Johnny Hallyday est mort : l’idole aux 110 millions de disques vendus disparaît à 74 ans
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Capucine MODERATION
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Sujet: Johnny Hallyday est mort : l’idole aux 110 millions de disques vendus disparaît à 74 ans Mar 05 Déc 2017, 9:52 pm
Johnny Hallyday est mort : l’idole aux 110 millions de disques vendus disparaît à 74 ans
Johnny a conquis des générations de Français avec ses tubes « Que je t’aime », « Quelque chose de Tennessee », « Allumer le feu »…
LE MONDE | 06.12.2017 à 03h07 • Mis à jour le 06.12.2017 à 08h17
Avec la mort de Johnny Hallyday, dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 décembre, à l’âge de 74 ans, c’est une légende de la chanson française qui disparaît. L’artiste était devenu un mythe vivant en France, ayant conquis un très large public qui appréciait autant sa personnalité et sa sensibilité que ses chansons. Sa carrière est phénoménale, il a enregistré plus de mille titres, composé une centaine de chansons et vendu 110 millions de disques.
« Johnny Hallyday est parti, a déclaré l’épouse du chanteur Laeticia Hallyday dans un communiqué à l’Agence France-presse (AFP). J’écris ces mots sans y croire. Et pourtant c’est bien cela. Mon homme n’est plus. Il nous quitte cette nuit comme il aura vécu tout au long de sa vie, avec courage et dignité. » L’artiste, qui est décédé des suites d’un cancer du poumon, avait été hospitalisé pour détresse respiratoire, il y a un mois. Après six jours passés dans la clinique Bizet du 16e Arrondissement de Paris, il avait décidé de rentrer à son domicile de Marnes-la-Coquette. Depuis sa femme n’avait plus communiqué via les réseaux sociaux.
Johnny Hallyday, pseudonyme de Jean-Philippe Smet, est né le 15 juin 1943, à Paris, d’un père belge et d’une mère française. Ses parents se quittent après sa naissance. L’absence de son père l’obsédera toute sa vie. Jean-Philippe est élevé par sa tante paternelle Hélène Mar, qui s’installe à Londres. Les deux filles Mar sont danseuses classiques. Il découvre avec elles, et l’époux de l’une d’elles, Lee Halliday, le monde du spectacle. Il s’inspirera de son surnom pour choisir son propre nom de scène.
En 1957, c’est le retour à Paris. Il se fait des amis, dont Christian Blondieau, alias Long Chris, Claude Moine, le futur Eddy Mitchell, et Jacques Dutronc. Il adore le cinéma et découvre le rock’n’roll dans les films d’Elvis Presley. Il fréquente assidûment les lieux culte du rock français comme le Golf-Drouot, où il interprète des chansons de Presley.
« Souvenirs souvenirs »
En 1959, il participe à l’émission télévisée « Paris cocktail » et se fait remarquer par le directeur artistique de Vogue, qui l’engage pour un an. En mars 1960 sort un premier disque, avec notamment les titres T’aimer follement et Laisse les filles. La même année, en juin, il sort un deuxième disque, Souvenirs souvenirs, qui est son premier tube. C’est le vrai début de sa carrière. Il commence à se produire sur scène, et triomphe lors du premier festival rock organisé au Palais des sports, en 1961. Il se produit à l’Olympia et sort l’album Salut les copains, en référence à la célèbre émission de radio créée en 1959 sur Europe 1. Il devient l’« idole des jeunes ».
En 1965, il épouse la chanteuse Sylvie Vartan. Leur fils, David, naît en août 1966. Johnny est alors le chef de file des « yéyés », les héros des baby-boomers. Il évolue vers la pop et le rythm’n’blues avec l’album Génération perdue.
En 1969, la chanson Que je t’aime marque son tour de chant. Le journaliste Philippe Labro, avec qui il partage sa passion de l’Amérique, lui écrit des chansons, puis c’est l’auteur-compositeur Michel Mallory qui l’influencera beaucoup. En 1971, il se fait acteur devant la caméra de Claude Lelouch dans L’aventure c’est l’aventure. Les tournées continuent mais cette vie tumultueuse a raison de son couple. Johnny et Sylvie finissent par divorcer en 1975. S’il garde son public, son rock ne paraît plus dans l’air du temps. Il est plus un chanteur de variétés. Pourtant le succès est encore là. En 1977, la chanson Elle m’oublie est un énorme tube, un des plus importants de la décennie.
« Quelque chose de Tennessee »
Au début des années 1980, le chanteur connaît une période creuse. Mais à partir de 1984, c’est la renaissance. Il rencontre Michel Berger, créateur de Starmania, qui lui compose des titres inoubliables comme « Quelque chose de Tennessee », de l’album Rock’n’roll attitude. Jean-Jacques Goldman lui compose également des titres, dont Laura, chanson dédiée à sa fille Laura Smet, née en 1983, de sa liaison avec l’actrice Nathalie Baye, rencontrée sur le tournage du film Détective, de Jean-Luc Godard. Le chanteur revenu en grâce intéresse la presse à sensation pour ses multiples liaisons.
