Mgr Jaeger : « Ne pas être insensibles à la détresse des migrants »Clémence Houdaille (avec Radio Vatican), le 24/10/2016 à 15h05
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Interrogé au matin du démantèlement de la « jungle » de Calais, Mgr Jean-Paul Jaeger a estimé que les campagnes électorales en cours occultaient le « problème des mouvements de population et des raisons de ces mouvements de population ». Des migrants quittent la jungle de Calais, lundi 24 octobre 2016, lors de l’opération de démantèlement. / Michael BUNEL/CIRIC/Alors que le démantèlement de la « jungle » de Calais a commencé, lundi 24 octobre, l’évêque d’Arras (Pas-de-Calais), Mgr Jean-Paul Jaeger, s’est exprimé à ce sujet le matin même sur Radio Vatican.
« Il est plus que temps que l’ensemble des responsables politiques se penchent sur la question des mouvements de population et notamment des migrations », a-t-il affirmé, ciblant entre autres les campagnes électorales en cours en France et aux États-Unis. « Malheureusement, le moins que l’on puisse dire c’est que ces campagnes électorales ne sont pas d’un très haut niveau », a-t-il déploré. « Elles occultent ce problème des mouvements de population et des raisons de ces mouvements de population », a-t-il ajouté, citant divers problèmes à « attaquer à la racine » : « le problème du développement, de la guerre et de la paix, des relations internationales, des relations religieuses ».
« On peut penser ce qu’on veut des réalités migratoires, mais à partir du moment où un être humain est là, à notre porte, il doit être traité comme un être humain, et surtout s’il s’agit d’un enfant, d’un adolescent, d’une femme, a insisté Mgr Jaeger. Je sais pour l’avoir vu de mes propres yeux que des jeunes, très jeunes, débarquent sur les côtes européennes, des femmes dans des situations très difficiles… Nous ne pouvons pas être insensibles à la détresse de ces personnes et il faut les prendre en charge de la façon la plus humaine et la plus digne qui soit ».
« Je ne suis pas sûr qu’ajouter des murs aux barbelés soit une solution humaine »Pour l’évêque d’Arras, « accueillir ces jeunes qui ont quitté leur pays pour des raisons diverses mais notamment dans la grande souffrance, c’est miser sur l’avenir et donc faire en sorte que loin de chez eux, près de chez nous, ils puissent redécouvrir une certaine joie de vivre, former des projets pour eux-mêmes ». « Je sais pour l’avoir vérifier par expérience, poursuit-il, que ces jeunes, lorsqu’ils arrivent et que tout à coup des portes s’ouvrent pour eux, donnent vraiment le meilleur d’eux-mêmes y compris sur le plan intellectuel et scolaire. »
Interrogé sur la construction d’un mur financé par le gouvernement britannique, l’évêque d’Arras a reconnu qu’il fallait « permettre à l’activité économique qui transite par Calais de se poursuivre tout à fait normalement ». « Mais je ne suis pas sûr qu’ajouter des murs aux barbelés soit une solution humaine, a-t-il ajouté. Et je comprends très très bien les Calaisiens qui n’ont pas envie de vivre à l’intérieur d’une forteresse et de voir leur ville complètement défigurée, et d’apparaître aux yeux de tout le pays, de toute l’Europe et de tout le monde comme étant un coffre de la Banque de France ».
Clémence Houdaille (avec Radio Vatican)
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