Faillite de Thomas Cook : 4 questions pour comprendre la situation des touristes
Alors que le voyagiste britannique a fait faillite, 600 000 touristes se retrouvent à l’étranger tandis que d’autres clients ont acheté en avance des voyages à la compagnie. Que va-t-il se passer ?
Par Diane Regny Publié aujourd’hui à 06h14, mis à jour à 07h17
« C’était une surprise pour les enfants. On a payé plus de 15 000 € », confie au Monde Charles Cousineau, inquiet. Ce père de famille, qui devait partir avec quinze autres personnes en Egypte la première semaine des vacances de la Toussaint, « croise les doigts pour être remboursé ».
Comme lui, l’ensemble des clients de Thomas Cook sont affectés par la faillite de l’opérateur de tourisme britannique, annoncée dans la nuit du dimanche 22 au lundi 23 septembre. Le plus vieux voyagiste du monde a échoué à trouver les fonds nécessaires à sa survie, faisant craindre le pire pour les 22 000 employés du pionnier des voyages groupés. Mais ce dépôt de bilan pose aussi un problème de taille pour les quelque 600 000 touristes actuellement à l’étranger, et pour ceux qui avaient payé à l’avance un voyage avec Thomas Cook.
Qui est concerné ?
Toutes les personnes qui ont acheté un séjour tout compris ou un vol à Thomas Cook sont touchées par cette faillite. La priorité est de trouver une solution pour celles qui sont actuellement en voyage par le biais de la compagnie britannique, dont le vol retour a été annulé et qui ne savent plus comment rentrer. Parmi elles, 150 000 Britanniques, 140 000 Allemands et 9 842 Français sont à l’étranger.
Pour le moment, le nombre de clients ayant acheté ou payé un acompte pour un séjour ou un vol futurs n’est pas connu.
Est-ce que je pourrai être remboursé ?
Les voyageurs de l’Union européenne sont protégés par la directive du 11 décembre 2015. Elle prévoit un remboursement intégral pour tous les voyageurs ayant acheté au moins un transport et une solution d’hébergement. Cela comprend aussi les frais engendrés par les retards ou les annulations comme une nuit supplémentaire à l’hôtel si la personne concernée a gardé un justificatif.
En revanche, les clients qui n’ont acheté que des billets d’avion à Thomas Cook ne sont pas couverts par la directive de l’Union européenne. Ils devront donc se tourner vers leur assurance voyage, s’ils en ont souscrit une, ou vers leur fournisseur de carte de crédit qui peut, parfois, couvrir ce type d’aléas. Aussi ironique que cela puisse paraître, les 150 000 touristes britanniques actuellement en voyage peuvent bénéficier du fonds ATOL (Air Travel Trust Fund) créé au Royaume-Uni suite à cette directive, et ce malgré le Brexit à venir. Ce fonds de protection est financé par une commission de 2,50 livres (près de 3 euros) prélevée sur chaque voyage et avait déjà été utilisé lors de la faillite de la compagnie aérienne britannique Monarch, il y a deux ans.
En France, c’est l’Association professionnelle de solidarité du tourisme (APST) qui doit prendre le relais. Il s’agit du fonds de garantie financière des agences de voyages membres et Thomas Cook en fait partie. Les ressortissants français doivent attendre que l’APST les contacte et ils devront peut-être avancer leurs frais de retour.
Est-ce que je vais être rapatrié ?
Pour le moment, seuls les ressortissants britanniques doivent être rapatriés via quarante avions mis à disposition par l’Autorité de l’aviation civile (Civil Aviation Authority, CAA), qui prévoit 1 000 vols. Pour la plus vaste opération de rapatriement en temps de paix du pays, le gouvernement britannique a activé un plan d’urgence baptisé « opération Matterhorn » en référence à la seconde guerre mondiale. Downing Street a aussi annoncé que tous les voyageurs qui doivent rentrer au pays le seront à la charge du gouvernement (qu’ils bénéficient de l’ATOL ou non et sans considération de leur nationalité) sauf ceux dont le voyage de retour est prévu après le 6 octobre et qui devront rentrer « par leurs propres moyens ». Une opération qui devrait coûter environ 100 millions de livres à nos voisins d’Outre-Manche.
Les autres pays de l’Union européenne n’ont pas encore fait d’annonce de rapatriement. Les Français qui « rencontreraient des difficultés pour la poursuite de leur séjour ou leur retour vers le territoire français » sont invités par le ministère de la transition écologique et solidaire à contacter le numéro d’urgence de Thomas Cook France au 01-41-05-40-81.
Mon voyage sera-t-il forcément annulé ?
L’Association professionnelle de solidarité du tourisme (APST) ne sait pas encore combien pourront bénéficier de l’aide du fonds de garantie. Mais « avec l’appui de l’ensemble des professionnels du secteur, si on peut maintenir les voyages, on le fera. Sinon, les clients obtiendront un remboursement », a déclaré la porte-parole du fonds, Marie-Christine Nestora. Pour l’instant, l’APST ne peut rien faire. « Tant qu’on n’a pas la déclaration de cessation de paiement de Thomas Cook, on ne peut pas bouger », a également indiqué Mme Nestora.
Les fonds de garantie s’enclenchent, en effet, lorsque la société est incapable de payer. Or la mise en faillite de Thomas Cook n’est pas synonyme d’insolvabilité. L’APST doit donc attendre que la cessation de paiement soit prononcée pour agir. Ce qui devrait prendre quelques jours.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/24/faillite-de-thomas-cook-4-questions-pour-comprendre-la-situation-des-touristes_6012782_3234.html?xtor=EPR-32280629-[a-la-une]-20190924-[zone_edito_1_titre_1]