plus près cette fameuse Histoire ? Eh bien, grosso modo, on voit qu’il y avait avant nous, dans ces temps bien, bien anciens, et dans des temps plus récents, des gens qui jouissaient de certain glamour, eux aussi, il y a eu des beaux hommes et des belles femmes qui s’aimaient, qui faisaient des enfants, qui vivaient dans de belles demeures, qui travaillaient, pour certains, qui écoutaient de la musique, qui se promenaient dans de beaux jardins, qui se disaient de belles choses, qui faisaient l’amour, qui rêvaient de jours meilleurs, qui tombaient malades, qui divorçaient, qui se faisaient la guerre, qui s’entretuaient, qui se blessaient, et qui mouraient. Des gens comme nous, quoi. Sommes-nous donc une simple continuation de l’espèce humaine ? On va vers où ? Est-ce qu’on aura toujours les mêmes soit-disant plaisirs, les mêmes frustrations ? Pourquoi sommes-nous ici sur cette terre ? Est-ce qu’il n’y aura pas un jour où le malheur disparaîtra à jamais ? A quoi ça sert la vie si l’on ne la vie pas pleinement, en joie et quiétude ? A quoi ça sert l’Histoire, à quoi ça sert la philosophie, à quoi ça sert la littérature…si des historiens, eux-mêmes, des philosophes et des hommes et des femmes de lettres se donnent la mort pour fuir leurs terribles réalités ? Je n’ai pas de réponse à cela. Seulement je constate qu’il y a bien des gens qui ne se suicident pas. Ils affrontent la vie avec les peu de moyens qu’ils ont. Ça veut dire que, pour ceux-ci au moins, la vie vaut la peine d’être vécue. Maintenant, est-ce que la vie vaut vraiment la peine d’être vécue quelque soient nos peines ? Pour tenter de répondre à cette question, il faut voir comment les gens dans les quatre coins de la planète mènent leurs vies.
On a voulu nous faire croire que l’Homme est passé par plusieurs étapes. On nous a parlé de la pré-histoire, où l’Homme était plutôt sauvage, de l’âge de bronze, etc. Or dans certains endroits de la terre il existe encore des humains que l’on pourrait qualifier de ‘sauvages’, selon la terminologie historique. Il y a des gens dont on pourrait dire qu’ils sont encore à ‘l’âge de bronze’. Pourquoi ces gens-là ne sont pas ‘comme’ nous ? Mais qui a le droit de dire que ces gens-là ne sont pas comme nous ? N’ont-ils pas des yeux, des bouches, des oreilles, des pieds, des sexes comme nous ? Est-ce qu’ils n’ont pas faim comme nous ? Est-ce qu’ils ne se marient pas, ne rigolent pas, ne rêvent pas…comme nous ? D’ailleurs, la Croix Rouge et MSF, pour ce citer qu’eux, ne font aucune différence entre ‘les sauvages’ et les ‘civilisés’, n’est-ce pas ? Que dire des animaux ? Eux aussi ont des yeux, des oreilles, des pieds, des organes génitaux… Eux aussi font l’amour et enfantent des petits… Eux aussi mangent et meurent comme nous. Que dire des plantes ? Elles aussi vivent et meurent comme nous. Elles ne peuvent pas vivre sans eux, tout comme nous, et comme les animaux. Elles aussi sont de différentes couleurs, de différentes formes, de différents degrés de beauté… Elles poussent partout. Là où il y a des hommes il y a des plantes et des animaux. On a tous besoin d’eau et d’oxygène. La même eau de la Seine, ou du Nil, donne à boire aux plantes, aux animaux, aux chrétiens, aux juifs, aux musulmans, aux athés… Cette eau-là ne s’arrête pas aux frontières. Elle n’a pas de nationalité. Pourvu qu’il y ait de l’eau pour tous ! Parfois il n’y en a pas, ou pas suffisamment. Des gens meurent de faim ou de soif. D’autres émigrent pour fuir la famine. Ils vont vers des pays où il y a des humains comme eux. Certains de ces émigrés sont beaux, car la beauté, comme la laideur, est partout. Certains de ces émigrés s’installent là où ils arrivent. Ils/elles se marient avec des gens du pays d’accueil. En sortira des enfants métissés. Métissés mais pas tellement différents, car tout reste humain après tout. Tous mangent des légumes et des fruits, du pain et du fromage. Tous veulent grandir, travailler, se marier. Tous auront les mêmes problèmes et les mêmes plaisirs. Une simple continuation de l’espèce humaine ? Je ne pense pas. Les américains d’origine irlandaise ne sont peut-être pas tout à fait comme leurs aïeux qui ont dû quitter l’Irlande suite à des années de disette. Il y a un progrès, quand même. Aussi bien au niveau matériel qu’intellectuel. Ces braves enfants d’irlandais ont contribué à l’émergence d’une des plus grandes civilisations qu’a connues le monde. Certains de leurs frères américains ont dû fuir la persécution en Europe. Ensemble, les américains ont bâti un fabuleux état fédéral régi par de formidables institutions démocratiques. Pour autant, le mal n’est toujours pas éradiqué de ce pays, ni d’aucun autre pays du monde, d’ailleurs. Est-ce là une frustration ? Devrait-on, même si on le pouvait, éradiquer totalement le mal ? Peut-on, par exemple, se dispenser de moyens de défense militaire, puisque ça ne sert qu’à la guerre, et la guerre est un mal ? Eh oui, il faut passer par là pour pouvoir répondre à des questions strictement personnelles. Le mot ‘mal’ et le mot ‘bien’ viennent de quelque part. Pour certains, c’est l’Homme qui a inventé ces concepts. Pour d’autres, ces mots trouvent leur origine dans la religion. D’où vient la religion ? Pour certains, c’est une invention purement humaine. Pour d’autres, c’est Dieu qui a envoyé des messagers pour nous apprendre la religion. Si cette religion-là est une invention humaine, ceux qui l’ont inventée ne nous ont malheureusement pas laissé un livre fiable pour nous expliquer ce que nous voulons comprendre. Si, par contre, la religion est un message de Dieu, alors voyons ce qu’il a à nous dire dans ce message. Et on ne perdra pas de vue la question que nous nous sommes posée au début de cet article.
N’étant pas bouddhiste ou hindou, je ne peux parler que de ma religion, l’Islam. Quand je dis Dieu c’est d’Allah qu’il s’agit.
A suivre !
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