En 1986, il se sépare d’avec Nathalie Baye, et en 1990 il épouse Adeline Blondieau, fille de son ami Long Chris. Après un divorce, il se marie en 1996 avec la mannequine Læticia Boudou, son épouse actuelle. Le public continue de l’adorer. Il s’offre le Parc des Princes en 1993 pour ses 50 ans et triomphe au Stade de France en 1998. Il collabore désormais avec Pascal Obispo. Monument du rock français, il reçoit en 1997 la médaille de chevalier de la légion d’honneur.
En 1998, il accorde un entretien au Monde, où il se révèle et confie prendre de la cocaïne pour « travailler, relancer la machine, tenir le coup ». Mais Johnny Hallyday tient bon malgré ses excès et ses problèmes de santé grâce au public qui l’adule. En 2000, il fête ses quarante ans de carrière. Le 10 juin, il donne un spectacle gratuit à la tour Eiffel devant 500 000 spectateurs. En 2002, il sort le 43e album de la carrière A la vie, à la mort, qui se vend à 1,5 million d’exemplaires. Il marque son retour à la chanson après deux années de pause consacrées au cinéma.
En 2004, il change de maison de production et passe chez Warner Music. Il enregistre en 2007 Avec le cœur d’un homme, un disque aux influences blues. Sa santé se dégrade et, en 2009, il est hospitalisé pour un cancer, dont il se rétablit après une longue convalescence. 2010 est l’année de retour sur scène après ses ennuis de santé. C’est aussi sur scène qu’il fête ses 70 ans en juin 2013. L’artiste tourne ensuite en France et à l’étranger. Les tournées comme « Le rester vivant tour » ou en 2017 « La tournée des vieilles canailles » avec ses amis Mitchell et Dutronc sont des succès. Mais la santé de l’artiste se détériore encore et en mars 2017, il révèle être soigné pour un cancer du poumon.
« Que je t’aime ! Que je t’aime ! Que je t’aime ! » Il fallait oser. Oser mettre les mots de Johnny dans la bouche même de Dieu, accueillant le rockeur en son paradis pas artificiel. Oser faire de cette journée dédiée au culte anémié de la loi de 1905, un grand, un énorme, un abracadabrantesque moment d’évangélisation populaire. Depuis quand, déjà, l’Église n’avait-elle pu parler à tant de peuple de tant de choses importantes ? Depuis quand un missionnaire n’avait-il pas fait mission à telle échelle ? Retenez cette date : le 9 décembre 2017, en la solennité de la Sainte-Laïcité et à la suite de l’apôtre Johnny Hallyday, des millions de Français sont entrés non pas dans une église, mais dans leur Église. Ce pèlerinage, invraisemblable dans un pays aussi post-chrétien que le nôtre, ils croyaient l’accomplir en dévotion pour un demi-dieu à la vie scintillante. Mais Johnny, improbable dans son cercueil blanc, n’était que le premier de tous ces pèlerins, qui menait la foule à la suite de « celle dont l’amour pour JESUS ne s’est jamais démenti ». La Madeleine. Homélie des funérailles de Johnny Hallyday à la Madeleine Car soudain, on n’y peut plus rien. C’est inéluctable. C’est calme. C’est évident. Rien ni personne ne peut entraver ce que la volonté de la famille et la complicité de la République a mis en mouvement. La télévision, les réseaux sociaux, tout ce qui vit et fait communication ouvre ses digues, offre ses canaux, prête son temps de cerveau disponible. Cherchant leur intérêt, tous les marchands d’image confient leur part d’audience à la divine Providence. À croire qu’elle s’y connaît toujours autant en spectacle, la fille aînée, même quand il s’agit de souffler le show dans cette froide nef a priori impropre à l’effusion mystique. Un samedi inattendu et fervent « Je suis né catholique et je mourrai catholique », rappelle Daniel Rondeau, comme Johnny l’avait jadis dit à La Vie. L’avez-vous notée, cette formule aussi bizarre que juste et aussi juste qu’incroyable, qui fait du rockeur défunt « l’ange crucifié de la résurrection et du pardon » ? Ces mots… oui, vous les avez notés, forcément. D’ailleurs qui, venu pleurer ses pauvres souvenirs, ne les a saisis, fût-ce malgré lui ? Alors un grand silence national se fait. Il se fait pour Johnny, mais il se fait incidemment, accidentellement, providentiellement pour Dieu. Rumeurs, ricanements de petits marquis et de starlettes de talk show, postures… tout disparaît. Et l’Église, qui sait si mal communiquer, qui si sait si peu s’expliquer, qui sait si rarement se faire entendre, qui doit tant se faire pardonner… L’Église prend la parole, comme