Centrales nucléaires : 29 réacteurs fragilisés par la rouilleLa centrale nucléaire de Cattenom (Moselle) le 17 octobre 2017.
©JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN, AFP
Orange avec AFP, publié le mardi 17 octobre 2017 à 15h33
L'Autorité de sûreté nucléaire met en garde contre le mauvais état des tuyaux de la source froide du circuit de refroidissement de dix centrales. Un incident de niveau 2 sur l'échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (Ines), qui en compte sept.Alors que Greenpeace a récemment alerté sur la sécurité des centrales nucléaires face à la menace terroristes, des militants ayant réussi à pénétrer, la semaine dernière, sur le site de Cattenom (Moselle), un nouveau rapport s'inquiète de la sûreté du parc nucléaire français. Cette fois, il émane de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Elle révèle, lundi 16 octobre, "un événement significatif pour la sûreté" classé au niveau 2 sur l'échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (Ines) - qui en compte sept. En cause, le "risque de perte de la source froide pour les réacteurs" de dix centrales : Belleville-sur-Loire (Cher), Cattenom (Moselle), Chinon (Indre-et-Loire), Cruas (Ardèche), Dampierre-en-Burly (Loiret), Golfech (Tarn-et-Garonne), Nogent-sur-Seine (Aube), Paluel (Manche), Saint-Alban (Haute-Garonne) et Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher). Vingt-neuf réacteurs de 900 MWe et 1.300 MWe sont concernés, précise l'ASN.
À la suite d'un premier incident classé de niveau 1 en août, EDF a investigué sur ses sites et signalé 20 réacteurs à risque à l'ASN la semaine dernière. Cette dernière a élargi l'avertissement.
Corrosion des tuyauxQuel est le problème ? La source froide, indispensable, pourrait être perdue en cas de rupture des "tuyauteries des systèmes d'alimentation en eau du réseau de protection contre l'incendie (...) et de filtration d'eau brute", due à un séisme par exemple, explique le gendarme du nucléaire.
"Ces dégradations sont la conséquence de la corrosion qui a pu se développer en l'absence d'une maintenance préventive adaptée", précise l'ASN. En clair, les tuyaux rouillent. L'Autorité avait déjà classé cet incident au niveau 1 de l'échelle Ines le 2 août dernier. À la suite de ce premier avertissement, EDF a réalisé des mesures dans les centrales concernées. "Des investigations approfondies ont révélé des épaisseurs de métal sur certains tronçons des tuyauteries ne permettant pas de justifier leur tenue en cas de séisme équivalent aux séismes 'de référence'", explique l'électricien dans un communiqué du 20 octobre.
Vingt réacteurs à risque, selon EDF Les analyses ont mis en évidence "un risque d'inondation de la station de pompage pour vingt unités de production, rendant indisponible les deux circuits d'alimentation en eau du réacteur".
Des renforcements de tuyauterie ont été réalisés pour neuf réacteurs : deux à Belleville, deux à Cattenom, deux à Dampierre-en-Burly, deux à Golfech et un à Saint-Laurent-des-Eaux. Des travaux sont en cours pour cinq réacteurs à Chinon, Cruas, Dampierre-en-Burly, Nogent-sur-Seine et Saint-Laurent-des-Eaux.
Enfin, "pour six unités de production en fonctionnement (à Cattenom, Chinon, Cruas, Dampierre-en-Burly et Nogent-sur-Seine, ndlr), un des deux circuits de refroidissement du réacteur a été sécurisé, ce qui garantit le fonctionnement de la centrale en toute sûreté même en cas de séisme. Les opérations de sécurisation du deuxième circuit de refroidissement sont en cours", précise EDF.
Aucun risque pour 28 autres réacteursEn conséquence, EDF a déclaré lundi à l'ASN un "événement significatif de sûreté dit 'générique' car commun à vingt unités de production, classé au niveau 2. "Les défauts à l'origine de cette déclaration n'ont eu aucun impact sur la sécurité des salariés ni sur l'environnement", souligne l'entreprise.
Par ailleurs, un événement de niveau 0 (écart) a été déclaré à l'ASN sur neuf autres unités : deux réacteurs à Cruas, Paluel et Saint-Alban, et trois au Tricastin (Drôme et Vaucluse). L'unité de production n°2 de Paluel est en cours de contrôle. "Pour 28 autres unités de production, les contrôles effectués ont démontré l'absence de risque d'inondation de la station de pompage en cas de séisme équivalent aux séismes 'de référence'". Une centrale nucléaire dispose d'une station de pompage qui approvisionne en eau l'ensemble de l'installation, grâce à l'eau de mer ou du fleuve avoisinant.
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