Rappel du premier message :
Pour ceux qui désirent participer à l'heure sainte du jeudi en union de prières avec Saufi et moi-même :
[color=red][size=10]A. Qu'est-ce que l'Heure Sainte?
La pratique de l'Heure Sainte a été enseignée à Sainte Marguerite-Marie, au XVIIème siècle, à Paray-le-Monial, par Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même en ces termes :
« Toutes les nuits du jeudi au vendredi, je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j’ai bien voulu sentir au jardin des Olives ; laquelle tristesse te réduira, sans que tu la puisses comprendre, à une espèce d’agonie plus rude à supporter que la mort. Et pour m’accompagner dans cette humble prière que je présentai alors à mon Père parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras entre onze heures et minuit,
pour te prosterner une heure avec moi, la face contre terre, tant pour apaiser la divine colère, en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque façon, l’amertume que je sentais à l’abandon de mes apôtres, qui m’obligea à leur reprocher qu’ils n’avaient pu veiller une heure avec moi, et pendant cette heure tu feras ce que je t’enseignerai. »
Les caractères propres de l'Heure Sainte sont donc parfaitement définis par le Sacré-Cœur de Jésus : il s'agit d'un exercice de dévotion dans lequel,
a) pendant une heure,
b) par l'oraison mentale et par des prières vocales,
c) on s'unit aux tristesses que Jésus ressentit lors de la Sainte Agonie,
d) on implore miséricorde pour les pauvres pécheurs,
e) on cherche à apaiser la justice divine,
f) et on console le Sauveur de l'ingratitude et de l'abandon des siens.
L'Heure Sainte ne se confond donc pas avec l'adoration du Saint-Sacrement: son objet propre c'est le mystère de Gethsémani, et pas directement la Sainte Eucharistie. Même si on peut avoir du profit à la pratiquer à l'église, devant le tabernacle ou devant le Saint-Sacrement exposé, cela n'est pas du tout une condition obligatoire: Sainte Marguerite-Marie la faisait dans sa cellule, prosternée à terre devant son Crucifix, et non dans la chapelle du monastère ou dans un oratoire.
Elle se distingue aussi de l'adoration parce qu'elle est un temps de supplications et d'intercessions adressées au Père céleste pour obtenir la conversion et le salut des pécheurs; et c'est aussi un temps consacré à des prières de réparation adressées à Notre-Seigneur Jésus-Christ pour le dédommager de la solitude amère dans laquelle l'ont laissé ceux qui eussent dû veiller une heure avec lui et s'étaient assoupis au lieu de l'entourer et de le soutenir par la ferveur de leur amour.
Notre-Seigneur demandait à Sainte Marguerite-Marie de la faire toutes les nuits du jeudi au vendredi de onze heures à minuit (mais il exigeait qu'elle ait pour cela la permission de sa supérieure). Si l'on peut, sans dommage pour sa santé ou pour son devoir d'état, faire l'Heure Sainte de la même manière, c'est évidemment très bien. Cependant la Sainte Église, tant pour permettre à davantage de fidèles de la pratiquer que par une sage prudence, a permis qu'on puisse la faire à un moment plus avancé de la soirée.
Les Papes ont encouragé sa pratique et ils ont élevé la "Confrérie de l'Heure Sainte" au rang d'archiconfrérie qu'ils ont enrichie de précieuses indulgences : les membres de l'archiconfrérie peuvent ainsi obtenir une indulgence plénière chaque fois qu'ils font l'Heure Sainte (selon les conditions habituelles). Les personnes qui veulent faire partie de "l’Archiconfrérie de l'Heure Sainte" doivent se faire connaître au Monastère de la Visitation de Paray-le-Monial. Les registres où sont inscrits les noms des associés sont conservés dans la cellule de Sainte Marguerite-Marie, convertie en oratoire.
