Le patron de la Caisse des dépôts poussé vers la sortie par Macron
AFP le 22/08/2017 à 17:13, mis à jour à 21:30
L'Élysée a annoncé mardi que le patron de la Caisse des dépôts (CDC), Pierre-René Lemas, serait remplacé "'d'ici la fin de la semaine" par une "direction intérimaire" avant de préciser un peu plus tard qu'il assurerait lui-même cet intérim dans l'attente de son successeur.
Nommé en mai 2014, M. Lemas avait affiché à plusieurs reprises sa volonté de se maintenir à la tête de l'institution, bras financier de l'État, jusqu'à la fin de son mandat qui courait jusqu'en 2019.
Dans l'après-midi, alors que des informations de presse évoquaient la mise en place d'une direction intérimaire, l'entourage du président Emmanuel Macron avait indiqué à l'AFP qu'il serait "mis fin d'ici la fin de la semaine aux fonctions" de l'ancien secrétaire général de l'Élysée et proche de François Hollande, 66 ans et donc atteint mercredi par l'âge légal de la retraite préfectorale.
Le chef de l'État avait le choix entre reconduire M. Lemas, en lui accordant une dérogation, et le remplacer.
Après l'annonce brutale de son éviction, l'Élysée a toutefois donné l'impression de temporiser en annonçant que ce serait M. Lemas lui-même qui assurerait son propre intérim. La présidence a refusé d'évoquer le moindre nom s'agissant de son successeur.
Dans un communiqué publié dans la soirée, Pierre-René Lemas, apprécié par la base du personnel de la CDC, a pris acte de la décision présidentielle: "J'assumerai donc la continuité de la direction générale du groupe au service de l'intérêt général d'ici la nomination effective d'un successeur".
Eu égard à la méthode, l'annonce initiale de l'Élysée constitue un véritable camouflet pour le dirigeant sortant, âgé de 66 ans, à qui le chef de l'État aurait pu laisser la possibilité de désigner son successeur par intérim, comme l'avaient fait certains de ses prédécesseurs, tel Augustin de Romanet.
- "Spoil system" -
Le départ de l'énarque, ancien camarade de promotion de François Hollande, s'inscrit dans une logique macronienne de renouveau à la tête des institutions, qualifié de "spoil system" (littéralement "système des dépouilles"), une pratique américaine consistant à remplacer les dirigeants clés par des personnalités proches du nouveau pouvoir.
"Dans les six premiers mois, je renouvellerai ou je confirmerai la totalité des postes de responsabilité nommés en Conseil des ministres", soit 250 personnes, promettait en avril Emmanuel Macron dans un entretien au Journal du dimanche.
En trois ans, Pierre-René Lemas a entrepris une série de réformes au sein de l'institution bicentenaire. Il lui a ainsi fait prendre le virage du numérique et impulsé la redéfinition de ses plans stratégiques ainsi que du périmètre de ses filiales, ambitionnant d'en faire des champions nationaux.
Par ailleurs, il a entrepris d'assainir les pratiques au sein de la Caisse, visée depuis plusieurs mois par des rapports de la Cour des comptes pointant des dysfonctionnements en interne ou chez certaines de ses filiales comme la banque publique Bpifrance.
La nomination du patron de la Caisse reviendra donc à Emmanuel Macron, sa décision devant ensuite être validée par les commissions des finances de l'Assemblée nationale et du Sénat ainsi que par la commission de surveillance de la CDC, présidée par Gilles Le Gendre, député La République en Marche.
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