Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7545 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: A Cayenne, des réfugiés syriens dorment dans la rue Jeu 06 Fév 2020, 8:17 am | |
| A Cayenne, des réfugiés syriens dorment dans la rueDe plus en plus d’exilés du Moyen-Orient, notamment des Syriens, rejoignent la Guyane dans l’espoir d’obtenir un statut de réfugié en France. Beaucoup dorment dans les rues de Cayenne, une situation symptomatique du manque d’hébergements, que dénoncent trois associations devant le tribunal administratif.
- Nathalie Birchem,
- le 07/02/2020 à 06:00
- Modifié le 07/02/2020 à 07:00
Pour des dizaines de demandeurs d’asile syriens, des abris rudimentaires dans un décor de carte postale. [size=12]Nicolas Danicourt [/size] Cayenne (Guyane) De notre envoyée spéciale
C’est un décor de carte postale. Avec son large panorama qui donne sur le front de mer, son kiosque en bois rouge et blanc et ses grands-pères guyanais qui jouent aux boules, la place des Amandiers est sans doute l’un des paysages les plus emblématiques de Cayenne. C’est là, sur la butte herbue où s’élèvent les arbres qui ont donné leur nom à l’endroit, qu’une soixantaine de Syriens dorment dans des tentes depuis janvier.Quatre bouts de bois croisés recouverts de deux bâches en plastique bleu piquées dans la pelouse par des sardines et, au sol, une palette ou un sommier de carton pour se protéger des insectes… Les abris sont plus que rudimentaires. Un peu plus loin sur le front de mer, quelques dizaines de Palestiniens ont aussi planté des tentes derrière la préfecture.Que font là, à des milliers de kilomètres de leur pays, ces exilés du Moyen-Orient ? Ibrahim travaillait dans une plantation de pommes àHoms, en Syrie. Il a fui la guerre en 2014. Khadija, son mari et ses quatre filles, ont quitté Idlib en 2013 après que son mari a été arrêté et torturé par la police. Tous deux ont transité plusieurs années par les camps de réfugiés du Liban. Mais quand le ministère du travail libanais a lancé une offensive sur le travail illégal en 2019, de nombreux réfugiés syriens ou palestiniens ont pris la décision de partir. Pour aller où, alors que l’Europe semble devenue une forteresse imprenable ?« On a cherché sur Internet où on pouvait aller et on a vu que l’on pouvait venir en Europe par la Guyane, car le Brésil donne des visas », raconte Khadija. Arrivée par avion à Sao Paulo, la famille gagne le nord du Brésil et passe le fleuve Oyapock, frontière passoire entre les deux pays, avant de venir demander l’asile à Cayenne, dans l’espoir d’obtenir un statut de réfugié. La situation géopolitique de leur pays qui justifie, dans le cas des Syriens, un taux de protection qui dépasse les 90 %, leur donne de bonnes raisons d’y croire. Un certain nombre envisage ensuite de rallier la métropole.Comme eux, ils sont de plus en plus nombreux à tenter cet improbable parcours migratoire. Selon le préfet de Guyane, Marc Del Grande, « vers 2016, on était à 60 demandes d’asile syriennes, puis nous avons connu une accélération en 2019 avec plus de 250 demandes et encore une nouvelle accélération avec 160 nouvelles demandes en janvier 2020. »Or, en Guyane, ces futurs réfugiés touchent une allocation de demandeur d’asile plus réduite qu’en métropole et se heurtent surtout à la situation catastrophique de l’hébergement. « Alors que l’État est tenu de proposer un hébergement à tout demandeur d’asile durant l’instruction de son dossier, en Guyane, moins de 10 % sont hébergés, contre 40 % en métropole », estime Lucie Curet, responsable rétention à la Cimade Guyane.Certes, la préfecture met en avant l’augmentation, en cours, de 150 à 220 places d’hébergement d’urgence destinées aux demandeurs d’asile, auxquelles s’ajoutent près de 280 places réquisitionnées en hôtel. Plus, promet-elle, une soixantaine de places modulaires en construction. Mais cela laissera encore beaucoup de gens dans la rue, sachant qu’en 2019, près de 2 800 nouvelles personnes ont demandé l’asile. De plus, si la situation des Syriens de la place des Amandiers suscite la solidarité d’un certain nombre de citoyens guyanais, ce n’est guère le cas d’autres nationalités, notamment des Haïtiens, majoritaires parmi les demandeurs d’asile en Guyane, qui se trouvent réduits à chercher refuge dans les très nombreux bidonvilles de Cayenne et alentour.C’est pourquoi trois associations (la Cimade, Médecins du monde et la Ligue des droits de l’homme) ont saisi en référé, lundi 3 février, le tribunal administratif pour enjoindre à l’État d’améliorer la prise en charge des demandeurs d’asile. Sans attendre le jugement, qui n’avait pas été rendu à l’heure où nous bouclions cette édition, la préfecture a annoncé qu’elle mettrait à disposition un hébergement de nuit, dans un gymnase, pour une cinquantaine de personnes vulnérables. « C’est très insuffisant, réagit Matthias Géraud, président de la Cimade Guyane. Nous voulons améliorer les choses pour les Syriens, mais nous voulons aussi que la situation change pour tous les demandeurs d’asile, qui, faute d’hébergement, sont obligés de vivre dans des squats. »
https://www.la-croix.com/JournalV2/A-Cayenne-refugies-syriens-dorment-rue-2020-02-07-1101076799? |
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