Certaines personnes se sont demandées comment Notre-Seigneur pouvait être consolé dans son agonie par des prières de réparation et d'amour faites par des âmes vivant sur terre plusieurs siècles après qu'elle a eu lieu. Le Pape Pie XI, dans son encyclique "Miserentissimus Redemptor"(8 Mai 1928) consacrée au devoir de réparation que l'on doit au Coeur de Jésus, a expliqué :
« Ce sont les péchés et les crimes des hommes commis en n’importe quel temps qui ont causé la mort du Fils de Dieu ; ces mêmes fautes, maintenant encore, sont de nature à causer la mort du Christ, dans les mêmes douleurs et les mêmes afflictions, puisque chacune d’elles est censée renouveler à sa manière la Passion du Seigneur (…).
« Que si, à cause de nos péchés futurs, mais prévus, l’âme du Christ devint triste jusqu’à la mort, elle a sans nul doute, recueilli quelque consolation, par prévision aussi, de nos actes de réparation alors "qu’un ange venant du ciel lui apparut" (Luc XXII, 43), pour consoler son Cœur accablé de dégoût et d’angoisse.
« Ainsi donc, ce Cœur Sacré incessamment blessé par les péchés des ingrats, nous pouvons maintenant et même nous devons le consoler d’une manière mystérieuse mais cependant réelle »
Pour terminer cette présentation, citons encore les paroles de Notre-Seigneur à sa confidente de Paray-le-Monial au sujet de son agonie de Gethsémani:
« C’est ici où j’ai plus souffert intérieurement qu’en tout le reste de ma Passion, me voyant dans un délaissement général du Ciel et de la terre, chargé de tous les péchés des hommes. J’ai paru devant la sainteté de Dieu qui, sans égard à mon innocence, m ‘a froissé en sa fureur, me faisant boire le calice qui contenait tout le fiel et l’amertume de sa juste indignation ; comme s’il eût oublié le nom de Père, pour me sacrifier à sa juste colère. Il n’y a point de créature qui puisse comprendre la grandeur des tourments que je souffris alors. C’est cette même douleur que l’âme criminelle ressent, lorsqu’elle paraît devant le tribunal de la Sainteté divine qui s’appesantit sur elle, la froisse et l’opprime et l’abîme en sa juste rigueur. »
B. POUR AIDER A LA PRATIQUE DE L'HEURE SAINTE.
Première partie : le mystère de la sainte Agonie.
Introduction
Nous proposons ici des points de réflexion qui peuvent aider à mieux pratiquer l'Heure Sainte. Ce ne sont que des énoncés, des espèces de schémas, et non pas des méditations toute faites qu'il faudrait s'astreindre à suivre scrupuleusement. Ils ont une valeur indicative, comme une sorte de canevas sur lequel l'âme de chacun reste libre de broder sa prière personnelle, comme une trame sur laquelle l'amour et la ferveur de chacun pourront développer une communion intime et tout à fait personnelle au mystère de la Sainte Agonie de Notre-Seigneur.
Chapitre I - Les faits.
a) Jésus vient d'instituer la Sainte Eucharistie et de donner la communion à ses apôtres (même à Judas, qui est ensuite parti pour accomplir sa trahison).
b) Après avoir récité les hymnes d'action de grâces, il part avec les onze vers le Mont des Oliviers.
c) Il les laisse à l'entrée du domaine de Gethsémani, sauf Pierre, Jacques et Jean qu'il fait entrer avec lui.
d) Le nom de Gethsémani signifie: "pressoir d'huile".
e) L'âme de Jésus est soumise à une pression terrible; elle est submergée par l'effroi et le chagrin.
f) "Mon âme est triste jusqu'à la mort! Demeurez ici et veillez avec moi."
g) Tombant à genoux, Jésus supplie son Père: "S'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi..." Il répète cette prière avec angoisse.
h) Revenant vers ses apôtres de prédilection, il les trouve assoupis: "Pourquoi dormez-vous? Veillez et priez afin de ne pas entrer en tentation! L'esprit est prompt, mais la chair est faible..."
i) Retournant à l'écart, sa prière se fait plus instante: "Toutes choses vous sont possibles, ô mon Père: éloignez de moi ce calice... Cependant que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse mais la vôtre!"
j) Il revient vers ses trois élus et les trouve encore endormis. Ceux-ci ne savent que lui répondre.
k) Il les laisse et reprend sa supplication douloureuse, prosterné contre terre.
l) Un ange lui apparaît pour le réconforter.
m) Une sueur de sang l'inonde, et les gouttes en tombent jusqu'à terre.
n) Enfin venant une troisième fois vers ses apôtres, il leur dit: "Voici l'heure où le Fils de l'homme est livré aux mains des pécheurs... Il est tout proche, celui qui me livre..."
