Les nouvelles menaces de la Corée du Nord contre l’île américaine de GuamEn réponse à la promesse de « feu et de colère » faite par Donald Trump, Pyongyang a répété son intention de tirer quatre missiles sur cet île du Pacifique, dès cet été
Le Monde.fr avec AFP | 09.08.2017 à 15h08 • Mis à jour le 10.08.2017 à 09h56
Les mots sont plus forts, les menaces de plus en plus précises entre les Etats-Unis et la Corée du Nord. Le régime de Pyongyang a ainsi confirmé, jeudi 10 août, vouloir tirer quatre missiles vers l’île américaine de Guam, dans le Pacifique, affirmant que seule la force fonctionne avec le président américain, Donald Trump, « un gars qui a perdu la raison ».
« La Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces envers les Etats-Unis », avait dit le président américain, promettant,
« le feu et la colère, comme le monde ne l’a jamais vu jusqu’ici » en cas de poursuite des actions belliqueuses de Pyongyang. Donald Trump a même rappelé que l’arsenal nucléaire américain était «
plus fort et plus puissant que jamais auparavant ».Selon l’agence officielle nord-coréenne KCNA, l’armée nord-coréenne pourrait achever à la mi-août ses plans pour une attaque contre le territoire américain de Guam, petite île du Pacifique d’une importance stratégique pour les Etats-Unis. Ce plan, qui comprendrait le tir de quatre missiles qui survoleraient le Japon, sera présenté pour approbation à Kim Jong-un et constituera un
« avertissement crucial aux Etats-Unis », a précisé l’agence.
KCNA a également souligné le manque
« de raison » de Donald Trump.
« Un dialogue sensé n’est pas possible avec un tel gars dépourvu de raison et seule la force absolue fonctionne avec lui », a écrit l’agence citant le général Kim Rak-gyom, quelques heures après la mise en garde du locataire de la Maison Blanche à Kim Jong-un.
Donald Trump a vanté mercredi la puissance de l’arsenal nucléaire américain. Image diffusée par une télévision sud-coréenne, le 9 août. LEE JIN-MAN / AP
« Comparable à la crise des missiles »
Le chef du Pentagone, Jim Mattis, a appelé Pyongyang à stopper sa course aux armes nucléaires, mettant le pays en garde contre des décisions qui mèneraient
« à la fin de son régime et à la destruction de son peuple ».
« Les actions du régime de la RPDC [la Corée du Nord]
seront à chaque fois largement surpassées par les nôtres et il perdrait toute course aux armements ou conflit qu’il déclencherait », a précisé l’ancien général des marines, soulignant l’isolement grandissant de Pyongyang.
L’un des conseillers de Donald Trump, Sebastian Gorka, a pour sa part prôné l’unité, dressant ainsi un parallèle avec la crise des missiles soviétiques à Cuba, qui, au début des années 1960, mena le monde au bord du conflit nucléaire.
« Durant la crise des missiles de Cuba, nous nous sommes rassemblés derrière JFK. C’est comparable à la crise des missiles », a-t-il déclaré sur la chaîne américaine Fox News.
Nancy Pelosi, figure du Parti démocrate, a dénoncé les propos
« provocateurs et impulsifs » de Donald Trump qui
« affaiblissent notre capacité à trouver une issue pacifique à cette crise ». Tandis que le sénateur républicain John McCain a lâché :
« Je ne vois pas bien comment ce genre de rhétorique peut aider ».
Heather Nauert, porte-parole du département d’Etat, a, elle, assuré que les Etats-Unis parlaient
« d’une seule voix ».
« Et d’ailleurs, le monde parle d’une seule voix », a-t-elle ajouté, évoquant le vote par le Conseil de sécurité de l’ONU de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord.
« Responsabilité » et « désescalade »
Après cette brusque escalade rhétorique, la communauté internationale a appelé les deux pays à l’apaisement. A commencer par le Japon. Tomihisa Taue, le maire de Nagasaki, l’une des deux villes touchées par une bombe nucléaire américaine en 1945, a exprimé, mercredi, sa vive inquiétude quant au fait
« que des armes nucléaires puissent être à nouveau utilisées dans un avenir pas si lointain ».
L’Allemagne s’est également dite très inquiète de
« l’escalade dans la rhétorique autour de la péninsule coréenne », estimant la situation
« vraiment sérieuse ». « La voie militaire ne peut être une solution », a souligné le porte-parole du ministère, Martin Schäfer, faisant référence aux menaces de Donald Trump.
Si la France s’est refusée à commenter le choix des mots de M. Trump, Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, a déclaré :
- Citation :
- « La détermination du président américain telle qu’elle a été exprimée cette nuit est de toute façon la détermination que tous les présidents américains auraient eue, parce qu’ils ne peuvent pas accepter qu’une partie de leur territoire puisse faire l’objet de tirs de missiles balistiques nucléarisés. »
Il a toutefois assuré que la France regardait
« avec préoccupation » la crise des missiles nucléaires du régime nord-coréen, et a renouvelé l’appel de Paris, avec l’appui du Conseil de sécurité de l’ONU,
« à la responsabilité et à la désescalade ».
« La France est prête à mettre tous ses bons offices disponibles pour que nous puissions trouver une solution pacifiée », a-t-il encore affirmé.
Pékin, principal allié du régime du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, a pour sa part joint sa voix aux deux pays européens en appelant les parties à
« éviter les paroles et actions susceptibles d’intensifier les contradictions et d’aggraver la situation ».
Des sanctions sans précédent
La Corée du Nord, pays reclus, est désormais dotée d’armes nucléaires susceptibles d’être embarquées sur des missiles balistiques, y compris des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), selon les conclusions d’un rapport confidentiel achevé en juillet par l’agence américaine de renseignement militaire, la DIA. Mais les spécialistes divergent toutefois sur ses véritables capacités, en particulier à miniaturiser une tête nucléaire de façon à pouvoir la monter sur un missile.
Quant aux menaces répétées et l’enchaînement des tests de missiles par le régime de Kim Jong-un, ils sont un casse-tête pour le président américain. Sous l’impulsion de Washington, le Conseil de sécurité de l’ONU a néanmoins imposé aux autorités nord coréennes des sanctions sans précédent.
Les Etats-Unis ont par ailleurs su convaincre leurs partenaires chinois – premier soutien de Pyongyang – et russes de renforcer la pression internationale sur un pays accusé d’être une
« menace mondiale ».
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