elle sait si bien en ces moments-là. Elle donne, elle pardonne. Entendez ce sermon, enfants perdus, et saluez l’impressionnant à propos de l’officiant, le père Benoist de Sinety – franc, bienveillant, explicite, solide comme le roc sur lequel on rebâtit l’Église : « Tout homme peut entendre de ses oreilles une espérance nouvelle. La mort n’est pas le dernier mot de nos histoires... L’amour dont Dieu vous aime est bien la seule promesse que rien ni personne ne pourra jamais nous arracher. » Les obsèques de Johnny auront marqué la persistance et la vitalité d’un catholicisme qui, pour n’être plus officiellement d’État le demeure [i]de facto, comme ultime recours. Un catholicisme qui reste la langue qui sait le mieux nous dire.[/i] L’hommage rendu à Johnny Hallyday aura été, comme l’a dit Philippe Labro, un moment de « communion populaire ». Une telle communion aurait parfaitement pu rester séculière, comme quand la France fut Charlie. La seule différence, c’est que cette fois, la France était Johnny. Que partant d’un sacré immanent, vulgaire, païen, elle chercha sa transcendance, son élévation, sa justification. Que cette fois, cette fois improbable et à tant d’égards impossible, elle la trouva. Les obsèques de Johnny auront marqué, et avec quelle force, avec quelle évidence, la persistance et la vitalité d’un catholicisme qui, pour n’être plus officiellement d’État le demeure de facto, comme ultime recours. Un catholicisme qui reste, jusqu’à nouvel ordre, la langue qui sait le mieux nous dire. La religion du petit peuple sans religion. J’ai noté, au vol, ces mots d’écrivain : « La grâce aura été l’aboutissement de sa gloire ». Que dire de plus chrétien ? Johnny, l'homme à qui l'on pardonnait tout Je l’avoue, je n’étais Johnny en aucune façon. Et je n’aime pas le culte des faux dieux, quel que soit leur temple. L’expression « idole des jeunes » m’a toujours hérissé. Je n’étais pas sûr qu’il faille la comprendre au premier degré – et je ne l’étais toujours pas quand je vis, immense, le portrait du chanteur affiché sur la façade de la Madeleine. Je tiquai aussi en citoyen, et jusqu’au dernier moment, sur le culte républicain, ces obsèques qui furent, de fait sinon de droit, des funérailles d’État. Johnny serait donc la France ? Lui, le plus célèbre de nos exilés fiscaux, une sorte de saint républicain ? Or, voilà. Ceux qui ne communient pas, pour cette raison ou d'autres encore, ont mille fois raison, mais cette fois, c’est autre chose. Qui leur donne tort. Il y a plus fort que toutes les bonnes raisons de se tenir à l’écart. Il y a le mouvement de la nation qui est un fait, un fait incontournable, indiscutable. Ce pays ordinaire marche parce qu’une « force qui va » l’unit et le rassemble dans un commun qui ne s’explique pas, mais dont on sent la force et l’impérieuse nécessité. Et tout le monde dit, croyant au ciel ou n’y croyant pas, que cela s’appelle amour. Johnny au paradis... fiscal Ce n’était pas d’un homme, d’un interprète génial, d’un citoyen plus ou moins exemplaire qu’il s’agissait, mais de millions de vies, d’histoires humaines, comme a si bien su l’exprimer Emmanuel Macron dans un discours à hauteur d’homme, à hauteur de peuple, à hauteur de circonstance. On comprend la rage des esprits chagrins, qui tel Jean-Luc Mélenchon ont bien vu la portée de cet acte et s’en sont offusqués. Ils disent vrai, même s'ils n'y voient pas plus loin que leurs marottes. La Madeleine, c’est redoutable et c’est contestable à tous points de vue. Un temple catholique qui toise, par-delà la Seine, le temple républicain. Palais Bourbon contre Église impériale, face à face gravés dans la topographie capitale, empreinte et emprise que ne pourraient effacer les sectaires qu’en rasant la ville lumière. Mais c’est aussi cela, la laïcité, cette intelligence du vis-à-vis et du l'un après l'autre, chacun dans son ordre propre ! Ce jeune président parlant au peuple alors que Dieu patiente, certain que le cortège entrera. Et ce prêtre qui, calmement, publiquement, nationalement dit alors au défunt : « Vous avez été baptisé dans la mort et la résurrection du Christ… entrez avec nous dans cette église pour y célébrer l’amour de Dieu et la victoire de l’amour sur toute mort. » Soyons donc, puisqu’à la mort de Johnny le père de Sinety nous y a invités, « des icônes de l’amour de Dieu plutôt que des idoles dont la vie s’épuise ».