Attaque contre des militaires à Levallois: un suspect interpellé
Après plusieurs heures de cavale, un homme circulant à bord du véhicule qui a foncé sur des militaires à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), blessant six d'entre eux, a été arrêté mercredi sur l'autoroute A16 en direction de Calais.
Les forces de sécurité traquaient depuis le début de matinée ce véhicule qui a pris la fuite après avoir percuté un groupe de soldats de l'opération Sentinelle, quatre jours après une tentative d'attaque contre d'autres soldats à la tour Eiffel.
Sur fond de forte menace terroriste en France, le gouvernement a dénoncé un "acte délibéré", et le parquet antiterroriste s'est saisi de l'enquête.
L'interpellation, "musclée" selon une source proche de l'enquête, s'est déroulée en début d'après-midi sur l'autoroute en direction de Calais, au niveau de la commune de Leulinghen-Bernes (Pas-de-Calais).
Pour échapper à son arrestation, le conducteur a percuté un ou plusieurs véhicules, et les policiers ont fait feu à plusieurs reprises, selon une source judiciaire.
Si les enquêteurs confirment qu'il s'agit du véhicule qui a percuté les militaires à Levallois-Perret, ils ne confirmaient pas à ce stade que le conducteur arrêté était bien celui qui a renversé les soldats.
L'homme interpellé, né en 1980, est "susceptible d'être l'auteur" de l'attaque, "car il était à bord" et "a tenté de prendre la fuite", a précisé une source judiciaire.
"Tous les moyens sont mis en oeuvre pour neutraliser" le ou les auteurs de l'attaque, avait souligné après le Conseil des ministres le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
"Nous savons que c'est un acte délibéré, ce n'est pas un acte accidentel", a insisté le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb à l'hôpital militaire Bégin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne), où il est venu voir trois des blessés. Présente à ses côtés, la ministre des Armées, Florence Parly, a condamné "cet acte lâche qui n'entame en rien la détermination des militaires à œuvrer pour la sécurité des Français".
Les militaires visés font partie du 35e régiment d'infanterie de Belfort, a précisé Mme Parly, ajoutant que les trois militaires blessés à qui elle a rendu visite avec M. Collomb étaient "très légèrement blessés". Les trois autres, admis à l'hôpital militaire Percy à Clamart (Hauts-de-Seine), "ne sont pas gravement blessés", a-t-elle poursuivi, évoquant des "nouvelles rassurantes".
L'attaque a eu lieu dans la ville cossue de Levallois-Perret, qui abrite notamment la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Elle s'est déroulée peu avant 08H00 en plein centre-ville, dans une rue piétonne et devant un immeuble HLM de 12 étages qui donne sur un parc arboré. Les militaires de Sentinelle y disposent au rez-de-chaussée d'un local.
- Sentinelle va être revue -
"Une voiture qui était dans le quartier est arrivée" vers le groupe de soldats, "elle roulait doucement, à 5 mètres à peu près des militaires, elle a accéléré de manière à pouvoir les percuter", a expliqué M. Collomb.
Un témoin, cité par BFMTV, a précisé avoir vu la voiture rentrer d'abord "dans trois militaires" puis "dans trois autres".
"J'ai entendu un énorme bruit", a raconté à l'AFP Thierry Chappé, un résident de l'immeuble, qui a vu depuis son balcon "deux militaires à terre, semblant inanimés", entourés d'une dizaine d'autres soldats.
Le chef d'état-major des armées, le général François Lecointre, et le Premier ministre Edouard Philippe, ont tous deux exprimé leur soutien aux militaires visés et à leurs proches.
Le parquet antiterroriste a ouvert une enquête pour "tentatives d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en lien avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste".
Depuis janvier 2015, la France est visée par une vague d'attentats jihadistes qui a fait au total 239 morts. Les dernières ont tout particulièrement visé les forces de l'ordre, sur des sites emblématiques.
Selon M. Collomb, c'est "la sixième fois" que l'opération Sentinelle, qui mobilise 7.000 soldats en permanence sur le territoire national depuis les attentats de 2015, est prise pour cible.
Samedi soir peu avant minuit à la tour Eiffel à Paris, un homme avait forcé l'entrée du périmètre du monument, puis sorti un couteau en criant "Allah Akbar", avant de se rendre sans opposer de résistance.
L'homme, admis en psychiatrie mais en permission de sortie, a dit pendant sa garde à vue vouloir "commettre un attentat contre un militaire". Il a été réadmis lundi en hospitalisation d'office.
Le 14 juillet, le président Emmanuel Macron a annoncé que Sentinelle allait être revue "en profondeur" pour notamment "prendre en compte l'effectivité et l'évolution de la menace".
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