Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7549 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Brexit : ceux qui rient, ceux qui pleurent Sam 1 Fév - 19:10 | |
| Brexit : ceux qui rient, ceux qui pleurentCombat politique et parfois déchirement intime, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a bouleversé ou rassuré les Britanniques. Témoignages.
- Propos recueillis par Tristan de Bourbon (à Londres), Nathalie Lacube, Delphine Nerbollier, Michaëlle Petit, Agnès Rotivel, Céline Schoen (à Bruxelles),
- le 31/01/2020 à 13:59
Lors d’une manifestation anti-Brexit, le 30 octobre 2019 à Londres. [size=12]Justin Ng/PHOTOSHOT/MAXPPP [/size] Cristina Johnston : « Je n’arrive toujours pas à y croire »Professeure de français à l’université de Stirling« J’ai suivi le vote, les résultats, les débats – tout, sans vouloir croire que la Grande-Bretagne va vraiment quitter l’Union européenne (UE) vendredi 31 janvier. Personnellement, je ressens une immense tristesse, du gâchis pur et simple. Sur le plan professionnel, je me demande quel sera l’impact sur les études des langues et des cultures.
Et puis il y a aussi le côté «écossais» – certes, en Angleterre, ils ont voté à 52 % pour quitter l’UE, mais pas en Écosse. Et pourtant, nous aussi, vendredi à 23 heures, on quittera l’Europe. Je me pose des questions sur ce qui va se passer par la suite – y aura-t-il un deuxième référendum sur l’indépendance écossaise ? Une Écosse indépendante resterait-elle aussi pro-européenne que l’Écosse semble l’être actuellement ? Au bout de presque quatre ans de débats et de divisions, c’est dur de ne pas savoir ce qui va arriver, sans aussi en avoir peur. » Iain Macnab : « Je dois quitter mes fonctions de maire »Écossais, maire de Brunsmark (Allemagne)« À partir du 1 er février, je ne peux plus occuper ma fonction de maire car je suis uniquement citoyen britannique. C’est très dommage après douze années de mandat, mais j’ai eu un an pour me préparer, avec les deux reports du Brexit. Mon successeur a été maire adjoint, la commune est entre de bonnes mains et tous les habitants m’ont beaucoup soutenu dans ce processus. J’aurais pu rester maire si j’avais demandé la nationalité allemande, mais je ne le veux pas. J’ai 70 ans et je trouverais bizarre de devenir allemand maintenant. En plus, je suis travailleur indépendant, j’ai une entreprise d’informatique. Je paie des cotisations sociales élevées en Allemagne. Je pourrais, si je le veux, rentrer en Écosse, y vivre quelques mois par an et bénéficier de la sécurité sociale sur place. Je me laisse cette possibilité. Je vais toutefois rester en Allemagne, car c’est là que sont ma femme et mes enfants. » Sting : « Je préférerais que nos élus se consacrent au climat » Musicien« J’ai voté pour rester dans l’Union européenne et il me semble que nous, Britanniques, avons oublié pourquoi elle a été créée. C’était pour arrêter les guerres et nous y sommes parvenus. Après les ravages de la Seconde Guerre mondiale, si nous avons maintenu la paix entre nous par le commerce et l’Union, c’est l’essentiel, je pense. C’est pourquoi je préférerais que nos politiques, plutôt que de se quereller des années et des années sur l’Europe, se consacrent à des sujets plus importants, primordiaux, la préservation des forêts tropicales et le climat. Je suis un musicien international, et j’aime travailler dans toute l’Europe : la chanson Roxanne, je l’ai écrite à Paris. Ma femme, Trudie, vit en Italie, en Toscane. Alors quoi, si on pousse au bout la logique de la séparation, il me faudrait un visa pour venir à Paris, un visa pour aller voir ma femme en Italie ? Ce serait un vrai cauchemar. » Kerri Woods : « Le Brexit rend l’avenir de mes enfants plus petit » Écossaise, professeure de philosophie politique à Leeds« J’ai dû expliquer cette semaine le Brexit à mes enfants – des jumelles de 6 ans. Je leur ai dit que l’Europe, c’est comme une famille, et que la Grande-Bretagne a décidé qu’elle ne veut plus en faire partie. On restera voisins, mais on ne fera plus partie de la famille. Elles étaient tristes, et m’ont demandé si ça voulait dire qu’elles ne pourraient plus voir leur tante en Allemagne. J’ai essayé de les rassurer et de leur dire que tout serait toujours pareil, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Pour moi, c’est comme si on tournait le dos à des relations