Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7544 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Éloignés de l’Église, ils vivent leur spiritualité autrement Lun 07 Nov 2016, 11:58 am | |
| Éloignés de l’Église, ils vivent leur spiritualité autrement
Après avoir grandi dans des familles pratiquantes, de jeunes adultes ont pris des distances avec l’Église et nourrissent leur spiritualité de manière différente
Engagée dans le diocèse de Tours (Indre-et-Loire) et au sein de mouvements caritatifs, Claire Carré a élevé dans la foi catholique ses quatre enfants, aujourd’hui âgés de 33 à 40 ans. Malgré un solide parcours classique, du baptême jusqu’à la confirmation, tous se sont éloignés de l’Église.
Ils n’ont cependant pas effacé de leur mémoire les valeurs chrétiennes reçues dans leur enfance. « La foi n’est pas un sentiment mais un engagement. Avec Jean, mon mari, nous les voyons vivre en chrétiens. Beaucoup de choses leur ont été transmises. Je crois, qu’au fond d’eux ils ont gardé la foi dans le message du Christ », observe-t-elle, comprenant le regard critique de ses trois filles et de son fils sur cette Église qu’elle juge, elle-même, « déroutante ». Mais elle ne s’immisce pas dans le cheminement spirituel de ses enfants, qu’elle « aime comme ils sont ».
Trop d’hypocrisie et pas assez de tolérance
À l’image des enfants de Jean et Claire Carré, Frédéric, la quarantaine, a pris ses distances avec la communauté chrétienne, alors que toute son éducation le destinait à suivre les traces de ses parents et grands-parents, assidus à la messe dominicale. « Si on m’avait dit, il y a vingt ans, que j’en serais là, je ne l’aurais pas cru. J’ai même pensé à devenir prêtre », se souvient cet ancien militaire, qui a quitté l’est de la France pour retrouver ses terres d’origine, près de Saumur (Maine-et-Loire).
Sa scolarité au lycée, dans une institution catholique, est émaillée d’incidents, qui marquent le début de son désengagement. « À la messe, j’ai entendu de belles paraboles mais j’ai aussi ressenti beaucoup d’hypocrisie. J’ai travaillé dans une communauté, pendant quelques années où j’ai été frappé par un fonctionnement très politique et qui manquait de tolérance. »
De sa jeunesse, il garde toutefois l’inébranlable relation qu’il entretient avec Dieu, à travers le Christ « qui tend la main à son prochain quelle que soit sa couleur ou sa condition ». Son expérience spirituelle, assure-t-il, lui procure toujours « un fort sentiment de bien-être, de légèreté et de bienveillance ».
« Je n’ai pas appris à aimer la liturgie »
Son témoignage est symptomatique de cette génération, qui vit son rapport à la religion de façon plus individuelle et interroge les responsables d’Église, en première ligne face à la baisse de la pratique religieuse. Comme Frédéric, Coline, 37 ans, creuse son propre sillon, à l’écart de la communauté chrétienne. Cette cadre supérieure, qui a passé ses premières années professionnelles à l’étranger, ne va à l’église « que pour les grandes occasions ».
Ses années de catéchisme, qu’elle a arrêté avant la confirmation, l’ont rebuté. « Je ne voyais plus l’intérêt. J’ai l’impression, encore aujourd’hui, de mal connaître l’histoire de ma religion. Je n’ai pas appris à aimer la liturgie, les rites, que je ne comprends toujours pas et qui ne répondent à aucune des questions que je peux me poser », confie cette Parisienne, pointant du doigt, notamment, le livre Pierres vivantes, support d’éveil à la foi de toute sa génération, qui ne l’a pas aidé « à entrer dans le fond des choses ».
Rester en relation avec Dieu
L’héritage spirituel que lui ont légué ses parents – son père a été séminariste – ou ses grands-parents ne s’est pas dissipé pour autant. Coline dit entrer en relation très régulièrement avec Dieu, « le remerciant, avant de me coucher, du bonheur que j’ai à vivre, d’être entourée par cette belle nature qui m’environne ». Cette façon de vivre sa foi est comparable à bien des égards à celle de Frédéric, qui éprouve un irrépressible besoin de contemplation : « Le silence est essentiel dans ma vie. Méditer m’aide à être en phase avec moi-même pour être en phase avec les autres. »
Sa vie quotidienne est ponctuée de petits rites, comme s’il constituait sa propre liturgie. Dans sa maison, un cierge illumine la pièce principale « pour continuer de parler avec le Dieu universel ». Il s’applique aussi à veiller sur son prochain. À l’armée, il accompagnait déjà des militaires illettrés et aujourd’hui il n’hésite pas à prêter main-forte à des associations dans le domaine social ou culturel. Marathonien à ses heures perdues, il aime courir avec des personnes invalides. « Quand tu cours avec quelqu’un en fauteuil roulant, tu te dis qu’il se passe quelque chose. On vit ensemble les épreuves et les difficultés et, une fois passée la ligne d’arrivée, tout le monde pleure, empli par un sentiment de plénitude. »
La foi s’est peu à peu transformée en solidarité
Cette attention portée aux autres est également le moteur de Thomas Leduc. À 34 ans, cet ancien éducateur spécialisé et travailleur humanitaire, salarié désormais dans une entreprise de l’économie sociale et solidaire implantée à Rennes, se sent « en cohésion » avec ce à quoi il aspirait durant ses années d’aumônerie. « Nous étions un groupe d’amis de collège et de lycée. Ensemble, nous avons organisé un premier voyage humanitaire en Roumanie puis en Inde avec le P. Ceyrac. Cette rencontre a été fondatrice. » Ce jeune père de famille évoque aussi le souvenir ému d’autres temps forts comme les rassemblements à Taizé.
Mais, à 18 ans, Thomas s’est écarté de l’Église, comme si la foi « s’était peu à peu transformée en quelque chose qui est devenu mon moteur : la solidarité. Ma recherche de spiritualité se traduit par des actions concrètes, dans mon travail, pour un monde meilleur ». Depuis qu’il participe, au sein de l’entreprise Phénix, à la lutte contre le gaspillage alimentaire, en redistribuant les invendus des commerces traditionnels à des associations caritatives, il a le sentiment de relier ses engagements de toujours à une autre de ses préoccupations : le respect de l’environnement et l’appel à la tempérance consumériste.
Le manque de ferveur de l’Église de France
S’il se dit encore « ouvert », il ne va presque plus à l’église, où il a souvent « éprouvé une forme de malaise ». « Dans la paroisse de mon adolescence, je connaissais beaucoup de gens que je ne trouvais pas assez impliqués dans l’entraide et pas toujours respectueux de l’autre. » Au cours de ses séjours en Asie et en Afrique, il a partagé des moments de communion d’une intensité rare : « En France, au moment du geste de paix, c’est à peine si on se serre la main, alors qu’au Congo, les gens se retrouvent dans la joie et l’apaisement. Les corps se touchent, les échanges sont très forts. On n’a pas peur de l’autre. »
Coline a été tout aussi touchée par les prières du soir à l’occasion des Evensong d’Oxford, auxquels elle a participé à l’aube de ses 20 ans. Ces célébrations de l’Église anglicane, magnifiées « par ces chants, auxquels tout le monde participe dans la ferveur », ont nourri durablement la foi qui sommeillait en elle.
http://www.la-croix.com/Religion/Religion-et-spiritualite/Eloignes-de-l-Eglise-ils-vivent-leur-spiritualite-autrement-2016-10-28-1200799356 |
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