Alep à l’heure d’une nouvelle trêve russe
Jean-Yves Dana (avec AFP), le 04/11/2016 à 10h26
Décrétée par Moscou, cette nouvelle « pause humanitaire » de dix heures a pris effet ce vendredi 4 novembre à 9 heures à Alep (8 heures de Paris).
Moins de deux semaines après l’expiration de la trêve précédente, le 22 octobre, une nouvelle « pause humanitaire » de dix heures, décrétée unilatéralement par la Russie, alliée du régime syrien de Bachar Al Assad, est entrée en vigueur ce vendredi 4 novembre au matin dans la ville divisée en deux. La Russie a appelé les groupes armés à « mettre fin aux combats et à quitter Alep avec leurs armes ».
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La trêve intervient également une semaine jour pour jour après une offensive lancée par les rebelles, depuis l’extérieur d’Alep, sur la partie ouest de la ville tenue par le régime, en vue de briser le siège de sa partie est. Les rebelles avaient alors réussi une percée dans deux secteurs périphériques de la métropole, ceux de Minyane et Dahyet Al Assad.
Une première trêve infructueuse
Plus de 250 000 personnes, selon l’ONU, vivent toujours dans ces quartiers assiégés et régulièrement sous le feu des bombes. Elles sont privées d’aide humanitaire depuis juillet 2016 et menacées de pénurie alimentaire, particulièrement depuis l’offensive majeure du régime, le 22 septembre, pour reprendre ces quartiers avec l’appui de l’aviation russe.
Les bombardements qui ont suivi ont fait plus de 500 morts selon l’ONU et entraîné la destruction d’infrastructures civiles. Des frappes qualifiées de « crimes de guerre » par les Occidentaux, obligeant Moscou à décréter un arrêt des bombardements le 18 octobre
Pour rappel, cette première trêve avait pour objectif de permettre, grâce à l’instauration de huit « couloirs humanitaires », l’évacuation hors des quartiers ciblés par les bombes de la population civile le souhaitant, mais aussi des personnes blessées, avec l’espoir pour le régime de trier et d’isoler ainsi les combattants de la rébellion.
Cette trêve avait duré trois journées, mais s’était révélée au final totalement infructueuse, aucun civil n’ayant quitté Alep est et aucune évacuation de blessé n’ayant pu être organisée. Les couloirs, de fait, étaient restés quasi déserts. De même, aucun convoi humanitaire n’avait pu accéder aux secteurs assiégés de la ville, afin d’apporter des vivres ou des médicaments aux populations sinistrées.
« Nous ne faisons pas confiance aux Russes »
Tenue à l’écart par la Russie de cette initiative, l’ONU a estimé que « les opérations humanitaires ne pouvaient pas être subordonnées à des initiatives politiques ou militaires ». Il y a peu de chance en l’état, que cette trêve unilatérale aboutisse à un autre résultat.
Dès l’annonce de cette trêve imminente, le 2 novembre, un des responsables du groupe rebelle Noureddine Zinki avait dénoncé son caractère « sans valeur ». « La Russie n’a respecté aucune des initiatives qu’elle a lancées », a-t-il accusé, dénonçant une fois encore « une instrumentalisation politique et médiatique pour alléger les pressions internationales qui pèsent sur Moscou ».
Reprise de l’offensive rebelle à l’ouest
Illustration de ces propos, les rebelles ont relancé le 3 novembre, à la veille de l’entrée en vigueur de cette nouvelle trêve annoncée deux jours plus tôt, leur offensive sur les quartiers ouest à Alep pour briser le siège imposé par le régime syrien aux quartiers sous leur contrôle.
Ces attaques se sont produites non loin d’une importante académie militaire près de Halab al-Jadida, proche du quartier de Minyane. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) évoque de son côté un bilan de quinze morts, dont quatre enfants. Et de 69 civils tués, dont 23 enfants, dans les tirs des rebelles sur les quartiers ouest depuis le 28 octobre. Trois explosions de voitures piégées y ont aussi été entendues, selon l’OSDH.
http://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/Alep-a-l-heure-d-une-nouvelle-treve-russe-2016-11-04-1200800739