Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7545 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: « La crise du beurre illustre l’absurde de la guerre des prix » Sam 04 Nov 2017, 6:02 am | |
| « La crise du beurre illustre l’absurde de la guerre des prix »Recueilli par Antoine d’Abbundo , le 03/11/2017 à 17h57 ENTRETIEN. Pour Pascal Viné, délégué général de Coop de France, la coupe est pleine. « Il est urgent de rééquilibrer la relation commerciale entre distributeurs, industriels et producteurs. Et cela doit passer par la loi », explique le porte-voix des entreprises coopératives agricoles. Le 25 octobre, à Saint-Sebastien-sur-Loire. / LOIC VENANCE/AFP
La Croix : Lors de la première phase des états généraux de l’alimentation, tous les acteurs de la filière agroalimentaire semblaient d’accord pour mettre fin à la guerre des prix qui règne depuis des années. Et voilà que surgit la crise du beurre qui semble ramener au point de départ. Quel est le problème ?
Pascal Viné : C’est vrai, lors du lancement des états généraux, en juillet dernier, il y avait une sorte de consensus entre producteurs, industriels et distributeurs pour dire qu’il fallait rompre avec le dogme du prix bas censé profiter aux consommateurs mais qui, en réalité, détruit de la valeur et fait que nombre d’exploitants ne peuvent vivre dignement de leur travail, ce qui n’est pas soutenable. Mais la crise du beurre a effectivement montré que les belles résolutions se sont fracassées sur la réalité des comportements.
Quelle est la raison profonde de cette crise ? Manque-t-on de beurre dans le monde ? Est-ce un défaut de production nationale qui explique l’absence de beurre dans certains supermarchés français ? La vérité est que face à une demande de beurre qui ne cesse d’augmenter, en particulier de la part des pays émergents en Asie, les cours mondiaux ont été multipliés par trois en un an.
Une hausse que les grandes enseignes de distribution françaises, engagées entre elles dans une guerre des prix suicidaire, refusent de répercuter, ce qui conduit les transformateurs à préférer vendre leur beurre sur les marchés étrangers plus rémunérateurs. Car rappelons que l’enjeu pour nos coopératives est de garantir la meilleure rémunération possible des agriculteurs !
Cette situation est-elle spécifique à la France ?
P. V. : Tout à fait. En Allemagne, le prix moyen du beurre a augmenté de plus de 70 % sur l’année. Cela signifie que les distributeurs allemands ont accepté de répercuter la hausse sans que cela pose de problème majeur. Mais la majorité des distributeurs français s’y refusent.
Le bras de fer qu’ils imposent lors des négociations commerciales qui se déroulent chaque année en février est la marque d’un véritable mépris pour le travail des transformateurs et des producteurs. Ce comportement déloyal est inquiétant et la crise du beurre illustre, par l’absurde de la situation créée, la nécessité urgente de rééquilibrer la relation.
Comment sortir de cette crise ?
P. V. : La situation doit alerter les autorités. Si l’on veut que les états généraux de l’alimentation aient un réel impact, le gouvernement doit revoir le calendrier fixé par le président Macron lors de son discours de Rungis le 11 octobre dernier.
On ne peut pas attendre l’été prochain pour changer la loi en comptant, d’ici là, sur la bonne volonté des uns et des autres. Le gouvernement doit trouver, avant les prochaines négociations de février 2018, la fenêtre législative pour mettre en œuvre les modifications qui s’imposent.
Les solutions, tout le monde les connaît : il s’agit, entre autres, de relever les seuils de revente à perte, c’est-à-dire la limite de prix en dessous de laquelle un produit ne peut être vendu ; de limiter les promotions et les braderies ; de revoir les clauses de renégociations des contrats pour mieux intégrer les fluctuations de marché, à la baisse ou à la hausse ; d’aligner les comportements commerciaux sur les normes internationales… Bref, que la loi fixe le cadre qui garantira que chacun respecte bien les règles du jeu.
Recueilli par Antoine d’Abbundo
https://www.la-croix.com/Economie/France/crise-beurre-illustre-labsurde-guerre-prix-2017-11-03-1200889351
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