Darrieux. Décès de l'actrice à l'âge de 100 ans 


  Publié le 19 octobre 2017 à 10h27
Modifié le 19 octobre 2017 à 10h33     
 
  c'est un autre monument du cinéma français qui disparaît. L'actrice légendaire Danielle Darrieux est décédée ce mardi à son domicile de Bois-le-Roi (Eure), a annoncé son compagnon. 

 

Son état s'était "un peu dégradé récemment après une petite chute", a indiqué Jacques Jenvrin. Ce mardi "elle s'est endormie, on peut dire". Danielle Darrieux avait fêté ses 100 ans en mai dernier. "A 100 ans passés, c'était une personne un peu diminuée mais malgré sa cécité, elle était très attachée à la vie. On a encore eu une visite le 4 octobre, elle était très bien", ajoute son compagnon.

Un premier film à 14 ans

L'actrice avait tourné plus de 100 films au cours d'une carrière d'une longévité exceptionnelle. Archétype de la beauté féminine pour les générations d'avant-guerre, elle a été l'inoubliable partenaire de Jean Gabin dans "La Vérité sur Bébé Donge" (1953) et Gérard Philipe dans "Le Rouge et le Noir" (1954).
Née le 1er mai 1917 à Bordeaux, elle tourne à 14 ans son premier film, "Le Bal". Appréciée pour sa blondeur charmante et sa fraîcheur espiègle, elle joue dans des comédies avant d'aborder des rôles plus dramatiques et de triompher dans "Mayerling" aux côtés de Charles Boyer (1935). 

Une carrière internationale

Parallèlement, elle mène dès 1932 une carrière internationale qui la conduira à Hollywood et à Broadway. Egérie d'Henri Decoin, "DD", comme on l'appelait, tournera une demi-douzaine de films sous sa direction. Malmenée à la Libération (sous l'Occupation, elle a travaillé pour la Continental, dirigée par les Allemands), elle reprend néanmoins sa carrière et enchaîne les succès, dont "La ronde" et "Madame de..." (Ophüls), "L'affaire Cicéron" (Mankiewicz) ou "Marie-Octobre" (Duvivier).
 
En lui donnant un rôle dans "Les Demoiselles de Rochefort" (1967), Jacques Demy relance la comédienne qui, à 50 ans, continue d'incarner des personnages de femme élégante et drôle. Sous la direction de Paul Vecchiali ("En Haut des marches", 1983) ou d'André Téchiné ("Le Lieu du crime", 1986), l'actrice montre qu'elle n'a rien perdu de sa verve. 

Un Molière en 2003

En 2002, François Ozon la choisit pour "Huit femmes". A partir de 1969, Danielle Darrieux commence à se produire au théâtre, interprétant Feydeau, Guitry ou Marcel Aymé. En 2003, seule en scène, elle crée "Oscar et la dame rose" d'Eric-Emmanuel Schmitt, qui lui vaut un Molière. Elle a encore travaillé pour le cinéma et la télévision en 2010.

Danielle Darrieux s'est mariée trois fois, avec Henri Decoin, le richissime play-boy Porfirio Rubirosa et le scénariste Georges Mitsinkidès, décédé au début des années 90. Avec ce dernier, elle avait adopté un fils, mort lui-même peu après son mari.

© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/cinema/danielle-darrieux-deces-de-l-actrice-a-l-age-de-100-ans-19-10-2017-11708603.php#eMuaPBkr6x627TCw.99

Condoléances à sa famille. Je l'ai vu dans une dizaine de films dont le film d'Ozon

yacoub a écrit:

Condoléances à sa famille. Je l'ai vu dans une dizaine de films dont le film d'Ozon

Sa famille, je ne sais pas ce qu'il en reste avec deux divorces, son dernier mari décédé et leur fils adoptif aussi...
Je pense que sa famille, c'est plutôt ses confrères et consoeurs du cinéma et du théatre : tu ne crois pas ? enfin, elle ne devait pas être smicarde... alors il va sans doute arriver les "ayant droit" pour l'héritage...

Merci Yacoub ! ça nous rejeunit ! s'ils pouvaient le passer à la télé !!

ADIEU À UNE ÉTOILE

La lumineuse, la rayonnante Danielle Darrieux, après cent ans de vie, nous a quittés. Un jour où je lui demandais ce qu’était le bonheur selo...n elle, elle m’avait répondu : « Ouvrir les volets chaque matin. Et les refermer le soir. » Cette nuit, elle les a fermés pour toujours, ainsi que ses yeux, les plus magnifiques iris verts que j’ai jamais rencontrés. 


Elle avait 86 ans quand elle créa Oscar et la Dame Rose au théâtre. Elle éblouit tout le monde, le joua deux cents fois — seule en scène ! — et reçut enfin le Molière de la meilleure comédienne. Pendant ces deux ans, elle me donna la plus grande leçon artistique de ma vie : cultiver le naturel. Souvent quand un acteur interprète une réplique, je songe «Oh, comme c’est intéressant ! ». Avec elle, j’étais confronté à l’évidence. On ne pouvait dire autrement. C’était péremptoire. Il ne s’agissait plus d'une phrase apprise, écrite par un tiers, on se trouvait devant un personnage qui existait et s’exprimait. Juste. Toujours juste. 


Révélée à quinze ans, elle a su traverser le cinéma et le théâtre sans éclipses, nous démontrant qu’une femme peut être belle à tous ses âges. 


Sur son intimité, elle demeurait discrète, taisait ses chagrins — ne pas pouvoir enfanter, perdre son fils adoptif —, consciente que le charme féminin tient aussi de la pudeur et du secret. À l’époque où tout le monde raconte tout avec détails et complaisance, elle offre l’image d’un idéal d’élégance. 

Merci Danielle. Pour les films, les pièces, les photographies, les chansons, les rires, le sourire. Pour toi.
Et pour t’être fidèles, tout à l’heure, nous boirons du champagne.

Eric-Emmanuel Schmitt

Danielle Darrieux on ne fait pas mieux

Léo Ferré