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 Le Hezbollah, bête noire de l’Arabie saoudite

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MessageSujet: Le Hezbollah, bête noire de l’Arabie saoudite   Le Hezbollah, bête noire de l’Arabie saoudite Icon_minipostedMar 14 Nov 2017, 5:21 am

Le Hezbollah, bête noire de l’Arabie saoudite

Marianne Meunier , le 14/11/2017 à 16h55  

C’est par l’ingérence du mouvement politico-militaire chiite que le premier ministre libanais Saad Hariri a expliqué sa démission, décidée sous l’influence de Riyad. Le royaume saoudien considère en effet le Hezbollah comme un bras armé de l’Iran, son ennemi juré, mais la réalité est plus complexe.


Le Hezbollah, bête noire de l’Arabie saoudite LArabie-saoudite-considere-Hezbollah-comme-lIran_0_729_538L’Arabie saoudite considère le Hezbollah comme un bras armé de l’Iran. / Aziz Taher/Reuters  

Lorsqu’il a annoncé sa démission, samedi 4 novembre, le premier ministre libanais, Saad Hariri, a invoqué l’influence grandissante du Hezbollah dans son pays ainsi que dans tout le Moyen-Orient. Le mouvement politico-militaire chiite libanais est « le bras armé de l’Iran non seulement au Liban mais également dans les autres pays arabes », a-t-il indiqué, dénonçant « l’ingérence » de l’Iran et de « ses inféodés dans la nation arabe ».


Riposte saoudienne


Le contexte de cette démission, rendue publique depuis l’Arabie saoudite, indique que Riyad a dicté la décision de Saad Hariri. Celle-ci constitue une riposte saoudienne à l’expansion de l’influence du Hezbollah, que Riyad considère comme une menace car elle y voit un indice d’une autre expansion : celle de son ennemi juré, l’Iran, depuis Téhéran jusqu’à la Méditerranée.

L’assimilation entre le Hezbollah et l’Iran ne reflète toutefois pas exactement les liens qui les unissent. « L’Arabie saoudite pense le Hezbollah comme un petit exécutant local de l’Iran, mais c’est une façon de plaquer sa conception des rapports de clientélisme, or, c’est plus complexe », précise la spécialiste du Hezbollah (1) Aurélie Daher, co-directrice du Mastère « Peace Studies » à Paris Dauphine et enseignante à Sciences-Po.

Dès les débuts du Hezbollah, dont la branche militaire, la Résistance armée libanaise, sa « maison-mère », est née avant la branche civile, soit entre 1982 et 1984, une relation d’obédience lie le mouvement au guide de la révolution iranienne, l’ayatollah Khomeiny. Celle-ci se vérifie encore aujourd’hui avec son successeur, l’ayatollah Khamenei. « Mais cette relation ne lie pas le Hezbollah au gouvernement iranien », note Aurélie Daher.

Le Hezbollah dispose ainsi d’« une marge de manœuvre et son propre agenda » d’après la chercheuse, qui ajoute que celui-ci, au Liban, est « simple ». « Le Hezbollah n’a pas de programme de gouvernement, explique-t-elle. Il est assujetti à l’ordre du jour militaire de la Résistance islamique libanaise, qui consiste tout simplement à vouloir préserver son armement. » Or, le thème du désarmement du Hezbollah revient régulièrement dans les discussions. Il est notamment réclamé par les États-Unis, qui le considèrent comme une menace pour Israël, dont l’occupation du Sud Liban, à partir de 1978, avait précisément motivé les fondateurs du Hezbollah.


Liens financiers entre Téhéran et la branche armée du mouvement


Des liens financiers existent néanmoins entre Téhéran et l’appareil militaire du Hezbollah, sur lequel « l’Iran déverse énormément d’argent », souligne Aurélie Daher. Ce soutien financier contribue au déploiement de la branche armée du mouvement en Syrie, où elle a prêté main-forte de façon déterminante au régime de Bachar Al Assad. « Les bataillons de la Résistance islamique libanaise en Syrie sont très présents, efficaces et gagnent toutes les batailles », indique la chercheuse.

En Irak, c’est surtout par le biais de la formation de milices chiites que le bras armé du Hezbollah s’est impliqué. Au Yémen, où l’Arabie est en guerre depuis mars 2015, contre les rebelles houthistes, appartenant à la minorité zaydite, une branche du chiisme, ces derniers reçoivent davantage le soutien iranien que celui du Hezbollah.

La complexité des liens entre Téhéran et le Hezbollah n’empêche donc pas l’Arabie saoudite de considérer le développement du mouvement hors des frontières libanaises comme un signe de l’expansionnisme iranien. C’est à tout le moins la démonstration d’un activisme militaire chiite, qui suffit à justifier, du point de vue de Riyad, la nécessité de le combattre par tous les moyens. 

(1) Auteure de « Le Hezbollah, mobilisation et pouvoir », PUF, 2014

https://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/Le-Hezbollah-bete-noire-lArabie-saoudite-2017-11-14-1200891951
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MessageSujet: Re: Le Hezbollah, bête noire de l’Arabie saoudite   Le Hezbollah, bête noire de l’Arabie saoudite Icon_minipostedMar 14 Nov 2017, 5:25 am

Les Libanais unis dans la dérision et la peur

Marwan Chahine (à Beyrouth) , le 14/11/2017 à 14h59
Mis à jour le 14/11/2017 à 16h19  

Malgré la crise politique que traverse le Liban, ses habitants font preuve de retenue et d’humour et réclament unanimes le retour de leur premier ministre Saad Hariri.