de commerce, de recherche, de sécurité, de culture et d’amitié. On aura des passeports bleus qui ne nous permettent plus automatiquement d’aller vivre, travailler, aimer dans les 27 pays membres. On aura dit aux amis de mes enfants qui sont polonais, hongrois, français qu’ils ne sont plus tout à fait comme nous. Le Brexit rend l’avenir de mes enfants plus petit et plus pauvre. » Claire Fox : « Enfin, la volonté du peuple est respectée »Eurodéputée, membre du Brexit Party« Je suis si heureuse que le Royaume-Uni sorte de l’UE ! Et soulagée. Enfin, la volonté du peuple est respectée. Les différents délais dans la mise en œuvre du Brexit ont été démoralisants et m’ont pris beaucoup d’énergie. Toutefois, je ne suis pas naïve : je sais que tout ne sera pas réglé après le 31 janvier. La période de transition et les négociations s’annoncent difficiles, d’autant que les négociateurs du côté de l’UE nous traitent comme si l’on avait perdu une guerre. Je suis une fière Européenne, mais c’est l’UE que je n’aime pas. J’espère qu’à l’avenir le Royaume-Uni nouera des relations ambitieuses et créatives avec les États membres, individuellement. Mais avec l’UE en tant qu’institution, j’y crois beaucoup moins car elle a cette tendance à se comporter comme un tyran. Pour ma part, je ne compte pas revenir à Bruxelles, à part pour rendre visite à des amis, manger des frites ou boire des bières. » Béatrice Grant : « Je suis optimiste sur l’avenir » Étudiante« C’est un grand moment pour la démocratie britannique, désormais éloignée des interférences des bureaucrates non élus de Bruxelles, et un nouveau début pour le pays. Ce 31 janvier, j’irai célébrer cela avec ma sœur, ma mère et mon père devant Westminster, notamment pour écouter le discours de Nigel Farage. C’est grâce à lui que je me suis intéressée à la politique, après être allée à un de ses meetings il y a deux ans. Je suis très optimiste sur l’avenir de notre pays, même si je sais qu’il sera compliqué de démêler nos liens avec l’UE. J’espère que le premier ministre Boris Johnson parviendra à bien négocier tout cela. Il connaît en tout cas la volonté des Britanniques : nous voulons être indépendants en matière de justice, avoir notre propre politique commerciale. » Danny Scott : « L’Europe est un empire en train de s’écrouler »Élu au conseil local de Blackpool (Angleterre)« Je suis soulagé que le Brexit soit enfin une réalité. J’ai toujours pensé que le Royaume-Uni payait beaucoup trop en tant que membre de l’Union européenne pour ce qu’il en retirait. Et Bruxelles comptait beaucoup trop sur nous. Déjà en 1973, je trouvais que c’était une mauvaise idée d’entrer dans la communauté européenne (CEE). Mon opinion a été confortée au fur et à mesure que l’on y a fait entrer d’autres pays qui n’étaient pas au même niveau. L’Europe est un empire en train de s’écrouler. Notre démocratie britannique avec ses hésitations m’a déçu. Lors du référendum de 2016, les Britanniques ont dit clairement qu’ils voulaient quitter l’Europe, on n’aurait pas dû attendre trois ans pour cela. Heureusement, Boris Johnson va changer les choses et remettre le pays sur pied. On ne reviendra pas au sein de l’Europe mais quand les tensions se seront calmées, on recommencera à faire des affaires avec nos voisins, comme avant. » Alexandra Swann : « Célébrer notre liberté retrouvée » Responsable communication« Ce vendredi 31 janvier, je dînerai avec mon compagnon et des amis dans un restaurant belge pour célébrer notre liberté retrouvée. Deux amis venus de Hong Kong et de San Francisco spécialement pour vivre ce moment historique nous rejoindront ! Le Brexit est l’occasion de nous éloigner de cette union politique toujours plus rapprochée voulue par les autres pays européens. C’est quand même un peu effrayant et cela risque d’être pénible à court terme. Nous devons garder des liens forts avec l’Europe. Je fais confiance à Boris Johnson pour qu’il obtienne un bon accord commercial avec Bruxelles. D’un côté, quitter l’UE mais être toujours soumis à ses règles sans avoir notre mot à dire ne rimerait à rien. De l’autre, il ne faut pas nous voir imposer l’importation de poulet chloré par les États-Unis en échange d’un accord commercial avec eux. »https://www.la-croix.com/Monde/Europe/Brexit-ceux-rient-ceux-pleurent-2020-01-31-1201075514? |
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