Incident diplomatique entre Donald Trump et les dirigeants chinoisLa Croix avec AFP, le 03/12/2016 à 15h44
La conversation téléphonique entre Donald Trump et la présidente taïwanaise a fait réagir vivement le régime chinois qui a rappelé qu’il n’existait « qu’une seule Chine », point de vue soutenu par la diplomatie américaine depuis 40 ans.
Donald Trump et la présidente taïwanaise,Tsai Ing-wen. La Chine a manifesté de la mauvaise humeur en apprenant que Donald Trump avait eu un contact avec elle, rappelant que la diplomatie américaine partageait depuis 40 ans le point de vue chinois sur une « Chine unique ». / STAFF/AFPPékin a lancé un avertissement à Donald Trump après son échange téléphonique avec la présidente taïwanaise, à rebours de la reconnaissance d’une « Chine unique ». Pour les experts, l’épisode trahit l’inexpérience du président-élu américain mais n’augure aucun changement de ligne.
« Nous avons protesté solennellement auprès de la partie américaine concernée. Il n’existe qu’une seule Chine, et Taïwan est une part inaliénable du territoire chinois », a martelé samedi le ministère chinois des Affaires étrangères. Les formules laissent transpirer un vif agacement : l’appel qu’a donné vendredi la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen à Donald Trump rompt avec 40 ans de diplomatie américaine.
Taïwan, séparée de la Chine depuis 1949
Les deux dirigeants « ont noté les liens étroits en matière économique, politique et de sécurité entre Taïwan et les États-Unis », selon un compte rendu de l’équipe du prochain locataire de la Maison-Blanche. Or Washington soutient la politique d’une « seule Chine », qui l’a conduit à interrompre à la fin des années 1970 ses relations diplomatiques avec Taïwan. L’île est de facto séparée de la Chine depuis 1949.
La Maison-Blanche s’est empressée vendredi de réaffirmer son « ferme attachement » à une Chine unique. « Il n’y a aucun changement dans notre politique de longue date », a indiqué à l’AFP Emily Horne, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
« Tsai est intelligente : comme Trump n’est pas encore président, lui parler n’est pas nécessairement un problème juridique », observe Jin Canrong, codirecteur de l’Institut de relations internationales à l’Université du Peuple (Pékin).
« Cet appel est révélateur » des ambitions de la présidente de Taïwan, issue d’un parti aux positions traditionnellement indépendantistes, et qui aimerait « une opposition américaine plus franche » à la Chine, indique-t-il à l’AFP.
Un changement de la politique américaine ?
Partisan au contraire d’un réchauffement entre Pékin et Taïpei, le Kuomintang, parti d’opposition taïwanais, s’est inquiété de cette « surprise » diplomatique. Il a demandé à « vérifier si cette conversation était un appel de courtoisie ou signalait un changement de la politique américaine ».
De l’avis général, une évolution fondamentale de la ligne de Washington semble cependant peu plausible.
« À voir comment Trump a réagi et appelé Tsai +présidente+, on voit qu'il agit légèrement et qu'il ne connaît pas grand-chose au dossier », raille Jin Canrong.
Face aux critiques, M. Trump avait tweeté : « La présidente de Taïwan M'A TELEPHONE pour me féliciter de ma victoire à la présidence. Merci ! ». Avant d'ajouter plus tard : « Intéressant le fait que les États-Unis vendent des milliards de dollars d'équipements militaires à Taïwan mais (que) je ne devrais pas accepter un appel de félicitations ».
Étant donné la personnalité impétueuse du milliardaire, « on ne peut exclure certains ajustements », note tout de même Zhang Wensheng, directeur d'études taïwanaises à l'Université de Xiamen. Donald Trump, avec sa « mentalité d'homme d'affaires », pourrait « gonfler les ventes d'armes américaines à Taïwan » par pur intérêt économique, confie-t-il à l'AFP. Ces ventes s'inscrivent dans l'engagement des États-Unis à garantir la sécurité de l'île.
La Croix avec AFP
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