Le Hezbollah, bête noire de l’Arabie saoudite Participants-marathon-Beyrouth-arboraient-dimanche-12-novembre-pancartes-T-shirts-reclamant-retour-premier-ministre-Saad-Hariri_0_729_486Des participants au marathon de Beyrouth arboraient, dimanche 12 novembre, des pancartes et des T-shirts réclamant le retour de leur premier ministre Saad Hariri. / Anwar Amro/AFP

Tristement habitués aux conflits et aux crises politiques à répétition, les Libanais ont développé cette faculté à rire de tout, y compris du pire. Aussi, la démission surprise de leur premier ministre, Saad Hariri, annoncée le 4 novembre depuis Riyad – sans doute forcée par l’Arabie saoudite –, n’en finit pas d’être source de plaisanteries en tous genres.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux Libanais, de toutes confessions, ont partagé un détournement de l’affiche du film « Il faut sauver le soldat Ryan » devenue « Il faut sauver le soldat Saad », avec, à la place des acteurs, les visages du premier ministre, du président Michel Aoun et d’autres politiciens.

Ces blagues potaches expriment aussi une colère et une certaine forme de désabusement. « On rigole parce que la vie politique libanaise est un cirque permanent. Mais au fond, on en a tous marre, on veut juste un peu de normalité. Ce n’est pas seulement Hariri qui est prisonnier, c’est tout le peuple Libanais qui se retrouve encore une fois otage des puissances régionales », explique Sara, étudiante en droit international et qui se dit proche de la société civile.


« Avant d’être chiite, chrétien ou sunnite, on est libanais »


Alors que cette démission laissait craindre un regain de tensions communautaires dans un pays multiconfessionnel, elle semble avoir au contraire uni les Libanais et même ravivé une fibre patriotique. « Je n’aime pas spécialement Hariri mais il est totalement anormal qu’un pays étranger s’immisce dans nos affaires et kidnappe notre premier ministre. Les Saoudiens ont cherché à nous diviser mais on n’est pas entré dans leur jeu. On leur a montré qu’avant d’être chiite, chrétien ou sunnite, on était libanais », tonne Samer qui déplore cependant qu’il n’y ait pas eu plus de manifestations pour réclamer la libération de Saad Hariri.

Un rassemblement prévu samedi 11 novembre a été interdit par le ministère de l’intérieur par crainte de débordements. Mais le marathon de Beyrouth, qui s’est tenu le dimanche 12 novembre, a pris la forme d’un hommage à Saad Hariri. « Nous voulons le retour de notre premier ministre » ou « on t’attend », pouvait-on lire sur des pancartes à son effigie, brandies au bord de la course.

Dimanche 12 novembre au soir, le premier ministre est intervenu dans une émission sur la télévision libanaise Future TV – qui appartient à son parti. Il a alors déclaré qu’il allait rentrer « très bientôt » dans son pays, assurant être « libre » en Arabie saoudite où il se trouve toujours depuis sa démission surprise, et a une nouvelle fois appelé l’Iran à ne pas s’ingérer dans les affaires du Liban et des pays arabes.


Réactions plus contrastées chez les sunnites


Au sein de la communauté sunnite, mais aussi parmi les chrétiens hostiles au Hezbollah, les réactions sont plus contrastées. Omar, la quarantaine grisonnante, proche du Courant du futur (mouvement de Saad Hariri) avoue être confus et, malgré des éléments de plus en plus probants, refuse de croire en un départ contraint. « On ne sait pas ce qui s’est passé. Hariri avait de bonnes raisons de démissionner. Ils (le Hezbollah) ont tué son père (Rafic Hariri), il est crédible qu’ils aient cherché à le tuer lui aussi », assure cet informaticien.

Ahmed, son collègue, sunnite lui aussi, partage cette hostilité au parti chiite mais n’approuve pas pour autant l’ingérence saoudienne. « Saad Hariri est un modéré, comme presque tous les sunnites du Liban. Malgré les provocations du Hezbollah, il ne voulait pas d’une nouvelle guerre, c’est pour ça que Mohammed Ben Salman s’est débarrassé de lui », croit-il savoir. L’homme se dit optimiste : « si chacun fait un effort, une solution politique sera trouvée. Il faut qu’il rentre au Liban et reprenne ses fonctions. »

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Offensive diplomatique autour du Liban


Mardi 14 novembre, le président français, Emmanuel Macron, bien décidé à tout faire pour assurer la stabilité du Liban, recevait le ministre libanais des affaires étrangères Gebran Bassil, sur « proposition » du président Michel Aoun.

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian se rendra quant à lui jeudi 16 novembre à Riyad où se trouve déjà le patriarche maronite, Mgr Bechara Raï. Il y est arrivé lundi 13 novembre pour une visite historique, en pleine crise diplomatique entre le Liban et l’Arabie saoudite après la démission soudaine du premier ministre libanais Saad Hariri, annoncée depuis la capitale saoudienne.

Mgr Bechara Raï devrait le rencontrer, ainsi que le roi Salmane et le prince héritier Mohamed ben Salmane, lors d’une visite symbolisant un rare moment d’échange interreligieux dans le royaume ultraconservateur.

Lors de sa rencontre avec la communauté libanaise à Riyad, il a déclaré : « Nous allons maintenir une amitié forte entre l’Arabie saoudite et le Liban »… « C’est notre histoire, même si nous avons parfois eu des relations orageuses. Il y a une histoire d’amitié avec ce cher royaume ».



https://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/Libanais-unis-derision-peur-2017-11-14-1200891926
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