La Chine a déjà exécuté une dizaine d’étrangers pour trafic de drogue
La condamnation à mort lundi 14 janvier en Chine pour trafic de drogue d’un Canadien de 36 ans, au-delà du contentieux diplomatique qui oppose le Canada et la Chine depuis un mois, remet en lumière les nombreuses exécutions d’étrangers dans ce pays pour des crimes liés au trafic de drogue.
Une nouvelle condamnation à mort d’un étranger a été prononcée, lundi 14 janvier, en Chine, la première depuis 2017 et, au moins la dixième depuis l’exécution en 2009 d’un ressortissant britannique. Il s’agit de Robert Lloyd Schellenberg, 36 ans, condamné pour trafic de drogue par une cour de justice de la ville de Dalian, dans le nord du pays.
Lors d’un premier jugement en 2018, il s’était vu infliger une peine de 15 ans de prison. Il avait fait appel, clamant son innocence depuis son arrestation en 2014, mais cette démarche s’est retournée contre lui. Entretemps, les relations diplomatiques sino-canadiennes se sont profondément dégradées du fait de l’arrestation au Canada, sur demande américaine, de Meng Wanzhou, directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei.
Pour les ONG combattant la peine de mort dans le monde (Amnesty, ACAT, Human Rights Watch, Retrive…), la Chine est le pays qui exécute le plus au monde « même si les chiffres sont les secrets d’État les mieux gardés au monde ». Selon Andrew Purcell, de l’ONG Reprieve, association britannique d’aide juridique, « on ne les connaît pas car il est très difficile d’avoir des informations et des statistiques, en dépit de tous les efforts déployés ». Les statistiques qui concernent les condamnations et les exécutions d’étrangers, principalement dans les cas de trafic de drogue, sont encore plus difficiles à trouver.
« La peine de mort de Robert Schellenberg ne rend pas la justice, estime William Nee, chercheur pour la branche chinoise d’Amnesty international. On peut aussi se demander pourquoi cette condamnation intervient maintenant. »
La législation chinoise sur la drogue est impitoyable
De nombreux étrangers ont connu la prison pour des délits mineurs, d’autres (militants des droits de l’homme) ont été condamnés à des mois de prison. Mais les peines sont de plus en plus lourdes depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012. La législation chinoise se montre impitoyable en matière de trafic de drogue : « Quiconque est accusé de trafiquer, vendre, transporter ou produire plus d’un kilogramme d’opium ou 50 grammes de méthamphétamine ou d’héroïne, ou de grandes quantités d’autres drogues » peut être condamné à mort.
Au moins une dizaine d’étrangers ont été exécutés en Chine pour trafic de drogue
Parmi les affaires retentissantes d’étrangers condamnés à mort pour trafic de drogue, figure un Britannique de 52 ans, Akmal Shaikh, exécuté en 2009, en dépit des démarches de Londres mettant en avant la fragilité mentale de l’accusé. En avril 2010, un Français, Chan Thao Phoumy, né au Laos, a également été condamné à la peine capitale mais il attend toujours dans le couloir de la mort dans une prison chinoise.
La même année, quatre trafiquants japonais ont été exécutés. En 2013, un trafiquant philippin connaît le même sort en dépit des requêtes de Manille pour l’épargner. En 2014, deux Sud-Coréens, ont été exécutés pour avoir fait passer en contrebande près de 14 kg de méthamphétamine venus de Corée du Nord, afin de les revendre en Chine à la mafia sud-coréenne. Voilà pour les cas « connus », de nombreux pays refusant de communiquer sur ce sujet.
En 2015, les médias officiels chinois avaient rapporté qu’une douzaine d’étrangers avaient été condamnés à mort, sans préciser lesquels avaient été exécutés. La majorité d’entre eux venaient du Japon, de Corée du Sud et d’Asie du Sud-Est. La dernière exécution remonte à 2017 : Ismael Arciniegas, Colombien de 74 ans, premier Latino-Américain, arrêté en 2010 pour trafic de cocaïne, est mort par injection létale.
Dorian Malovic
https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/Chine-deja-execute-dizaine-detrangers-trafic-drogue-2019-01-16-1200995727