L’application d’« Amoris Laetitia » dans les paroisses se fera dans la durée
Bruno Bouvet, à Lourdes (Hautes-Pyrénées), le 07/11/2016 à 17h45
La mise en œuvre de l’exhortation apostolique du pape François a donné lieu à quelques initiatives, présentées dimanche 6 novembre au cours de l’Assemblée plénière des évêques. Mais la démarche de discernement qu’elle nécessite complique sa mise en œuvre.
« Il faudra du temps… » De nombreux évêques se retrouvent sur ce constat lorsqu’ils évoquent les implications pastorales d’Amoris Laetitia, sept mois après la publication de l’exhortation apostolique du pape François. Des mois, « des années même », glissaient certains, dimanche - novembre, à l’issue de la séance de l’Assemblée plénière d’automne à Lourdes sur le sujet.
Le temps que les communautés chrétiennes étudient le texte en profondeur. Certains évêques n’ont pas caché le trouble initial qu’ils avaient ressenti, une fois achevée la lecture de l’exhortation apostolique.
Relevant une « inquiétude », qu’il tient à qualifier de « positive », le président du Conseil famille et société de la Conférence des évêques de France, Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, reconnaît être « extrêmement sollicité » pour en expliquer le sens. « Ce n’est pas un trouble paralysant mais une interrogation sur leur capacité à accompagner le discernement des personnes dites en situation irrégulière, ainsi que leur intégration dans l’Église. Ils mesurent l’exigence que représente la démarche. »
Difficultés pour l’application pratique
« La mission prioritaire des prêtres, c’est l’accompagnement », affirme Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers, qui souligne très vite à quel point il se heurte à des problèmes concrets de disponibilité quand il souhaite la mettre en œuvre dans son diocèse.
« Puisque nous ne pouvons plus être sur tous les fronts, il nous faut choisir nos priorités. Le diocèse de Poitiers vient d’embaucher à mi-temps une personne chargée de restructurer la pastorale familiale, ce qui n’est pas sans implication financière et nous oblige à renoncer à d’autres choses. » Un texte « datant de trente ans » portant sur l’accueil des divorcés remariés va également être « révisé ».
Dans le diocèse de Strasbourg, on réfléchit à un « vademecum » réclamé par les prêtres locaux. Un nouveau groupe d’écoute a été créé à l’intention des personnes divorcées remariées et un document sur « la prière en famille » distribué à une large échelle.
Des demandes de pardon pour les personnes divorcés-remariés
À Moulins, l’exhortation apostolique a conduit l’évêque, Mgr Laurent Percerou, à « remettre à plat l’ensemble de la préparation au mariage » ainsi que la création d’un « service miséricorde » pour les couples en difficulté. À Rouen, Mgr Dominique Lebrun a demandé pardon pour « les attitudes de l’Église » envers les personnes séparées ou divorcées remariées lors d’une cérémonie à la cathédrale.
« Au début, a raconté l’archevêque devant les évêques, j’ai été troublé par le chapitre 8 d’Amoris Laetitia car je n’y voyais pas les fondements théologiques de Familiaris Consortio de Jean-Paul II. Puis j’ai compris qu’il ne fallait pas s’arrêter aux situations complexes car elles n’interrompent pas le chemin. La cérémonie a rassemblé beaucoup plus de personnes que je ne pensais. »
Bruno Bouvet, à Lourdes (Hautes-Pyrénées)
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