Gérard Collomb veut « distinguer le droit d’asile des autres motifs de migrations »
Dans un entretien au « Journal du dimanche », le ministre de l’intérieur a rappelé la nécessité de trier davantage et plus vite les candidatures des demandeurs.
Le Monde.fr avec AFP | 06.08.2017 à 01h00 • Mis à jour le 06.08.2017 à 06h36
Les réfugiés doivent être accueillis plus rapidement et les migrants économiques doivent être effectivement reconduits à la frontière, pour empêcher qu’à terme le droit d’asile soit « remis en cause », a déclaré le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, dans une interview publiée le 6 août dans le Journal du dimanche.
« Les enquêtes d’opinion montrent une réticence de plus en plus grande » des Français sur la question de l’accueil des migrants, a-t-il averti. « Si l’on ne fait pas la distinction entre le droit d’asile et les autres motifs de migrations, ce sera le droit d’asile qui sera remis en cause. »
« Notre politique doit toujours concilier efficacité et générosité. Nous accueillons tous ceux qui fuient les guerres et les persécutions, mais nous distinguons les réfugiés de ceux dont la migration obéit à d’autres ressorts, notamment économiques », a-t-il ajouté.
A Calais, une situation toujours complexe
M. Collomb avait annoncé, samedi 5 août, la création, dans la région des Hauts-de-France, de deux nouveaux centres pour les migrants qui errent à Calais (Pas-de-Calais) dans l’espoir de rejoindre le Royaume-Uni.
La situation « demeure extrêmement complexe » à Calais, selon le ministre. Environ 350 migrants sont toujours présents sur place, neuf mois après le démantèlement de l’immense bidonville de la « jungle », et une centaine à Grande-Synthe (Nord), a-t-il dit.
« Il s’agit d’accueillir, mais aussi d’organiser des retours », a-t-il insisté, citant le cas des immigrés albanais.
Selon M. Collomb, « 20 % des places en centre d’accueil et de demandeurs d’asile [CADA] sont occupées par des gens qui viennent d’Albanie, sans visa, et qui font une demande d’asile en arrivant en France ».
« En 2016, 1 140 personnes y ont été renvoyées. Et j’ai donné des consignes aux préfets pour que ce mouvement soit accentué », a déclaré le ministre.
« Hotspots »
La question d’une distinction entre les demandeurs d’asile et les migrants économiques avait déjà été évoquée le 12 juillet par le gouvernement, lors de la présentation d’un « plan migrants ». Ce dernier prévoit notamment plus de 12 000 places d’hébergement pour les demandeurs d’asile et les réfugiés d’ici à 2019.
Pour mettre en place sa politique face à la crise des migrants, une des pistes évoquées par le président de la République, Emmanuel Macron, consistait à créer en Libye des centres d’enregistrement (« hotspots ») pour demandeurs d’asile, pour réguler les flux de migrants en amont. Mais le pays est toujours en proie au chaos.
« Ce type d’initiative ne peut pas actuellement être envisagé en Libye, compte tenu de la situation du pays », a d’ailleurs souligné le ministre de l’intérieur. Le chef de l’Etat « a souhaité que soient mis en place des centres d’orientation pour les demandeurs d’asile dans des pays situés au sud de la Libye », a ajouté M. Collomb.
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