Les évêques philippins déplorent l’exécution d’une domestique philippine au Koweït
Claire Lesegretain avec Église d’Asie, le 01/02/2017 à 16h20
La Conférence épiscopale philippine (CBCP) a exprimé ses condoléances à la famille de Jakatia Pawa, employée de maison à Koweit City qui avait été accusée du meurtre de la fille de sa patronne et qui a été exécutée le 25 janvier alors qu’elle a toujours clamé son innocence.
« La Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP) exprime ses sincères condoléances à la famille de la regrettée Jakatia Pawa, notre concitoyenne philippine qui a été exécutée au Koweït », a déclaré Mgr Socrates Villegas, évêque de Lingayen-Dagupan (au nord des Philippines) et président de la Conférence épiscopale philippine.
Originaire de Zamboanga, sur l’île de Mindanao (au sud de l’archipel philippin), Jakatia Pawa était mère de deux enfants de 16 et 18 ans. Bien que diplômée d’une licence en finance, elle avait dû, comme des dizaines de milliers de Philippins, quitter son pays pour travailler comme employée domestique à l’étranger, afin de subvenir aux besoins de sa famille. Jakatia Pawa exerçait comme employée domestique à Koweit City.
L’ADN sur l’arme du crime ne correspondait pas
En 2008, l’employée a été jugée coupable du meurtre de la fille de sa patronne, âgée de 22 ans et tuée de plusieurs coups de couteau durant son sommeil, le 14 mai 2007. Selon un communiqué de la sénatrice philippine Cynthia Villar, publié sur le site d’information philippin « Rappler », l’ADN retrouvée sur l’arme du crime ne correspondait pourtant pas à celle de Jakatia Pawa, qui a clamé son innocence jusqu’à son dernier souffle.
En 2010, le vice-président du Sénat philippin, Noli de Castro, s’était rendu au Koweït pour défendre le cas de Jakatia Pawa, afin que la peine capitale ne soit pas appliquée, mais sans succès. La famille de la victime koweïtienne a ensuite refusé les compensations financières proposées par la famille Pawa, et l’exécution de Jakatia Pawa a alors été programmée.
Jakatia Pawa a été exécutée le 25 janvier 2017, à l’âge de 44 ans. Pour Mgr Villegas, « le fait que Jakatia ait clamé son innocence jusqu’au bout souligne l’horreur de la peine de mort. La tristesse que nous éprouvons au sujet de sa mort devrait tous nous mobiliser contre la peine capitale », a-t-il ajouté.
D’autres Philippins emprisonnés à l’étranger
« Nous devons agir. La vie a du prix et compte. Le gouvernement ne devrait pas sous-estimer la valeur de la vie », a déclaré de son côté Mgr Ruperto Santos, évêque de Balanga, en charge de la Commission épiscopale pour les migrants et les gens du voyage. « J’appelle le gouvernement actuel à agir rapidement et avec fermeté au sujet des autres Philippins emprisonnés à l’étranger », et à ne pas rétablir la peine de mort qui « lui ferait perdre son autorité morale et légale », lorsqu’il demanderait la clémence aux pays concernés.
Rodrigo Duterte, président des Philippines depuis juin 2017, a en effet promis de rétablir la peine de mort, abolie depuis 2006. Du coup, dans un communiqué du 30 janvier, la CBCP a réitéré son opposition à la peine capitale. « Nous regrettons ces efforts acharnés visant à rétablir la peine de mort. (…) Les conventions internationales signées par les Philippines nous obligent à ne pas rétablir la peine capitale », déclarent les évêques catholiques philippins en appelant le gouvernement philippin à devenir « le défenseur de la vie de tous ».
Cette exécution de Jakatia Pawa intervient quelques jours avant la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains qui a lieu chaque 8 février, à l’initiative du pape François. Le 8 février est la fête de sainte Joséphine Bakhita, une Soudanaise esclave à 9 ans, devenue religieuse en Italie.
Claire Lesegretain avec Église d’Asie
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