Attaques au Canada : cinq blessés à Edmonton, la police évoque un « acte de terrorisme »Les autorités ont annoncé, dimanche, l’arrestation d’un homme suspecté d’avoir renversé plusieurs personnes en voiture et poignardé un policier à terre.
LE MONDE | 01.10.2017 à 15h01 • Mis à jour le 02.10.2017 à 09h50 | Par Olivier Mougeot (Québec, correspondance)
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Après qu’un véhicule a renversé des piétons, à Edmonton, dans l’ouest du Canada, le 1er octobre. JASON FRANSON / AP
Samedi 30 septembre en soirée, Edmonton, la capitale de la province canadienne de l’Alberta, a été le théâtre de deux attaques terroristes faisant cinq blessés, à l’issue desquelles un homme de 30 ans a été arrêté.
Dans la journée de dimanche, la police canadienne a fait savoir que celui-ci était un Somalien qui bénéficiait du statut de réfugié. Si les autorités n’ont pas confirmé l’identité de l’attaquant, les médias locaux l’ont identifié comme étant Abdulahi Hasan Sharif. Il serait connu des services de renseignement canadien.
La première attaque a eu lieu à 20 h 15, près du stade du Commonwealth où les Eskimos, l’équipe de football américain de la ville, disputaient un match. Alors qu’un contrôle policier de routine s’effectuait aux abords du stade, une voiture a foncé et a heurté un des agents en faction, le projetant sur plusieurs mètres.
Après le choc, le conducteur est sorti de son véhicule et en a fait le tour pour venir porter au moins deux coups de couteau au policier à terre, avant de prendre la fuite à pied, selon des images d’une caméra de surveillance.
Chasse à l’homme
Commence alors une véritable chasse à l’homme dans la ville de 800 000 habitants. Pendant ce temps, la voiture du suspect est fouillée et un drapeau de l’organisation Etat islamique (EI) est retrouvé dans l’habitacle. Les attaques n’avaient cependant pas été revendiquées dimanche.
Un peu avant minuit heure locale, le suspect, qui conduit désormais un camion de location, est identifié à un barrage routier, à proximité du stade. Le chauffeur a présenté un permis de conduire au nom du propriétaire de la voiture impliquée dans la première attaque et un policier reconnaît ce nom. L’individu arrive à prendre la fuite au volant de son camion et une course-poursuite avec une dizaine de voitures de police s’engage tandis que l’homme prend la direction du centre-ville de la capitale de l’Alberta.
Le camion a alors délibérément tenté de happer plusieurs piétons sur l’avenue Jasper, l’une des rues les plus animées le samedi soir à Edmonton. Quatre piétons ont été fauchés avant que le suspect ne perde le contrôle de son véhicule et ne se renverse après plusieurs tonneaux. Il est alors appréhendé.
Deux des blessés ont quitté l’hôpital dans la journée de dimanche. Le troisième demeure hospitalisé et le quatrième, qui était dans l’état le plus grave, se trouve désormais dans un état stable. Quant au policier, il était également sorti de l’hôpital dimanche.
Suspect entendu en 2015
Dans la journée, le commissaire adjoint de la gendarmerie royale du Canada, Marlin Degrand, a indiqué que le suspect avait été entendu par les services de renseignement en 2015 dans le cadre d’une enquête sur des menaces d’attaques par des personnes radicalisées aux idées djihadistes. Après ces interrogatoires en 2015,
« il n’y avait pas de preuve suffisante pour le poursuivre avec des accusations de terrorisme », a-t-il déclaré.
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a réagi dès dimanche matin.
« Je suis extrêmement préoccupé et indigné par cette tragédie. (…)
Nous savons que le Canada tire sa force de notre diversité, et nous ne nous laisserons pas intimider par ceux qui cherchent à nous diviser ou à promouvoir la peur », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Selon l’expert en terrorisme Michel Juneau-Katsuya, le Canada ne risque pas de vivre des attaques aussi nombreuses et aussi fréquentes que l’Europe, notamment en raison d’un plus faible nombre de djihadistes potentiels et d’une situation sociopolitique très différente.
Dans un entretien avec
La Presse canadienne, il a rappelé que les autorités canadiennes s’étaient préparées à ce risque, mais que ce type d’attentat était difficile à prévenir. Selon lui, même si l’EI s’affaiblit au Proche-Orient, le Canada devra rester vigilant encore plusieurs années.
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