Acculé en Syrie et en Irak, l'EI perd sa dernière grande villeLe groupe Etat islamique est chassé de son dernier grand centre urbain en Syrie et recule face à l'armée irakienne à al-Qaïm
AFP, publié le vendredi 03 novembre 2017 à 18h44
Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a perdu en 24 heures deux importants fiefs en Syrie et en Irak, dont Deir Ezzor, la dernière grande ville sous son contrôle dans ces deux pays voisins.
Retranchés dans une zone à cheval entre l'est de la Syrie et l'ouest de l'Irak, les combattants de l' EI
font face à des offensives des deux côtés de la frontière.
Vendredi, les forces irakiennes ont annoncé les avoir chassés d'Al-Qaïm et du poste-frontière proche de cette localité, qui relie l'Irak à la Syrie.
Un nouveau coup dur pour l'EI, qui a perdu jeudi la ville de Deir Ezzor
, dans l'est de la Syrie en guerre, reprise par l'armée syrienne soutenue par ses alliés russe et iranien.
La ville "était le siège principal des dirigeants de l'organisation. En perdant son contrôle, ils perdent leur capacité à diriger des opérations terroristes", s'est félicité le haut commandement de l'armée syrienne dans un communiqué.
- 'Phase finale' -"Deir Ezzor représente la phase finale dans l'élimination totale de" l'EI, a-t-il ajouté.
L'EI s'était emparé de la quasi-totalité de Deir Ezzor et de sa province riche en pétrole en 2014, profitant du chaos engendré par la guerre en Syrie, déclenchée en 2011 avec la répression de manifestations prodémocratie.
Un journaliste collaborant avec l'AFP a constaté l'ampleur des dégâts dans les quartiers de Deir Ezzor: des immeubles se sont écroulés, des façades ont explosé.
Les tranchées creusées par les jihadistes sont encore visibles. Vendredi, des unités d'ingénierie De l'armée s'employaient à désamorcer les mines et autres engins explosifs laissés par les combattants de l'EI, selon la télévision d'Etat syrienne.
Ces derniers mois, l'EI a subi revers après revers en Syrie et en Irak.
Au fil des batailles, les jihadistes ont été chassés de toutes les grandes villes qu'ils avaient conquises, principalement Mossoul en Irak reconquise par les forces irakiennes et Raqa en Syrie prise par une coalition arabo-kurde soutenue par Washington et rivale du régime.
Le groupe qui avait proclamé en 2014 un "califat" sur une zone vaste comme l'Italie, entre Irak et Syrie, a vu son territoire se réduire comme peau de chagrin.
Les jihadistes sont maintenant principalement retranchés dans une zone largement désertique à la frontière entre l'est de la Syrie et l'ouest de l'Irak, le long de la vallée de l'Euphrate, qui chevauche ces deux pays.
Ils y sont pris en étau entre d'une part le régime et l'alliance arabo-kurde dans l'est de la Syrie et d'autre part les forces irakiennes dans l'ouest de l'Irak.
- 'L'EI survivra' -En Syrie, le groupe ultraradical ne tient plus aujourd'hui qu'environ 35% de la province de Deir Ezzor et s'est retranché dans une ville de moindre importance, Boukamal, à la frontière irakienne. Les forces du régime syrien sont désormais à 30 km de cette cité après avoir à nouveau progressé vendredi, appuyées par l'aviation russe.
L'EI ne contrôle plus que quelques villages et localités et au moins un champ pétrolier dans la province de Deir Ezzor, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
En Irak, les forces gouvernementales appuyées par la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis ont chassé l'EI d'al-Qaïm, gros bourg du désert au coeur de son dernier bastion dans ce pays.
Le Premier ministre Haider al-Abadi a salué "la libération d'al-Qaïm en un temps record", après l'entrée le matin des troupes dans cette localité située à une dizaine de kilomètres de la Syrie.
Selon l'OSDH, des camions transportant des dizaines de combattants de l'EI fuyant al-Qaïm ont traversé la frontière en direction de Boukamal en Syrie.
Il ne reste plus désormais aux forces irakiennes qu'à s'emparer de la localité voisine de Rawa et des environs désertiques de ces deux bourgs de l'immense province d'Al-Anbar pour reprendre à l'EI la totalité des territoires qu'il avait conquis en 2014.
Selon la coalition internationale, environ 1.500 jihadistes sont encore présents dans cette zone désertique entre l'Irak et la Syrie, qui devrait être le théâtre de la "dernière grande bataille" contre le groupe responsable d'attentats meurtriers.
Mais préviennent des experts, les revers de l'EI ne signifient ni sa défaite définitive ni son éradication.
"Il y a hélas peu de doutes que l'EI, ou quelque chose de similaire, survivra à la campagne mondiale lancée contre lui" estime dans un rapport intitulé "Au-delà du califat", Richard Barrett, expert au sein du Soufan Group.
Et pour Colin P. Clarke, expert au sein du groupe de réflexion Rand Corp., les revers militaires "forcent l'EI à changer de stratégies et de tactiques, mais c'est quelque chose à quoi il s'est préparé activement. En résumé, il va passer d'une organisation insurgée à un groupe terroriste".
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