Homélie de la messe du 15 octobre 2017 à Melle
« Des pleurs et des grincements de dents » : les paraboles dans saint Matthieu sont souvent rudes et celle-ci l’est particulièrement. JESUS ne craint pas de dire la violence du peuple qui, autrefois, tuait les prophètes et, bientôt, va le tuer lui-même. De plus, comme toute parabole, celle-ci ne contient pas une, mais plusieurs leçons. Sur la conversion, sur le Salut offert à toutes les nations. Mais je vais m’arrêter à la toute première, celle qu’on oublie souvent, et qui est celle-ci : le Seigneur fait chercher ses invités.
Ce ne sont pas ses invités qui viennent — pour tout dire, ils ne viennent pas —, c’est lui qui les fait chercher.
Et voici le premier secret que dévoile cette parabole. Nous disons souvent que nous cherchons, ou que telle personne cherche Dieu. C’est vrai… C’est vrai en partie. Car beaucoup d’entre nous ne savent que chercher — et comment chercher Dieu si l’on ignore tout de lui ? —, ou bien n’en ont pas le courage, ni l’envie, ni même l’idée.
Heureusement, c’est plutôt Dieu qui nous cherche. C’est lui qui est venu nous trouver par les prophètes, par l’Écriture, par l’enseignement que nous avons reçu, par les signes qu’il donne. C’est lui, le premier, qui directement ou indirectement nous a adressé la parole. Quand je prêche à des jeunes, et je prêche surtout à des jeunes, j’ai fréquemment l’impression de prêcher à des étrangers. De leur apporter une nouvelle dont ils n’avaient aucune idée. De les inviter dans un royaume qui leur est inconnu. Ils cherchent, assurément. Ils cherchent leur vie, leur voie, leur bonheur — mais ils cherchent rarement Dieu. Et moi, j’arrive avec une invitation à laquelle ils ne s’attendaient pas.
À ces jeunes je dis que le premier acte de la vie chrétienne, la définition même de la foi, c’est de se laisser chercher. Dieu est sorti de sa maison ; Dieu est venu dans notre monde, dans la nuit de notre monde ou de notre cœur, et il nous y cherche. Il ne veut pas nous forcer. Nous sommes libres. Mais il ne se lasse pas de nous chercher.
Il y a chez Dieu quelque chose d’humble et de suppliant. Ses messagers sont maladroits. Son invitation est fragile. Si nous n’en voulons pas, nous n’avons qu’à la froisser et à la jeter.
Dieu est comme l’ami qui cherche son ami perdu. Dieu est comme le père qui cherche son fils perdu dans la nuit. Il est tellement impatient de l’embrasser qu’il a pris sa lanterne et qu’il est sorti alors qu’il fait noir, et il appelle dans les rues désertes. Il prend des risques. Il se fatigue pour nous. Sa voix résonne dans le silence.
Et nous, tout ce que nous avons à faire est d’accepter qu’il nous appelle, et de lui répondre. Nous ne savons pas clairement ce à quoi il nous appelle. Dieu nous demeure largement mystérieux. Nous ne comprenons pas tout de lui et ce que nous croyons comprendre nous reste parfois difficile. Mais qu’au moins nous répondions à son appel. Qu’il s’agisse d’un témoignage ou d’une parole entendue ou d’un sentiment dans notre cœur, que nous répondions : « Oui, tu m’appelles. Tu me cherches, Seigneur. Tu m’es inconnu, en grande partie inconnu, mais je veux bien te rencontrer. » La foi, c’est cela, et rien d’autre : le Seigneur appelle, notre cœur entend.