Chapitre II - "Mon âme est triste jusqu'à la mort".
a) Ces paroles ne sont pas exagérées. Notre-Seigneur n'aurait pu sans mourir porter l'accablement dont son âme est inondée, s'il n'avait eu à ce moment un secours tout spécial de sa divinité.
b) La tristesse submerge non seulement sa sensibilité et son imagination mais elle a aussi envahi son intelligence et sa volonté.
c) Cette tristesse est faite de dégoût, de découragement, d'abattement, d'ennui profond, de chagrin, d'amertume, de crainte, d'épouvante et d'angoisse.
d) Cet accablement de l'âme est tel qu'il l'abat physiquement: Jésus tombe à terre, les forces lui manquent et il chancelle.
e) L'angoisse est si grande qu'elle lui fait suer le sang en abondance.
f) Cependant ce n'est que parce qu'il le veut que ces sentiments prennent de l'empire sur lui. Sa sainte âme reste, même alors, en possession de la vision béatifique; seulement il en retient les rayons et les joies, pour la livrer tout entière à la peine.
Chapitre III. Causes et fins de la sainte Agonie.
a) C'est par amour pour nous et pour notre salut que Jésus est à Gethsémani.
b) Jésus contemple le tableau terrible de la déchéance humaine: il voit la totalité des péchés des hommes de tous les temps, avec tous les détails de leur révolte contre l'ordre voulu par Dieu, avec toute la profondeur de leur malice qui s'oppose à l'amour divin...
c) Il ne voit pas "les péchés en général" comme une masse indistincte et informe, mais il connaît chacun avec précision, tel qu'il est en face de la redoutable sainteté et justice de Dieu.
d) Il voit aussi cette sainteté divine offensée, méprisée dans l'amour pourtant infiniment grand et infiniment délicat qu'elle a déployé pour chacun de nous.
e) La justice divine ne peut laisser toutes ces révoltes impunies : ce serait en effet un grand désordre, incompatible avec les perfections divines.
f) Jésus connaît aussi toute l'ampleur et tout le détail des châtiments réclamés par la divine justice.
g) Il sait que l'homme est dans l'impuissance absolue de payer sa dette, de se justifier.
h) Il s'est incarné, il est venu en ce monde pour cette oeuvre de justice.
i) Il prend sur lui tous les péchés du monde: véritablement il se substitue à l'ensemble et à chacun des pécheurs; il endosse la responsabilité et la malice de toutes nos fautes.
j) Il paraît vraiment aux yeux de son Père comme le "pécheur universel": "Lui qui n'avait pas connu le péché, il a été fait péché pour nous" (2 Cor. V, 21).
k) Il y a une incompatibilité absolue entre la sainteté et la perfection de Jésus et cette prise en charge, cette appropriation de toute la laideur de nos péchés.
l) Celui qui est la sainteté, l'innocence, la pureté, la rectitude, la vérité, l'humilité, la charité, est identifié au péché, à la souillure, à la dépravation, au blasphème, au mensonge, à l'orgueil, à l'avarice et au crime... Il y a en sa propre personne un épouvantable conflit entre toutes ces perfections qu'il est et toutes les dépravations qu'il assume.
m) Lui qui ne cesse pas d'aimer son Père et d'être aimé de lui, il accepte de paraître souillé devant lui et d'être dans la position de ceux qui sont coupés de l'amour divin.
n) Le Christ s'engage à payer la dette du péché dans sa totalité, et donc à porter toute la rigueur de la justice de son Père. Pécheur universel, il est aussi pénitent universel.
o) Comme il ne cesse pas d'être justice et vérité, il réclame contre lui-même le châtiment de l’offense faite à l’amour de son Père.
p) « Voici l’Agneau de Dieu qui porte et qui enlève le péché du monde »
q) Jésus satisfait pour tous et pour chacun; il obtient le pardon pour tous : pas un seul homme n'a été exclu de sa prière, des intentions de son sacrifice et de son amour.
r) Il a vu en son agonie tous ceux qui profiteraient des grâces de salut obtenues par son sacrifice, et cela l'a consolé, mais aussi toutes les âmes qui les refuseraient, et cela a ajouté à sa douleur.
