La Fondation de l’islam de France s’ouvre aux femmesAnne-Bénédicte Hoffner, le 16/03/2017 à 14h50
Mis à jour le 16/03/2017 à 18h23
Le conseil d’administration de cette fondation laïque a approuvé la liste des membres du conseil d’orientation.
La composition de ce dernier fait la part belle aux femmes, universitaires, élues, militantes associatives, et à la société civile en général.
Parmi les membres féminins du conseil d’orientation de la Fondation de l'islam figurent plusieurs universitaires dont Leili Anvar, enseignante en langue et littérature persane, ici en 2015. / Sonia Sevilla/CC0 1.0/Wikipedia.Sur les trente membres du conseil d’orientation de la nouvelle Fondation de l’islam de France, onze sont des femmes. La parité est même quasiment atteinte – 11 femmes sur 24 – si l’on excepte les six membres du conseil d’orientation qui y siègent au titre du Conseil français du culte musulman. Tout un symbole.
Réuni le 6 mars, le conseil d’administration de cette fondation laïque, à vocation éducative et culturelle, a validé les derniers noms qui lui étaient proposés.
Parmi les membres féminins du conseil d’orientation figurent plusieurs universitaires : Houria Abdelouahed, psychanalyste franco-marocaine et maître de conférences à l’université Paris-Diderot ; Razika Adnani, philosophe et écrivain, fondatrice et présidente des Journées internationales de philosophie d’Alger ; Leili Anvar, enseignante en langue et littérature persane ; ou encore Inès Safi, chercheuse au CNRS en physique théorique, passionnée par le dialogue entre sciences et foi.
De « jeunes » voixDes élues ont aussi accepté d’y siéger, comme Bariza Khiari, sénatrice et présidente de l’Institut des cultures d’islam à Paris ; Naïma M’Faddel, ancienne déléguée du préfet des Yvelines à la politique de la ville, aujourd’hui adjointe au maire de Dreux (Eure-et-Loir) ; ou Khadija Gamraoui, maire adjointe chargée de la sécurité et des cultes à Carrières-sous-Poissy (Yvelines).
La composition du conseil d’orientation témoigne du souci de faire émerger des « jeunes » voix, comme celles de Radia Bakkouch, 25 ans, présidente de l’association Coexister, ou de Sofia Ben Azzouz, 28 ans, conservatrice du patrimoine.
Société civile
Outre les responsables du CFCM, d’autres membres incarneront les différents courants de « l’islam de France » : Éric Geoffroy, islamologue et président de la fondation Conscience Soufie ; Abdelhaq Guiderdoni, directeur de l’Institut des hautes études islamiques à Lyon ; ou encore l’imam de la Grande mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou, incarnant la sensibilité la plus libérale des Musulmans de France (ex-UOIF, branche française des Frères musulmans).
Enfin, la volonté du ministère de l’intérieur d’ouvrir largement la fondation à la société civile apparaît avec la nomination de l’éditeur Jean Mouttapa, du juriste et islamologue Francis Messner, professeur à l’Université de Strasbourg, de l’ancien chef du bureau des cultes Didier Leschi, du consultant et essayiste Hakim El Karoui, membre associé de l’institut Montaigne, ou encore de Pap’Amadou Ngom, président du Club du XXIe siècle, association de promotion de la diversité.
Un théologien et islamologue catholiqueUn théologien et islamologue catholique a également accepté de rejoindre la fondation : dominicain, le fr. Emmanuel Pisani est directeur de l’Institut de sciences et de théologie des religions à l’Institut catholique de Paris. Il a reçu l’an dernier le prix Mohamed Arkoun pour sa thèse sur le célèbre théologien musulman du XIe siècle, Al-Ghazali.
Il ne reste plus au conseil d’orientation qu’à élire son président – ou sa présidente – lors de sa première réunion, le 27 mars. Après de multiples revirements, Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande mosquée de Paris, pressenti pour occuper le poste, a finalement décliné la proposition.
Campus numériqueCette fondation, laïque et reconnue d’utilité publique, présidée par Jean-Pierre Chevènement, est l’un des piliers du futur édifice que Bernard Cazeneuve et aujourd’hui Bruno Le Roux auront tenté de bâtir pour faire émerger un « islam républicain ». Sa vocation est de financer des projets dans les domaines de l’éducation et de la culture.
Deux axes de travail ont déjà été validés par le conseil d’administration : la fondation financera des projets en direction de la jeunesse – avec les Scouts musulmans notamment – et dans le domaine de la formation des imams, pour faciliter par exemple leur inscription aux diplômes universitaires sur la laïcité.
La Fondation a également reçu des fonds pour soutenir la recherche en islamologie et réfléchit déjà à la mise en place d’un « campus numérique » sur l’étude du fait religieux.
Anne-Bénédicte Hoffner
http://www.la-croix.com/Religion/Islam/La-Fondation-lislam-France-souvre-femmes-2017-03-16-1200832426