Élections au Canada: le moment de vérité pour Justin Trudeau
Élections fédérales au Canada ce lundi. Les électeurs sont appelés à renouveler les 338 sièges de la chambre des Communes. Le chef du parti obtenant la majorité absolue, -170 sièges-, pourra former un gouvernement ; mais à en croire les derniers sondages, aucune des formations politiques en lice n’est en mesure d’accomplir pareil exploit.
Entretien réalisé par Manuella Affejee- Cité du Vatican
Ni le Parti libéral (PLC) et ni le Parti conservateur (PCC), qui dominent tous deux le paysage politique canadien et s’alternent au pouvoir depuis 1867, ne devraient obtenir la majorité absolue. Les experts et commentateurs tablent donc sur un gouvernement minoritaire. En théorie, la formation ayant glané le plus de voix se verra chargée de former un cabinet ; mais en pratique, le Premier ministre sortant, Justin Trudeau en l’occurrence, reste en poste jusqu’à ce qu’il démissionne officiellement ou qu’il soit destitué par le gouverneur général. C’est en tout cas ce que prévoit la Constitution canadienne. Donc, même si Trudeau obtient moins de sièges que les conservateurs, il peut choisir de rester au pouvoir en s’appuyant sur les petits partis, -notamment le NPD (Nouveau Parti démocratique, classé à gauche) et le Bloc québécois (parti indépendantiste) qui enregistrent une réelle progression dans les sondages-, et demander un vote de confiance au Parlement. En réalité, un tel gouvernement n’offrirait que peu de gages d’efficacité et de pérennité. Aussi, les deux principaux candidats ont-ils chacun de leur côté exhorté les électeurs à leur confier la majorité absolue pour éviter un tel cas de figure.
Trudeau en position de faiblesse
Côté libéraux, le fringant Justin Trudeau, chantre du multiculturalisme et de la modernité, et actuel Premier ministre, brigue un second mandat. Marié et père de 3 enfants, personnalité charismatique, son accession au pouvoir en 2015 avait suscité un certain engouement au sein de son pays et même au-delà, mais force est de constater qu’il affiche un bilan assez mitigé : l’on retiendra surtout la légalisation du cannabis et la signature d’une version modernisée de l’ALENA (accord de libre-échange nord-américain). Plusieurs affaires ont en outre terni sa popularité : les soupçons de conflits d’intérêts avec l’entreprise québécoise SNC- Lavalin, l’extension de l’oléoduc controversé Trans Moutain et le scandale plus mineur des «blackfaces». Il part donc en position de faiblesse, comme le constate Daniel Béland, politologue et directeur de l'Institut d'études canadiennes à l’Université McGill à Montréal.
Entretien avec le politologue Daniel Béland
Le conservateur Andrew Scheer, antithèse de Trudeau
Côté conservateurs, c’est Andrew Scheer qui est le principal rival de Trudeau, dont il se distingue tant sur le fond que sur la forme. Marié et père de 5 enfants, catholique pratiquant, Scheer est de nature plutôt réservée ; il ne fait pas mystère de son opposition à l’avortement et au mariage homosexuel, mais promet que «rien ce changera» sur ces questions s’il était élu. Son point faible : un programme écologique très minimal qui l’empêche d’élargir sa base électorale. Sur le plan économique, il s’engage à ramener son pays à l’équilibre budgétaire en 5 ans et promet de «remettre plus d’argent dans les poches des Canadiens».
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