Chapitre IV. Fruits de la sainte Agonie.
a) L'exemple de Notre-Seigneur nous montre par des faits terribles, comme l'est la sueur de sang, ce qu'est la laideur du péché.
b) Nous devons puiser ici la grâce d'avoir une véritable horreur du péché.
c) Nous demandons d'éprouver une contrition très grande de l'avoir commis.
d) La contrition parfaite est celle qui est inspirée par l'amour, qui a son origine dans la conscience d'avoir déplu à Celui qui est infiniment aimable.
e) La contrition n'est pas d'abord une réalité sensible: elle est une disposition de l'âme et non des sens. Elle doit être une détermination de la volonté.
f) Il nous faut aussi dorénavant rompre avec les habitudes qui conduisent au péché, fuir les occasions qui nous entraînent à le commettre et fortifier en nous le ferme propos de ne plus consentir aux tentations.
g) Un autre fruit de la contemplation de la sainte Agonie consiste à renouveler et à fortifier notre fidélité envers Notre-Seigneur.
h) Il ne peut y avoir de véritable fidélité sans amour sincère et profond.
i) La fidélité s'obtient par la prière : dans la prière on reçoit la force pour résister aux tentations "Veillez et priez...".
j) La prière doit être persévérante même si l'on éprouve de l'aridité et qu'on ne goûte pas de consolation sensible ou intellectuelle "L'esprit est ardent mais la chair est faible...".
k) Jésus nous donne l'exemple d'une prière qui est un véritable combat: l'absence de consolations sensibles rend la prière plus méritante et plus vraie, parce qu'elle est davantage dépouillée de satisfaction humaine.
l) La prière la plus pure est celle qui ne demande pas des choses pour soi-même mais qui réclame l'accomplissement de la volonté de Dieu, quoi qu'il puisse nous en coûter.
m) Notre-Seigneur nous montre aussi un sublime exemple de résignation dans l'épreuve.
n) Quels que soient les angoisses du cœur, les déchirements de l'âme ou les répulsions de la sensibilité, il faut se montrer, comme Jésus, plein de détermination et de générosité pour mettre la sainte volonté de Dieu au premier plan.
o) Ce n'est pas en nous-mêmes, mais dans le Cœur de Jésus que nous puiserons la contrition et le ferme propos, la force, la détermination et la générosité, le courage et la persévérance, l'esprit de prière et l'acquiescement à la volonté divine.
Appendice : Prière de confiance et d'abandon.
Cette prière est souvent présentée comme la prière du Père Charles de Foucauld. S'il est vrai que c'est lui qui en a rédigé les termes, il faut aussitôt apporter une précision: cet acte d'abandon à Dieu se trouve dans les méditations sur le Saint Évangile qu'il a écrites. Elle y figure non comme une prière dans laquelle il s'adresserait lui-même à Jésus, mais elle y est comme une sorte de commentaire, de développement et d'explicitation des sentiments du Christ Jésus envers son Père céleste au moment de la sainte Agonie. Cette prière exprime donc plus exactement les sentiments du divin Agonisant tels qu'il a été donné à un saint de les comprendre dans sa méditation :
« Mon Père, je m’abandonne à Vous, faites de moi ce qu’il Vous plaira. Quoique Vous fassiez de moi, je Vous remercie, je suis prêt à tout, j’accepte tout.
« Pourvu que Votre volonté se fasse en moi, en toutes vos créatures, je ne désire rien d’autre, mon Dieu !
« Je remets mon âme entre vos mains. Je Vous la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur. Parce que je Vous aime et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre Vos mains sans mesure, avec une infinie confiance, car Vous êtes mon Père. »