Amnesty : Les milices chiites en Irak soupçonnées de torture et de crimes de guerre
Création : 7 janvier 2017
Amnesty - Pour lutter contre le groupe armé Etat Islamique, les milices alliées au gouvernement irakien ont accès aux armes de l’armée irakienne. Ces milices sont pourtant soupçonnées, elles aussi, de torture, de disparitions forcées ou de crimes de guerre.
Les milices paramilitaires qui opèrent en leur nom propre au sein des forces armées irakiennes pour combattre le groupe armé se désignant sous le nom d'État islamique (EI) utilisent des armes provenant de stocks militaires irakiens, fournis par les États-Unis, l'Europe, la Russie et l'Iran.
Des recherches menées sur le terrain depuis juin 2014 et des analyses d'experts de preuves photos et vidéos montrent que ces milices paramilitaires bénéficient de d'armes fabriquées dans au moins 16 pays – tanks et artillerie notamment - ainsi que tout un éventail d'armes légères.
LES SUNNITES DANS LE VISEUR DE CES MILICES MAJORITAIREMENT CHIITES
Les milices majoritairement chiites utilisent ces armes pour se livrer à des violations, comme la disparition forcée et l'enlèvement de milliers d'hommes et de garçons majoritairement sunnites, la torture et les exécutions extrajudiciaires, ainsi que la destruction injustifiée de biens.
Les Unités de mobilisation populaire – composées de 40 à 50 milices différentes – ont été fondées à la mi-2014 pour contribuer à lutter contre l'EI. Officiellement intégrées aux forces armées irakiennes en 2016, elles jouissent du soutien du gouvernement depuis bien plus longtemps.
Notre rapport porte surtout sur quatre milices principales qui, d'après les informations qu’elle a recueillies, ont commis de graves violations des droits humains : Munathamat Badr (Brigades Badr ou Organisation Badr), Asaib Ahl al Haq (La Ligue des vertueux), Kataeb Hezbollah (Brigades Hezbollah) et Saraya al Salam (Brigades de la paix).
Les milices des Unités de mobilisation populaire ont gagné en pouvoir et en influence depuis 2014. Elles reçoivent armes et salaires des autorités irakiennes et, de plus en plus, vont au combat ou tiennent des postes de contrôle aux côtés des troupes irakiennes.
Tous les miliciens qui se battent aux côtés de l'armée irakienne devraient faire l'objet de contrôles approfondis et rigoureux. Ceux qui sont soupçonnés d'avoir commis de graves violations doivent être exclus, dans l'attente d'enquêtes et de poursuites judiciaires. Les milices qui ne rendent pas compte de leurs actes et ne respectent aucune discipline doivent être incorporées au sein de l'armée et se plier à sa discipline, ou être désarmées et démobilisées.