COP23. Le climat en état d'urgence Publié le 06 novembre 2017 à 08h37
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Jean Guisnel
Un rapport de l'administration Trump écrit qu'il est « extrêmement probable que les activités humaines soient la cause principale du réchauffement ».
Alors que s'ouvre, ce lundi, à Bonn (Allemagne), la 23e conférence sur le climat de l'Onu, les objectifs visés par l'Accord de Paris sont déjà menacés. L'ambition de limiter à 2% la hausse des températures, d'ici à 2030, par rapport au début de l'ère industrielle, est loin d'être assurée. Pourquoi la prise de conscience prend-elle autant de temps, et quelles seraient les conséquences d'une inaction ? Éléments de réponses.
De quand date la prise de conscience ?
Voici trente ans, en juin 1988, un climatologue de la Nasa, James Hansen, est le premier à évoquer publiquement le rôle des hommes sur le réchauffement climatique. En septembre 2002, le président français, Jacques Chirac, est l'un des premiers politiques de haut rang à lancer, dans un discours resté célèbre, un vrai cri d'alarme : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l'admettre ». L'Accord de Paris a été signé en 2015 mais, alors que la 23e conférence sur le climat commence à Bonn, l'urgence est plus extrême que jamais : l'objectif de limiter à 2 % la hausse des températures, d'ici à 2030, par rapport au début de l'ère industrielle, est vraiment très loin d'être gagné !
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Pourquoi la réponse politique est-elle si tardive ?
Depuis la révolution industrielle, l'humanité - et d'abord les pays développés - n'a cessé de puiser dans les réserves de combustibles fossiles (charbon, gaz, pétrole), responsables des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre. Les dirigeants ont d'abord tous refusé de modifier les pratiques polluantes, pensant qu'elles étaient un mal nécessaire au développement économique. Ils ont tardivement compris que cette attitude était une course à l'abîme, et qu'il fallait l'enrayer. C'est en cours...
Qui participe au processus lancé par l'Accord de Paris ?
195 pays ont signé cet accord de Paris mais pas la Syrie. Donald Trump en a fait sortir les États-Unis, en août dernier. Il a relancé l'extraction pétrolière et les mines de charbon, alors même que son pays, deuxième pollueur de la planète après la Chine, est aussi le premier, si l'on compte par tête d'habitant (16 tonnes de dioxyde de carbone par an). Aux États-Unis, pourtant, le matamore Trump, qui voyait le réchauffement climatique comme une « invention des Chinois », n'est pas suivi par tous. Un rapport de son administration, publié le 3 novembre, le contredit en écrivant qu'il est « extrêmement probable que les activités humaines, spécialement les émissions de gaz à effet de serre, soient la cause principale du réchauffement observé depuis le milieu de XXe siècle ».
Les États-Unis sont-ils hors jeu ?
Pas totalement. Aux États-Unis, les énergies renouvelables sont un moteur du développement et des villes, des États, des entreprises se sont résolument engagés pour poursuivre les efforts de l'administration Obama. La Chine et l'Inde, gros pollueurs, ont engagé des démarches dans le même sens, notamment pour proscrire progressivement les moteurs automobiles à pétrole. La France, le Royaume-Uni et d'autres pays sont sur la même ligne.
Quelles sont les conséquences immédiates ?
Ici même, en Bretagne, le réchauffement se fait déjà sentir dans l'agriculture, contrainte de modifier ses pratiques et de penser à la suite. Alors, imaginons les pays tropicaux ! Des révolutions sont à attendre avec, à la clé, sécheresses, inondations, ouragans, submersions de terres basses et transferts de populations associés. Les glaces fondent, ouvrant de nouvelles routes maritimes en Arctique, qui permettent d'accéder à des ressources naguère inexploitables... suscitant des revendications de la Russie. Les tensions sont déjà vives avec le Canada, les États-Unis, la Norvège et le Danemark, membre de l'Union européenne. Jusqu'où iront-elles ?
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